- Journée mondiale végane
Les végans vont-ils envahir le foot ?
Ce mercredi, c'est soirée Ligue des champions, mais c'est surtout la journée mondiale des végans. Et apparemment, c'est maintenant presque aussi important pour les footballeurs.
Au début du mois de juillet dernier, Paris est le théâtre d’une drôle de scène. Des militants du collectif Vegan Impact manifestent à leur manière contre la cruauté des barbecues qui vont rythmer l’été. Leur façon de protester : cuire une femme sur un barbecue, en pleine rue. « Quand vient l’été, les vacanciers contribuent à un surcroît de morts d’animaux pour satisfaire leur plaisir gustatif. Il est douloureux de concevoir que l’homme puisse profiter d’un moment de convivialité, en dévorant des êtres innocents, tués par millions chaque jour. Tous ces barbecues d’été sont comme des crématoriums à ciel ouvert » , justifie le collectif. La branche la plus fervente du véganisme, un mode de vie qui promeut la margarine à base d’huile de coco, le cuir d’ananas ou encore le vromage (fromage végétal) pour ne consommer aucun produit issu des animaux ou de leur exploitation. Comme le football est « un formidable reflet de la société » , va-t-il ou est-il déjà contaminé par la mode végane ?
Bon pour la santé
Plusieurs joueurs de haut niveau ont déjà affiché leur nouveau régime alimentaire. Après la défaite en finale de la Coupe du monde 2014 et une saison un tout petit peu en deçà des autres, Lionel Messi en personne est allé consulter un nutritionniste et a adopté un régime végétalien. En Premier League, la mode s’étend petit à petit avec les exemples de Jason Roberts, Sergio Agüero, Jermain Defoe, ou encore Phil Jagielka, qui ne consomment aucune protéine animale pendant la saison. Dans les divisions inférieures anglaises, le club de Forest Green Rovers est un club entièrement végan depuis 2010 et ne cesse de grimper les échelons. À tel point que les défenseurs du véganisme accusent désormais le club d’adopter cette politique seulement pour faire parler de lui et pour optimiser ses performances. Absolument pas pour défendre la cause animale, comme il l’annonçait au départ. Car oui, si Lionel Messi, Sergio Agüero, Jermain Defoe ou Phil Jagielka adoptent le régime végan, ce n’est pas pour sauver le pauvre mouton.
Agüero, fan de barbac argentine, et Jagielka concèdent largement reprendre leurs bonnes vieilles aventures de viandards dès les vacances venues. Le régime végétalien auquel ils s’astreignent durant la saison est simplement un moyen trouvé pour diminuer le nombre de blessures qui freinent leur carrière respective depuis des années. Pareil pour Jermain Defoe, qui est devenu végan en 2015 à son retour de MLS pour retrouver la forme, et qui avoue avoir du mal à ne pas craquer devant les repas de sa mère qui « met toujours de la viande sur la table » . Lionel Messi, quant à lui, a arrêté de se nourrir comme un ado attardé et a changé drastiquement de régime pour soigner ses problèmes musculaires. « Beaucoup de blessures sont liées à l’hygiène de vie, donc au sommeil, à l’hydratation et la nutrition. Un sportif avec un régime plutôt végétarien, il aura moins de pépins physiques et des performances augmentées » , confirme Thomas Rozé, kinésithérapeute du sport et diplômé d’une formation mêlant nutrition, santé et exercice.
Mais pas très fun
D’abord, les contraintes d’un régime végan vont forcer un footballeur à avoir plus d’ouverture sur son alimentation, à la diversifier, l’intellectualiser pour obtenir tous les apports nécessaires. L’effet « prise de conscience » va forcément l’amener à mieux s’alimenter. Et d’un point de vue plus scientifique, les fruits et légumes sont tout simplement meilleurs pour la santé et la récupération, plus riches en vitamines et en antioxydants. « Après un effort, il y a énormément d’acidité dans le corps. Pour tamponner cette acidité, il faut alcaliniser son organisme. Donc consommer des produits alcalins comme les fruits secs, les fruits, les légumes. Et qu’est-ce qui est acide et donc qu’il faut éviter ? Le fromage, la viande, l’alcool » , explique Thomas Rozé. Jean-Jacques Menuet, nutritionniste du sport, allait dans le même sens il y a quelques mois pour Slate. « Les protéines végétales, moins acides que les animales, sont meilleures pour la santé. Les athlètes végétariens que je suis présentent moins de problèmes physiques que les autres, notamment les tendinites. »
Mais un régime végan présente quelques limites, comme « des carences en vitamines du groupe B, surtout la B12 » , précise Thomas Rozé. Des vitamines qui influent sur la puissance. « Il faut une complémentation à côté, en gélules par exemple. » De toute manière, le régime végan fait surtout des adeptes dans les sports individuels (Carl Lewis, Martina Navratilova, Novak Djokovic, Bode Miller…) ou le rapport personnel à l’alimentation est bien plus fort que dans les sports collectifs. Dans le football, contrairement au tennis par exemple, le lien entre alimentation et performance est fait moins systématiquement. « Je pense aussi qu’il y a quelques footeux qui se disent que bouffer de la viande, ça c’est un truc de bonhomme. Ça ferait un peu « truc de gonzesse » que de manger seulement des fruits et des légumes » , tente d’expliquer Thomas Rozé. Le barbecue végan pour souder le groupe risque en effet d’être plus difficile à organiser.
Par Kevin Charnay
Tous propos recueillis par KC, sauf mentions.