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Les vraies questions existentielles du football – épisode 12
Les questions les plus bêtes sont parfois, souvent, les meilleures. Sofoot.com a décidé, tous les jeudis, de répondre à trois interrogations fondamentales de tout amoureux de la balle ronde et même des néophytes. Pas de discrimination, surtout pas en ce moment.
Peut-on réussir un coup franc en étant malhonnête ?
Absolument, oui. C’est même de plus en plus à la mode. Aux origines, pourtant, cette phase de jeu si particulière n’était réservée qu’aux honnêtes hommes, sains de corps et d’esprit. À l’image de David Beckham, Siniša Mihajlović ou Taiye Taiwo, les puristes du geste ne cachaient rien de leurs intentions au moment de s’emparer du ballon et de lancer leur course d’élan. « Mais aujourd’hui, on voit de plus en plus de combinaisons, des trucs assez fun, même s’il y en a aussi qui sont bien foirés » témoigne Grégory Wimbée, l’ancien portier emblématique du LOSC : « Ça ne se décrète pas comme ça, c’est sûr que les gars passent du temps là-dessus. À voir la gueule de certaines, il y en a qui doivent bien s’amuser à l’entraînement » . Destinées à déboussoler le portier, ces feintes et autres attrapes-nigaud font voler en éclat la traditionnelle équité entre le gardien et l’artilleur, plongés dans un duel homérique. « Cela ne me perturbait pas plus que ça à l’époque » tempère pourtant Wimbée : « En vrai, c’était surtout un argument de mauvaise foi, on pouvait dire qu’on avait été surpris ou déconcentré une fois que le but était encaissé » . Las ! De plus en plus, les escrocs et autres faussaires du coup franc se diversifient dans leur branche d’activité. Ici, David Luiz efface un spray, là, Ryan Giggs tape un ballon quand personne n’est prêt. « La plupart des supporters du LOSC ont encore ce but de Giggs en travers de la gorge, se souvient Wimbée, c’est sûr que c’était un peu vicieux » . Spécialiste de la malhonnêteté sur et en dehors des terrains, le Gallois se retranche pourtant derrière le Code civil : « J’ai demandé à l’arbitre si je pouvais tirer rapidement ! Il est venu me voir pour me demander si je voulais un coup de sifflet et je lui ai dit que non. Peu importe l’agitation des Lillois, je n’ai enfreint aucune règle » . Ainsi va la vie dans le football moderne. Comme le remarquait le dramaturge Georges Courteline : « C’est étrange que certains commettent des délits quand il y a tellement de façons parfaitement légales d’être malhonnête » .
Faut-il aspirer le venin pour réussir ?
« Tragar el veneno. » Depuis quelques jours, la phrase de Marcelo Bielsa s’est infiltrée dans les esprits. Puissante, et bien aidée par le lyrisme que l’on connaît à Hans Zimmer, la longue tirade l’El Loco à l’issue du nul face à Lyon a marqué les cœurs. Mais prise au mot, n’est-elle pas dangereuse pour les corps ? Selon le Larousse, ce liquide sécrété par les organes de certains animaux et de certaines plantes, et pouvant être, en général, inoculé par piqûre ou par morsure est techniquement toxique. Pour faire court, il peut tuer. Métaphoriquement, certains buts ou décisions ont en effet causé la mort de l’OM dans la course au titre. Un arbitre rechignant à accorder une réalisation à Ocampos, un CSC de Morel, une incapacité à lutter contre les éléments lorsque les gros insectes se présentent : non, le poison n’a pas échappé aux veines olympiennes durant l’année. Pourtant, comme le soutient Bielsa, celui-ci peut servir à triompher. En effet, pour survivre à une morsure de serpent, certains experts assurent qu’il faut aspirer le venin plutôt que de le laisser se propager. Une thèse soutenue par VenomTech, laboratoire spécialisé dans l’étude des liquides vénéneux, et qui se servirait désormais des molécules pour guérir plus qu’assassiner. On savait Marcelo Bielsa à la pointe. Mais pas autant que ça.
Pourquoi les numéros de maillot sont-ils répartis de la sorte ?
Il faut remonter au 25 août 1928 pour voir les premiers numéros apparaître sur des maillots en Europe, une nouveauté apparue quatre ans plus tôt aux États-Unis. Chelsea reçoit alors Swansea Town à Stamford Bridge, et les numéros sont assignés en fonction de la position des joueurs sur le terrain, ligne par ligne, de la droite vers la gauche en partant du bas. Or, à l’époque, les équipes sont disposées en 2-3-5. Du coup, cela donne : 1- Gardien, 2- Défenseur central droit, 3- Défenseur central gauche, 4- Milieu défensif droit, 5- Milieu défensif centre, 6- Milieu défensif gauche, 7- Ailier droit, 8- Attaquant intérieur droit, 9- Attaquant de pointe, 10- Attaquant intérieur gauche, 11- Ailier gauche. Même si le système a évolué par la suite, les numéros sont restés. Ainsi, si le « milieu défensif centre » a reculé pour devenir un défenseur, il a gardé son numéro 5. Sauf en Amérique du Sud, longtemps coupée des innovations tactiques du Vieux Continent, où ce sont les milieux défensifs latéraux qui sont devenus les arrières droit et gauche. Ce qui explique pourquoi Thiago Silva porte le 2 à Paris et le 3 avec le Brésil. Dans le même ordre d’idée, le meneur de jeu est par essence un 10, alors qu’il est derrière le 9. Un chiffre également rendu célèbre par Pelé. À la Coupe du monde 1958, la Fédération brésilienne avait oublié d’envoyer la liste des numéros à l’organisation. Du coup, l’Uruguayen Lorenzo Villizzio leur a assigné des numéros au hasard : Gilmar, le gardien, s’est retrouvé avec le 3, et Pelé le 10. Pour ce qui est du 16 du gardien, il vient du fait qu’il n’y a longtemps eu que 5 remplaçants, le portier, moins susceptible d’entrer que les autres, récupérant le dernier numéro. Après, tout a foutu le camp, on a vu l’Argentine distribuer les numéros par ordre alphabétique, l’Écosse en fonction du nombre de sélections, Recoba avec un 1+8, Ronaldinho avec un 80, Cassano avec le 99. Mais le pire reste quand même Gallas avec le 10.
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Par CG, RG et CAL