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Les vraies questions existentielles du football – épisode 5

Par Charles Alf Lafon et Raphael Gaftarnik
5 minutes
Les vraies questions existentielles du football – épisode 5

Les questions les plus bêtes sont parfois, souvent, les meilleures. Sofoot.com a décidé, tous les jeudis, de répondre à trois interrogations fondamentales de tout amoureux de la balle ronde et même des néophytes. Pas de discrimination, surtout pas en ce moment.


Faut-il être un Jedi pour maîtriser la passe laser ?

Ils ne sont qu’une élite. Une poignée d’élus gravitant autour de la galaxie du football et dotés de capacités hors norme. Vision périphérique, exécution limpide, appréciation parfaite du champ de bataille : l’attirail du passeur laser est unique. Et là où d’autres gribouillent quelques dribbles avant de dégainer, lui se fait précis. Ismaël Ayad, qui enseigne les techniques du sabre laser à l’académie des Jedis auvergnats tranche les tentatives d’esbroufe : « Ce que l’on peut voir dans les films, c’est tout sauf martial. Un sabre laser, y a pas besoin de faire des milliards de moulinets pour tuer une personne. Une simple perforation et c’est réglé. » . Mais l’art froid de la passe aussi rapide qu’assassine requiert du temps. De l’entraînement, Iniesta et consorts ont ainsi eu besoin : « Un padawan commence à avoir de très bonnes bases à partir d’un an. Il commence à avoir ses enchaînements à lui, ses coups préférés. Certains vous diront que c’est la génétique qui fonctionne, d’autres que tout s’apprend. Je fais partie de la seconde catégorie. À force de travail, on dépasse ceux qui ont des prédispositions naturelles. » Dès lors, un simple habitant de la planète dénué de toute formation à l’art laser ne saurait se fendre d’un geste aussi technique. Car au-delà de la manipulation, la passe laser est également une affaire de conscience comme le précise Ayad : « Il est possible de la travailler avec un état d’esprit Jedi ou Sith. Chez le Jedi, c’est une affaire de concentration, d’anticipation, c’est être capable de se focaliser sur le futur, mais pas au détriment de l’instant présent. Le Sith va choisir une voie qui est plus basée sur l’introspection personnelle, à savoir l’extériorisation de sa rage, de ses sentiments bruts de décoffrage. Donc il va chercher à forcer le jeu, en donnant l’impulsion nécessaire à la balle pour passer en force dans un segment de jeu. Il y a un côté plus personnel chez le Sith, plus collectif chez le Jedi. » Ouverture au monde d’un côté, satisfaction égoïste de l’autre côté : la passe laser se pourrait donc autant être l’apanage d’Obi Wan Kenobi que de Darth Sidious. Une dualité que l’enseignant Ayad sabre en une phrase : « La finalité de tout ça, c’est que pour une bonne passe laser, il faut être sensible à la force. » . Qu’elle soit avec vous.



Le cannabis permet-il vraiment d’élargir l’angle de vision des gardiens ?

C’est l’argument apparemment mis en avant par Bernard Lama suite à son contrôle positif en février 1997. À l’époque, il écope de cinq mois de suspension (dont deux fermes), mais parvient grâce aux différents appels à terminer la saison avec le PSG, ce qui ne l’empêche pas de rater le tournoi de France durant l’été, laissant Fabien Barthez s’installer dans les bois des Bleus. Sauf que l’année précédente, le Divin chauve s’était lui aussi fait pincer, avec quatre mois de suspension, dont deux fermes à la clef. Preuve qu’une carrière ne peut pas vraiment partir en fumée. Pourtant, même si d’autres se sont fait prendre, l’herbe reste une drogue de gardien. Thèse avancée : le cannabis agirait sur la pupille et permettrait de préciser la vision, tout en donnant l’impression d’être dans une bulle, insensible à la pression du public. Thèse réfutée par la Prévention routière, pour qui « le cannabis altère la vision, l’audition et les capacités de coordination. Le temps de réaction s’allonge, la capacité de contrôle d’une trajectoire s’amoindrit et la réponse en situation d’urgence se détériore » . Ce qui expliquerait beaucoup de choses quant à la carrière d’Apoula Edel. Sylvain Dally, professeur de toxicologie et de médecine légale, décrit les effets du cannabis : « Essentiellement, un effet de déconnexion. On se sent cool, bien, détendu. Mais si vous vous retrouvez à faire une tâche de sécurité, là ça devient dangereux » . Ce qui expliquerait beaucoup de choses quant à la carrière de Stéphane Ruffier. Malheureusement, la science ne peut encore accorder de véritable réponse. « Contrairement à la déficience de la mémoire, les troubles de la vue associés à la consommation de cannabis sont encore mal connus » confie le médecin Vincent Laprévote. C’est pourquoi ce dernier a lancé avec d’autres chercheurs une étude sur la relation entre la consommation de cannabis et l’acuité visuelle l’an dernier, mais les résultats se font attendre. Reste alors cette déclaration de Yannick Noah au journal L’Équipe en 1996 : « Je n’ai jamais fumé pour mieux voir la balle, de même que les footballeurs n’ont jamais fumé pour arrêter plus de ballons, merde, c’est simple à comprendre » . Et cette certitude, c’est qu’immanquablement, les gardiens se trouent avec une boulette. Et que Bernard Lama jouait en jogging. Tout sauf une coïncidence.



Quand un entraîneur parle d’une « bonne série » , de quelle série parle-t-il ?

Tout dépend du type d’entraîneur. Évidemment, Pascal Dupraz privilégiera une intrigue bien complotiste comme Homeland. The Wire devrait aussi le séduire par son côté magouilles et compagnie, Stringer Bell rpz, sans renier ce petit côté ascension sociale, seul contre tous. Laurent Blanc, lui, plutôt bien parti dans la vie, ne coupera pas à Lost, surtout la fin en eau de boudin, même s’il préférerait une clôture à la va-vite, mais finalement téléphonée, à la How I met your mother, la Ligue 1 n’étant jamais que Robin, et la mère Lyon va mourir ce soir. Hervé Renard, qui se sent chez lui n’importe où, citoyen du monde avec peu de moyens, mais libre au moins, recommandera évidemment Californication. Alors que Marcelo Bielsa, logiquement, ne peut que conseiller The Big Bang Theory, Sheldon Cooper étant basé sur lui, les laugh tracks en moins, la glacière en plus. Malheureusement, Francis L’amour est dans le pré Gillot n’est plus dans le game, et Fred Antonetti s’est déjà recyclé dans Top Chef, mais ne confondons pas série et télé-réalité scriptée. Dans tous les cas, ne surtout pas négliger le confort du séant, la quantité de nourriture à disposition, et ne pas oublier un moyen de contourner cette stupide limitation à 52 minutes. Pop-corn donc.

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Par Charles Alf Lafon et Raphael Gaftarnik

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