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Les voyages pour former la jeunesse lilloise ?
La Ligue Europa, c'est parfois l'occasion pour les clubs de faire tourner et donc, de faire jouer les moins vieux. Au match aller, le Lillois Yves Bissouma a découvert le niveau pro. D'autres jeunes du LOSC peuvent-ils prétendre à tâter de l'Europe cette saison ?
À l’aller, au Stadium-Nord, il était la seule recrue alignée au coup d’envoi : Julian Palmieri, ses 29 ans et ses 132 matchs de Ligue 1. Pour le reste, que des blazes connus du côté de Luchin. Notamment sur le banc : Maignan, Béria, Soumaoro, Amadou, Nangis et Benzia. La seule nouvelle tête était celle d’Yves Bissouma, Malien de 19 ans arrivé au club en mars dernier et professionnel depuis le 7 juillet. Le milieu a même pu honorer sa première cape avec les grands en remplaçant Ryan Mendes à la 76e. Une promotion rapide appelée à en annoncer d’autres, dans un club qui doit former pour avancer ? Même en cas d’acceptation du dossier Erasmus, rien n’est moins sûr.
De Balmont à Amadou
Trois jours après l’arrivée de l’ancien Bastiais dans la capitale des Hauts-de-France, et au lendemain de la signature du premier contrat pro de Bissouma, Jean-Michel Vandamme évoque la politique de recrutement sur le site officiel du club : « L’arrivée de Julian correspond aux principes même de notre stratégie, pose le directeur général adjoint. Soit nous recrutons un jeune joueur directement capable d’être titulaire au poste recherché, soit nous prenons un joueur plus expérimenté qui possède une grande expérience de la L1, en attendant l’éclosion d’un jeune talent issu de notre formation, comme dans ce cas précis avec Mendyl par exemple. » Celui qui a plus de vingt ans de LOSC dans les pattes embraye avec des exemples récents : « À l’image de Civelli avec Soumaoro ou Amalfitano avec un jeune joueur comme Bissouma, ce renfort fait partie des recrutements intelligents que nous devons faire, à savoir un joueur expérimenté avec un jeune talent en développement. » Une liste à laquelle peut se joindre Ibrahim Amadou, éclos l’an dernier dans le sillage des glorieux anciens Mavuba et Balmont, au point d’accélérer le départ d’un pitbull pourtant bien ancré au Nord.
Cette année, l’Europe peut générer plus de matchs, et donc plus de possibilités de rotation. Ce qui est une opportunité potentielle pour les jeunes constituait une inquiétude pour Frédéric Antonetti, au sortir du dernier match de préparation à Beveren : « Le LOSC, tel qu’il est composé aujourd’hui, n’a pas les moyens de disputer un match tous les trois jours. On verra si ça peut changer dans un avenir proche. Car même pour faire un match par semaine on est un peu juste. L’effectif actuel ne peut pas se permettre d’avoir deux-trois joueurs-clé sur le flanc… » Un signe de confiance modérée envers la jeunesse pour celui que d’aucuns décrivent comme un formateur. Depuis, les retours d’Eder, l’arrivée officialisée de Younousse Sankharé et celle annoncée de Nicolas de Préville ont pu rassurer le coach lillois. Qui sera peut-être moins enclin à faire monter ses plus jeunes au front.
Formation, post-formation et erreurs de recrutement
Les matchs de préparation, justement, ont permis d’identifier ceux qui semblent avoir une longueur d’avance dans la course aux débuts professionnels. Bissouma a participé à chacune des quatre rencontres amicales. Hamza Mendyl et Ramingue Kouamé, respectivement latéral gauche de 18 ans et milieu de 19 ans arrivés en même temps que Bissouma, chiffrent trois apparitions, de même que Carlens Arcus, central de vingt ans tout juste recruté à Troyes. Lebo Mothiba, attaquant de vingt ans parti jouer les JO avec l’Afrique du Sud, en est à deux, quand Benjamin Pavard doit se contenter d’une petite mi-temps contre le Red Star. Alors que le défenseur central de vingt ans lui aussi avait fait forte impression pour ses premiers matchs en pro, au point de devenir titulaire avec la blessure de Marko Baša mi-2015, il semble avoir plus de difficultés avec Frédéric Antonetti. Tout en restant un des plus grands espoirs du club.
À côté des jeunes et fraîches recrues arrivées en post-formation, Benjamin Pavard fait figure d’ancien du centre, depuis plus de dix ans au club. Dans cette catégorie se rangent également le défenseur Corentin Halucha (21 ans, première apparition en pro en janvier 2014), le milieu offensif Martin Terrier (19 ans, premier contrat pro en juin 2016), l’attaquant Romain Jamrozik (18 ans, premier contrat pro en avril 2015), voire le milieu Imad Faraj (17 ans). Autant de joueurs qui vont devoir redorer le blason de la formation d’un club dont la capacité à sortir des bons joueurs est reconnue. En avril 2015, une étude du Centre international d’étude du sport place le LOSC comme le deuxième centre de formation le plus rentable d’Europe depuis 2012, derrière Southampton, grâce à Hazard, Origi, Digne, Debuchy et Bruno. Mais, dans le même temps, le recrutement de « jeunes à fort potentiel » connaît quelques ratés. Janvier, Frey, Tallo, Meïté, Guillaume, Nangis ou Guirassy n’ont pas confirmé les espoirs placés en eux à Lille. Pourtant, ils ont tous eu du temps de jeu. Alors, même si le LOSC ne paie pas de pass InterRail à sa classe biberon, qu’elle ne s’impatiente pas : parfois, la valeur peut attendre le nombre des années.
Par Eric Carpentier