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Les valseurs

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Les valseurs

La Coupe d'Afrique ressemble à un conseil de classe. Quelques coachs passent en classe supérieure, d'autres sont réorientés, certains sont invités à faire un tour à l'Anpe, d'autres redoublent. C'est l'heure des bilans, des perspectives et des valseurs. Comme pour Shaidu Amodu, l'Albert Emon des Super Eagles, quatre fois sélectionneur du Nigeria en une dizaine d'années...

Tous les deux ans, c’est la même rengaine. A chaque tournoi international, on estime la trajectoire d’un cycle, on spécule sur la fin supposée d’un règne, on solde les comptes. Les fédérations nationales répudient là un DTN, limogent ici un sélectionneur ou prorogent son contrat. C’est l’heure du “bilan et perspectives”. Placée en plein cœur de la saison footballistique, à un semestre de la compétition étalon, la biennale du foot africain n’échappe pas au grand ramdam des chaises musicales. Bien au contraire. Il y a là les mercenaires en disgrâce qui sont déjà en quête d’un nouveau poste, les nouveaux venus qui ont trouvé chausson à leur pied mais qui hésitent à poursuivre, les intérimaires qui voudraient passer en CDI, les carriéristes qui veulent aller ailleurs vérifier que l’herbe y est plus verte, les ravis de la crèche contents de leur sort mais qu’on ne retiendra pas…

Paulo Duarte n’en avait pas encore fini avec sa phase finale, pourtant amputée d’un match (contre le Togo), que déjà les émissaires du Mali se pointaient à son hôtel. Stephen Keshi, le coach des Aigles, avait donné sa dem’ la veille au soir mais déjà plus personne n’en voulait à Bamako et dans sa banlieue. La rumeur, elle, expédiait déjà Maart Nooij, le pourtant controversé sélectionneur du Mozambique, à la tête des Super Eagles nigérians. C’était avant que Shaibu Amodu n’emmène ses troupes en demi-finale. Un genre de mésaventure qui guettait aussi Milan Radovic avec le Ghana mais à qui le passeport pour le dernier carré devrait donner des gages également. A l’inverse, Vahid et Le Guen doivent commencer à entendre siffler les rancœurs tant les performances des Éléphants et des Lions ont déçu. Les deux qui avaient prévu de revenir en Europe après le Mondial ne sont plus certains de voir l’Afrique du Sud cet été. Dans un autre registre, le sort d’Alain Giresse ressemble au leur. A trop faire rêver les supporters, on s’expose au retour de kick. C’est le reproche majeur fait aux trois ex-pensionnaires du championnat de France. L’ancienneté de ‘Gigi’ (bientôt 4 ans de bâtiment) pourrait lui valoir une indulgence que le parcours plus court des deux autres n’autorise pas.

La première phase a été le théâtre de nombreuses surprises. Le Malawi (Kinnah Phiri), l’Angola (Manuel José), la Zambie (Hervé Renard) et dans une moindre mesure le Gabon (Alain Giresse) ont pu étaler à la face du continent le travail en amont fait avec leur coach. Les trois premiers bénéficient d’un crédit presque illimité même si en Afrique ce n’est jamais une vertu absolue. Ils devraient pouvoir bâtir néanmoins sur le moyen terme et envisager la CAN 2012 au Gabon et en Guinée-Équatoriale avec sérénité. Sauf pour ceux dont l’appétit vient en mangeant comme Hervé Renard qui a annoncé, après l’élimination de son équipe, qu’il se verrait bien entraîner une équipe africaine de top-niveau en juin, à l’expiration de son contrat. Hassan Shehata, le démiurge égyptien et Rabah Saadane, l’entraîneur des Fennecs, travaillent pour leur part dans un certain confort moral grâce à leurs résultats. La présence en demi-finale des Pharaons (en attendant mieux) a déjà atténué l’énorme plaie béante laissée par l’élimination au Mondial sud-af’. Saadane va, lui, remiser la veste après la Coupe du Monde et devenir DTN. Une autre perspective d’avenir pour nos cadres supérieurs en survêtement ?

Shaidu Amodu pourra peut-être y songer puisqu’il est devenu en mars 2008 sélectionneur national des Super Eagles pour la… quatrième fois. Depuis le départ de Clemens Westerhof, l’entraîneur du deuxième et dernier titre nigérian en 1994, le pays a connu seize coachs en… quinze ans. Le 35ème en cinquante ans. Une manière de record du monde. 137 millions d’habitants, 250 ethnies, 36 républiques : le Nigeria n’est pas manchot sur l’hyperbole. Le foot occupe là-bas une place démesurée et les prévisions les plus optimistes, quant à l’avenir de la sélection locale, au milieu des années 90, se sont fracassées sur le chaos inhérent au pays.

Pendant que la sélection s’ébroue pour gagner des matchs en Angola, de graves affrontements interreligieux avec des ressorts économiques et territoriaux ont fait des centaines de morts et de déplacés à Jos au centre du Nigeria, dans la zone de passage entre le Sud principalement chrétien et le Nord où les musulmans prédominent. Histoire d’arranger le tout, le chef de l’État, Umaru Yar’Adua, a quitté le pays fin novembre en catastrophe pour se soigner. Pendant qu’il lutte pour sa survie dans un hôpital saoudien, une bataille de succession fait rage en coulisse. Tous les clignotants sont au rouge et même la guérilla séparatiste du delta du Niger (là où se trouve l’essentiel du pétrole national) veut mettre fin à la trêve des hostilités.

Dans ce contexte, chaque victoire des Super Eagles prend une ampleur sans précédent. Oubliés les « Super Chickens » , moqueurs, dont parlaient la presse et les supporters après des éliminatoires piteux qui ont longtemps laissé croire que les coéquipiers d’Etuhu regarderaient le Mondial à la TV. Une victoire inespérée le dernier jour du Mozambique (oui les terribles Black Mambas entraperçus à cette CAN) contre la Tunisie a offert un visa de dernière minute aux Nigérians. Cette qualification aurait pu booster l’équipe sub-saharienne mais il n’en a rien été. Les quatre rencontres disputées dans cette CAN jusqu’ici n’auront guère laissé entrevoir un vrai potentiel. L’équipe articulée autour d’Obi Mikel manque de liant et de fonds de jeu. Le milieu de terrain est peuplé de demi-défensifs et la puissance de feu offensive (la vraie force du collectif) Yakubu-Obasi-Odemwingie n’est guère servie opportunément. Contre la Zambie, il a fallu attendre la 101ème minute pour qu’elle obtienne un corner. Les Super Eagles ne dégagent aucune joie de jouer, aucune envie palpable.

Avant cette CAN, la fédération parlait de partir au Mondial avec un autre coach. Shaidu Amodu avait pourtant réussi à aligner une série de 17 matchs pour une seule défaite depuis son arrivée. Il a qualifié le pays deux fois (2002, 2010) pour la Coupe du Monde. Dans tous les clubs où il est passé, il a réussi mais la presse et les dirigeants ne lui font pas confiance. Pas le profil. La faute à ses passages précédents à la tête de l’équipe. On oublie qu’hormis son séjour actuel (presque deux ans), il n’y est resté que cinq mois en 94, six mois en 97 et sept mois en 2002. Pas le temps de mettre une mécanique en place. Au Nigeria, moins qu’ailleurs. Seule entorse à la règle, Clemens Westerhof était resté cinq ans. Le temps d’échouer à aller au Mondial italien, avant de terminer deuxième de la CAN 90, puis troisième de la suivante au Sénégal avant le sacre de 94. Depuis 1989, on lui avait laissé le temps. Un luxe que les valseurs, d’aujourd’hui et d’hier, ont peu l’occasion de s’offrir.

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