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Les vraies questions existentielles du football – épisode 10
Les questions les plus bêtes sont parfois, souvent, les meilleures. Sofoot.com a décidé, tous les jeudis, de répondre à trois interrogations fondamentales de tout amoureux de la balle ronde et même des néophytes. Pas de discrimination, surtout pas en ce moment.
Une équipe de peintres peut-elle déborder ?
Signe des temps, le football moderne a tendance à se concentrer dans l’axe, avec des ailiers inversés à la Robben rentrant sans relâche sur leur seul pied. Une situation qui pourrait pousser les latéraux à « prendre le couloir » , mais l’appauvrissement grandissant du poste (adieu Lahm et Alaba, toujours Bacary Sagna) n’aide pas vraiment. Pourtant, si aujourd’hui on veut entrer dans les buts avec les ballons, le classique centre-tête, si fort dans FIFA 2014, n’en demeure pas moins une arme offensive redoutable. Sauf que pour centrer, faut-il encore déborder. Pas facile lorsqu’on a une équipe de peintres, adepte du sacro-saint précepte martelé dès la maternelle : « Attention à ne pas déborder » . Surtout si l’on en croit l’expertise d’Alain, peintre d’intérieur : « C’est impossible de déborder, on utilise du scotch pour délimiter la zone, et des bâches. On fait très attention aux éclats, faut pas en foutre partout, sinon on perd du temps à tout nettoyer après » . Sûrement un adepte de Dunga. Heureusement, il reste les artistes, comme Lapinthur : « Les débordements arrivent souvent. Il faut lâcher le trait, faire exploser la couleur. L’accident est très intéressant, il donne parfois naissance à de bonnes surprises… Le débordement est même parfois nécessaire pour quelqu’un de trop minutieux, qui a peur de se lâcher. Cela libère et débloque de nouvelles opportunités. Rien de grave, que du bon » . Raphaëlo Guerreiro l’a bien compris.
Pourquoi la Chine et l’Inde n’arrivent pas à aligner 22 joueurs potables ?
Bon les gars, on va pas se mentir, vous êtes à chier. Une défaite 5-1 contre la Thaïlande ? Sérieusement ? Et là, c’est quoi ça ? Un retourné de Bernard Mendy ? Non mais sans déconner. Presque 3 milliards de joueurs à disposition et vous êtes toujours pas foutu de nous en sortir un qui n’a pas les pieds palmés ? Dans le même temps, l’Uruguay et ses 3,5 millions d’habitants nous offre Francescoli, Montero, Forlán, Suárez, Recoba et Cavani. L’Irlande du Nord a eu Best, le Libéria a eu Weah, la Biélorussie a eu Hleb. Et vous, toujours rien ? Pourquoi ? Comment ? Au milieu de la foule, il doit bien y en avoir un qui sait faire autre chose que jouer au badminton ou au cricket. « Ben non. Personne ne joue au foot en Chine, il y a 5000 licenciés. Vous comptez les 32 équipes professionnelles du championnat et leurs réserves et voilà » se désole David Camhi, l’adjoint de Philippe Troussier : « La formation est presque inexistante. Je suis plutôt pessimiste, en termes de mentalité et de structure, il n’y a pas d’avenir à moyen terme » . Exilé dans l’empire du milieu, un footballeur anonyme vide son sac : « Les Chinois dépensent énormément d’argent, mais d’une mauvaise façon. La plupart des présidents de club investissent dans l’achat de joueurs étrangers moyens, comme moi, qu’ils paient très cher. Au lieu d’investir dans la formation des joueurs chinois et les infrastructures qui vont avec » . Avant d’ajouter, le regard rempli d’effroi, sur une ligne Facebook cryptée : « L’Inde, je connais pas du tout, mais je sais que leur équipe nationale est vraiment nulle » . En effet, à population égale, c’est encore pire. « La Chine est nettement meilleure, elle a quand même été championne d’Asie » , reprend David Camhi : « L’Inde, ça débute, on fait venir des stars et des entraîneurs à la retraite et on commence par construire le haut de la pyramide, comme le Japon dans les années 90, mais ça va prendre du temps » . Bon, d’accord, il n’y a rien à sauver. « Si, il y a un joueur qui est pas mal… J’ai oublié son nom, mais il joue à Shanghai SIPG. Il porte le numéro 7 ! » On ne va pas insister. « Ah si ! Il s’appelle Wu Lei. »
Faut-il être un tricoteur expérimenté pour réussir un bon crochet ?
Le tricot est une activité à double visée. Parfois, il s’avère strictement égoïste, ne servant qu’à se gargariser de sa maîtrise technique. À d’autres moments, il se veut altruiste, puisque le pratiquant a pour unique but d’offrir le plus beau des cadeaux. Un paradoxe symbolisé par Neymar et Marco Verratti, tricoteurs d’exception, et dont les résultats en la matière témoignent de cette dissociation d’objectif. Pourtant, que le tricotage énerve ou impressionne, il requiert une qualité sans laquelle il ne peut pas être complet : le savoir du crochet. Du gauche, du droit, court ou long, le crochet a ceci de particulier qu’il est d’apparence simple, mais nécessite une pratique certaine. Catherine, amatrice de pelotes, explique : « Il faut une bonne technique. On peut commencer par un point de chaînettes pour faire un rond. On peut aussi faire des carrés, des couvertures par exemple avec des motifs à fleurs ou autre. Ce n’est pas facile, parce qu’il y a des choses qui se font automatiquement avec l’expérience, l’habitude » . Un champ de possibilités ouvert, qui a parfois dégoûté les amateurs de jeu direct ou d’achats de pulls tout faits. Peut-être se raviseraient-ils sachant le travail et l’investissement consentis pour effectuer un bon crochet : « Moi, je tricote depuis que je suis toute petite, depuis que j’ai 6-7 ans. C’est une vieille dame de Novalaise, mon village d’enfance, qui m’a appris le crochet. Souvent, je retrouve mon amie Sabine. Récemment, j’ai fait une veste à mon fils avec une jolie torsade » . Forcément, le pardessus ne sera pas du goût de tous. Il en va ainsi des gestes que l’on considère comme superflus alors que la simplicité pointe le bout de son nez. Pourtant, il se pourrait bien que les tricoteurs et auteurs de crochets parfaits témoignent d’un romantisme qui se perd dans le ballon rond : le talent à l’état brut.
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Par CG, RG et CAL