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Les vraies questions existentielles du football – Épisode 16
Les questions les plus bêtes sont parfois, souvent, les meilleures. Sofoot.com a décidé, tous les jeudis, de répondre à trois interrogations fondamentales de tout amoureux de la balle ronde et même des néophytes. Pas de discrimination, surtout pas en ce moment.
Un joueur transparent peut-il se faire effacer par un dribble ?
Avec neuf points d’avance sur le premier relégable à trois journées de la fin de la saison, l’US Créteil-Lusitanos peut envisager les vacances tranquillement. Avec quatre jours fériés sur quatre semaines au mois de mai, Albane L., professeur de physique-chimie dans un lycée cristolien, peut envisager les vacances tranquillement. Plus sereinement que Gareth Bale, transparent face à la Juventus ce mardi. Plus paisiblement que Jérôme Boateng, effacé par Lionel Messi devant les yeux gênés de l’intégralité de la planète foot. Mais peut-on être transparent et se faire effacer ? Pas si simple selon Albane : « La transparence existe à cause de nos yeux. Ce sont des détecteurs d’ondes électromagnétiques. On peut voir les objets, les personnes, car ils réfléchissent la lumière. Ils transforment la couleur de l’onde. Au fond, si un joueur portait une combinaison qui absorbait toutes les ondes émises par le soleil, celui-ci pourrait être transparent » . Reste alors à savoir si on peut effacer quelque chose que l’on ne voit pas. « On arrive à voir les ondes visuelles, mais on n’arrive pas à voir les rayons X. On ne peut pas les éviter. » Impossible, donc, d’effacer ce qu’on ne voit pas. C’est peut-être à ça que sert le côté bleu de la gomme…
Faut-il être allemand pour se faire briser les Rhin ?
Si les cas d’étude sont nombreux, il est une perte d’organe récente qui marquera les générations pendant des décennies : Messi dribble, Boateng chute, lourdement. De cette dramatique scène, le défenseur du Bayern gardera sans aucun doute de graves séquelles. Mais était-il prédestiné de par sa nationalité à tomber dans le piège d’un crochet dévastateur ? Sans doute. De réputation, l’Allemand est solide, puissant, mais en conséquence lourd. Loin d’être une vérité absolue, comme en témoignent les physiques de lâches de Götze et Lahm, l’affirmation est pourtant majoritaire dans un pays qui a toujours préféré les gros bœufs à la finesse d’un bretzel. D’aucuns rappelleront qu’il fut un temps où Anthony Réveillère subissait la même épreuve, tout en portant sur son passeport mention de l’Hexagone. Le tour de passe-passe de Reveilher n’enfume néanmoins pas la saucisse : l’Allemand est une victime parfaite, parce qu’énervante dans ses victoires sereines et hagarde lorsque l’humiliation se profile. Que Jérôme ramasse donc son Rhin : personne n’en pleurera une rivière.
Combien pèse une frappe lourde ?
Un tir des 40 mètres de Taye Taiwo, un coup franc de Roberto Carlos, une tentative de Verratti après 10 jours d’élevage intensif à l’EPO et la créatine : dans toutes ces situations, se retrouver face au ballon fait craindre l’accident, le retournement de doigt ou, pire, l’émasculation. Le cuir, tapé par des bourrins aux cuisses puissantes, serait plus « lourd » , plus destructeur. Pourtant, un simple rappel élémentaire suffit à contredire l’affirmation. Albane s’en charge d’ailleurs sans peine : « Son poids ne va pas changer en fonction de la frappe. Le coefficient d’intensité de pesanteur qui est lié à la gravitation terrestre ne change pas selon la vitesse » . Compris entre 410 et 450g selon la loi 2 du football, le poids du ballon est donc invariable. Surprenant ? Pas vraiment si l’on prend quelques secondes pour y penser. En revanche, un tir, soit-il de mouche ou de mammouth, a un impact sur d’autres données : « C’est plutôt au niveau de l’énergie que ça va jouer. Plus il va le frapper fort, plus il va lui donner de vitesse. Et la force sera calculée en Newton » . D’apparence simplifiée, le problème n’en demeure pas moins retors. Car les calculs permettant de jauger la force du ballon après coup s’avèrent tortueux. Albane revient toutefois aux basiques : « Le seul truc qu’on peut obtenir facilement, c’est l’énergie cinétique du ballon. C’est tout ce qui est lié à la vitesse. Plus le ballon va aller à une vitesse importante, plus il aura d’énergie, donc l’impact sera plus important » . D’où la nécessité capitale d’avoir une main de fer ou des couilles en or.
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Par Swann Borsellino et Raphaël Gaftarnik