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Les vraies questions existentielles du football – épisode 4
Les questions les plus bêtes sont parfois, souvent, les meilleures. Sofoot.com a décidé, tous les jeudis, de répondre à trois interrogations fondamentales de tout amoureux de la balle ronde et même des néophytes. Pas de discrimination, surtout pas en ce moment.
Comment bien faire l’amour à son adversaire ?
Ne demandez pas à Marc Lavoine : il ne sait plus. Pourtant dans le cœur des hommes qui caressent la balle ronde subsiste cette envie, parfois irrépressible, d’asséner un bon coup de rein. Mais faire l’amour à un opposant, aussi instinctif qu’il pourrait paraître, n’est pas le fruit du hasard. Car l’acte se prépare, comme l’explique Bruno Ponsenard, sexologue dans le Vaucluse : « Les préliminaires, tout commence par là. Il y a l’avant-match qui va conditionner le rapport. Ou on est soft, et on est dans l’envie de partager, de faire plaisir à l’autre. Ou on est dans l’envie de dominer, de le maîtriser, de le dompter. » . Qu’a pu susurrer Mancini à Anthony Réveillère pour le mettre ainsi à genoux ? Comment Ronaldinho s’est-il préparé à son orgie guingampaise ? Les réponses relèvent encore de la sphère intime. En revanche, considérer l’adversaire, l’opposant, comme un homme qui subit l’amour plus qu’il n’en profite serait erroné : « Dans le sado-masochisme, il y a un sadique. Le bourreau est celui qui se régale, qui fait mal, qui aime ça. L’autre est plus vécu comme un objet qu’une personne. Ce qui fait bander, c’est de réduire l’autre à un objet. Mais il n’y a pas de victime. Car l’autre dit « fouette-moi, fais-moi mal, j’aime ça ». C’est une association de malfaiteurs, il n’y a pas de bourreau ou de victime, ce sont deux personnes qui jouent. » Qui jouent à s’aimer, à se faire mal, mais en acceptent les conséquences par plaisir égoïste. Contrairement aux idées reçues, faire l’amour à l’adversaire ne serait donc pas un acte où le seul tortionnaire s’éclate. Et si certains adeptes de la souffrance se refusent encore à se laisser dominer en raison de la pression qui entoure les terrains de football, qu’ils se laissent aller : tant qu’il y a gazon, il y a match.
Pourquoi le mur est à 9,15m ?
Tout simplement parce que le football, au contraire du rugby qui est un sport maçonnique, est un sport britannique. De fait, les distances ont en premier lieu été fixées en yards. Et 9,15m, c’est grosso modo 10 yards, même si en vrai, 10 yards, ça fait 9,144m. Après, vous imaginez bien que Roger, arbitre de district Basse-Normandie, promotion d’Honneur, catégorie dimanche matin, jaune, donc globalement un bon niveau, galère déjà à mettre le mur à 9 mètres à reculons, alors on va oublier le centimètre près. Alors, pourquoi dix yards et pas 5 ou 20 ? Si personne ne sait vraiment quand on a commencé à former un mur (vraisemblablement vers le 13 août 1961), reste que la distance relève tout bonnement de la géométrie. En effet, c’est une histoire d’angle, dans un triangle formé par les deux poteaux et le point de la faute. Plus on s’éloigne de ce point, plus il faut de joueurs dans le mur pour « boucher l’angle » . Évidemment, si le coup franc est dans l’axe, l’angle est le plus grand possible, et le nombre de joueurs plus importants. Si on a bien compris cette étude, à 20 yards de distance du but dans l’axe et avec un mur à 10 yards, il faut un mur de quatre yards de large, soit 3,6 mètres, soit 8 bons joueurs, ou un peu moins si vous avez Bayal Sall. De toute façon, c’est beaucoup trop, alors on laisse de la place sur les côtés, en espérant que les joueurs ne maîtrisent pas trop l’effet Magnus. Après, tout ça, c’est des maths. Reste qu’au football, les Portugais sont plus doués pour contourner les murs ou les fracasser (coucou CR7) que pour les construire, ce qui montre bien que tout ceci échappe à la logique.
Faut-il avoir fait l’école des ponts et chaussées pour bien réussir un petit pont ?
Pour un grand pont, la question ne se pose même pas. Le Golden Gate ou le viaduc de Millau, ça ne s’improvise pas. « Si vous saviez à quel point c’est complexe ! » s’exclame Dominique Douillet, directrice de l’association des anciens de l’École nationale des ponts et chaussées. « Il faut penser à tellement de facteurs différents… Si c’est un viaduc pour faire rouler les voitures ou trains, un pont qui doit franchir un fleuve, un pont à haubans, ou encore un pont qui doit résister à une force de vent importante. » Mais pour un petit pont, la question est ouverte. « Pour les petits ponts, il y a plusieurs stratégies possibles (rires) » reprend la directrice, avant de préciser « le principe est le même, mais c’est quand même beaucoup moins compliqué de passer un petit ruisseau que la vallée du Tarn » . Concrètement, l’important, pour bien réussir son petit pont, c’est de penser à bien calculer la résistance des structures et des matériaux pour pouvoir parer au vent et autres catastrophes naturelles. Gare à ceux qui n’ont pas bien pris les informations et analysé la situation avant de tenter leur geste : « Vous avez vu les crues récemment ? C’est incroyable la puissance de l’eau ! » C’est pourquoi de longues années d’études sont nécessaires pour pratiquer cette technique poussée en toute sécurité : « Cinq ans minimum, et encore, à la sortie de l’école, on ne construit pas tout de suite des ponts, il faut avoir plus d’expérience. Pour pouvoir réussir à faire un pont qui se tient, il faut être excellent en mathématiques, et encore, on parle de mathématiques très dures, hein ! Il y a aussi des notions de physique et de mécanique des sols qui interviennent. » Bigre ! Mais alors, comment font Ronaldinho et Yohan Mollo, clairement autodidactes au plus haut niveau ? « Que voulez-vous, il y a des gens plus doués que d’autres ! Après, c’est le talent qui parle. »
Par RG, CAL et CG
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