- Français de l'étranger
«Les vuvuzelas donnent la migraine»
Derek Decamps s'imagine bien consultant d'un média français pendant le Mondial. Son meilleur atout : il vient de jouer une saison à l'Ajax Cape Town. Et puis, il est le seul Français du championnat local. Mieux vaut s'habituer tout de suite à entendre ce grand voyageur de 24 ans passé par la Grèce et l'Espagne à causer de la nation arc-en-ciel.
Tu sais que neuf types armés ont attaqué un journaliste brésilien dans le centre de Johannesburg lundi ?
En France aussi, il faut éviter de se balader n’importe où. Au Cap, je n’ai vraiment eu aucun problème, ma femme non plus alors qu’elle sort régulièrement. Ici, tu peux te balader en ville sans risque. J’invite les Français à venir au Cap, il ne leur arrivera rien. Les Sud-Africains sont conscients qu’il reste beaucoup de progrès à faire pour la sécurité mais quand même, les gens sont choqués qu’on en parle autant. En fait, ce sont les Européens qui se focalisent sur ces questions-là.
Les Sud-Africains sont trop occupés à prier pour le salut des Bafana Bafana ?
Les gens sont optimistes mais personne ne s’attend à des miracles. L’équipe va un peu mieux depuis le changement d’entraîneur mais les récents matches amicaux contre de petites équipes lors du stage au Brésil n’ont pas montré grand-chose. Les Sud-Africains espèrent surtout que les joueurs donneront le maximum et puis le soutien du public peut être une arme fatale, on l’a déjà vu lors des Coupes du monde précédentes.
Rappeler le vieil attaquant Nomvethe, ça semble quand même bien loufoque.
Bon, il n’a que trente-deux ans et son expérience peut être bien utile à l’équipe. Surtout que la composition évolue sans arrêt. Quand je suis arrivé au Cap, il y avait cinq ou six joueurs de l’Ajax dans le groupe sud-africain. Moins d’un an plus tard lors du stage en Allemagne, il n’en restait qu’un, le milieu de terrain Lance Davis.
Ils vont se préparer pendant deux mois entiers. Ça peut vraiment les métamorphoser ?
En tout cas, la Fédé sud-africaine a tout fait pour. Le championnat vient de se terminer, il ne reste que la Coupe. On joue dimanche mais je n’en serai pas vu que je viens de subir une opération au genou.
Le staff de l’Equipe de France t’a contacté pour avoir des infos sur les Bafana Bafana ?
Pas du tout. J’aurais pu les aider parce que plusieurs joueurs évoluent dans le championnat sud-africain et j’ai joué contre eux cette saison, Tshabalala par exemple. D’un autre côté, il y a une grosse différence entre les clubs et l’équipe nationale. Et les Bafana Bafana, ben je ne les ai pas vus jouer une fois depuis que je vis ici.
Est-ce que la presse sud-africaine évoque les états d’âme de Malouda et Anelka ?
Je n’ai pas l’impression, ils s’en moquent complètement. Le seul évènement lié à l’Equipe de France dont la presse locale parle régulièrement, c’est encore la main de Thierry Henry. Depuis, RAS.
Les Français seront logés au bord de la mer avant de jouer en altitude. T’as souffert du décalage pendant le championnat ?
La première fois, ça m’a fait bizarre. J’ai eu du mal à m’adapter au changement. Je manquais de souffle dès les premières minutes. En championnat, on voyageait la veille des rencontres mais il faut bien quarante-huit heures pour s’adapter à l’altitude. A mon avis, les Français auraient intérêt à quitter Le Cap deux ou trois joueurs avant leurs matches en hauteur sinon ils risquent de souffrir. Mais ça ira mieux au fur et à mesure des matches.
Beaucoup de médias t’appellent. Quelles sont les questions récurrentes ?
En fait, ce sont toujours les mêmes thèmes qui reviennent : l’insécurité, l’adaptation quotidienne, le mode de vie et le niveau du championnat local. Ah si, on me pose souvent des questions sur les fameuses vuvuzelas.
Et alors ?
Faut reconnaître que ça pose des problèmes de communication, on s’entend moins bien dans les tribunes quand les spectateurs en utilisent. Maintenant, quand tu es concentré sur ton match, tu arrives à faire abstraction. Le plus gênant, c’est encore pour le public car le bruit est permanent. Le son n’est pas joli. La première fois que ma femme est venue eu stade, elle est ressortie avec la migraine. Je conseille aux supporters français de ne pas oublier l’aspirine.
Comment tu résumerais ton année au Cap en quelques mots ?
Je suis content de m’être bien adapté mais j’ai eu bon pressentiment la première fois que j’ai posé le pied dans ce pays. Je garderai de bons souvenirs, c’est un pays sympa, il y a beaucoup de sites à visiter. D’ailleurs, je serai toujours ici la saison prochaine car mon contrat continue et j’ai envie de stabilité pendant deux ou trois ans. Au niveau sportif, le club a fini 7e du championnat, c’est décevant vu qu’on était 2e à mi-saison.
Tu espères rejoindre l’Ajax, le vrai, un jour ?
C’est un peu tôt mais la possibilité existe puisque les deux clubs ont passé des accords. Il y a des passerelles. D’ailleurs, un des mes coéquipiers vient de passer quelque temps à Amsterdam donc l’espoir est permis.
Par