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Les vacances de Tonton Florentino

Par Thibaud Leplat, à Madrid
Les vacances de Tonton Florentino

Il faut le reconnaître : la star de l’été, c’est toujours Florentino Pérez. Depuis le mois de mai et la disparition de José Mourinho, Tonton Florentino a repris en main le destin du club. Il est partout et sur tous les dossiers. Suffisant pour faire oublier le Special One ?

La saison de Tonton Florentino, c’est l’été. Au moment où les Madrilènes s’enferment derrière des volets baissés, se terrent dans leurs intérieurs en attendant que la température de l’asphalte redevienne humaine et guettent la nuit comme la fin de l’enfer, Florentino, lui, part en goguette. Son truc à lui, ce n’est pas les terrasses ombragées ou les piscines sur les toits des immeubles. Quelle que soit la température, il portera toujours une cravate bleu marine, une chemise bleu clair et un costard bleu marine. « Pourquoi se compliquer la vie ? » rétorque-t-il. Le tissu peut bien désépaissir à mesure que la température baisse, à midi, Tonton Florentino n’aime qu’une seule chose : les « huevos con patatas » (œufs aux pomme de terre) et « toujours dans le même restaurant » . Cet homme aux allures d’oncle éloigné fortuné n’aime pas porter des pantalons qui brillent, ni des vêtements qui ont l’air aussi chers que mal coupés : « Mon père disait toujours que le plus important, c’est d’être quelqu’un de normal et de faire comme les autres. Il ne faut jamais se sentir supérieur aux autres et toujours garder les pieds sur terre. » Florentino aime ce que tout le monde aime. « Il n’a qu’un seul vice, dira un jour Pitina, sa femme chérie décédée l’an passé. Être président du Real Madrid. » C’est déjà pas mal.

La Légion d’Honneur

Cette année encore, la saison d’été de Florentino est rythmée par ses amours de vacances. Les journalistes l’appellent le « crack del verano » (le crack de l’été). Comme dans les chansons des années 90, c’est une histoire d’été qui ne durera que quelques semaines. Il y a eu Ronaldo, Ribéry, Neymar ou maintenant Bale. Certains ont succombé, d’autres n’ont finalement jamais apparu ou sont partis à l’ennemi. Mais chaque été, c’est la même chose. C’est l’occasion pour le Real de laisser libre cours à son obsession de grandeur. Les millions sont autant de médailles que l’on distribue et chaque offre pour un joueur d’ici ou d’ailleurs est l’occasion de réveiller la mission historique du Real : les meilleurs doivent jouer au Real Madrid et le Real Madrid est le meilleur parce qu’il a les meilleurs joueurs. Bale alimentera donc les rumeurs et les Unes des journaux jusqu’au 31 août parce qu’il est le meilleur et surtout, le plus cher. C’est une question de prestige. Plus c’est cher, plus c’est beau : « Jusqu’à présent, c’est moi qui ait payé le plus cher pour un joueur. » Cristiano Ronaldo (93 millions), c’est sa Légion d’honneur.

Alors jusqu’à la fin de l’été, Tonton Florentino fera son ingénu en feignant de ne pas savoir de quoi il s’agit, tout en distillant les fuites dans la presse locale. Il a bien parlé avec Daniel Lévy, le président de Tottenham ( « un club ami » , comme il dit Tonton), il aurait même préparé un chèque de 90 millions d’euros pour se payer le Gallois. Les ventes d’Higuaín, Callejón et Albiol à Naples pourraient bien payer un morceau du gâteau. Le Real a-t-il besoin de Bale ? Sportivement, c’est discutable. Il pourrait même marcher sur la traîne royale de Cristiano. Économiquement, il apporterait le marché britannique délaissé depuis le départ de Beckham et les anicroches avec Mourinho. Mais c’est surtout symboliquement (et donc commercialement) que Bale est indispensable. Il doit signer au Real Madrid parce qu’il fait partie de cette catégorie de joueurs indéfinissables qui sont « nés pour jouer au Real Madrid » , explique Tonton. Comme si les dieux avaient un jour séparé l’humanité entre le Real et le reste, il existe des joueurs destinés au Real comme au paradis. Après avoir raté Neymar, Florentino doit se refaire. Bale, avec ses 90 millions et sa raie sur le côté, a la tête du parfait caprice estival.

Après le cyclone

Pourtant cette année, c’est différent. L’activité médiatique du président, l’obsession pour les joueurs de la cantera et l’éloge systématique de Zidane ( « J’aimerais qu’il entraîne un jour le Real » ) peinent à cacher un malaise entraperçu contre Lyon cette semaine. José Mourinho a plus marqué le club merengue qu’il n’y paraît. Il a bouleversé l’organigramme (l’entraîneur est maintenant au centre), les méthodes (pas de préparation physique) et l’équipe première (l’indolence de Benzema, la disparition de Kaká, le problème Casillas non réglé, le milieu de terrain). L’homme qui réclamait de « l’empathie fonctionnelle » à son patron, de « l’intensité » à ses joueurs et l’unanimité autour de lui a disparu. Derrière, il a laissé beaucoup de questions : pourquoi « le meilleur entraîneur du monde » (dixit Florentino) a-t-il quitté le « meilleur club de l’histoire » ? À qui la faute ? Comment Florentino, qui l’avait soutenu jusqu’à accepter de se débarrasser de son fidèle Valdano, peut-il aujourd’hui tomber dans les bras d’Ancelotti « parfaitement adapté au style et à la culture du Real Madrid » sans rougir ? Et Zidane, c’est le nouveau Valdano ou le nouveau Karanka ? Comment un homme peut-il être à la fois adjoint de l’entraîneur et « au centre du projet » ? Tonton Florentino n’a pas fini de nous en raconter, des histoires, pour nous faire passer les vacances et oublier la tempête. Mais le mois d’août ne résoudra rien. La vérité éclatera en septembre : l’affaire Mourinho est loin d’avoir été réglée. Vivement la rentrée, on va finir par savoir.

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