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Les vacances de miss Byrne
C'était devenu une figure du Stadium of Light. L'espoir d'un club, l'image de Sunderland et une tête pensante du football britannique. Mais cette semaine, Margaret Byrne, directrice générale des Black Cats, a dû présenter sa démission à sa direction pour avoir laissé jouer Adam Johnson sous son maillot pendant plusieurs mois. Un drame de fer.
La main qui se pose sur le cœur. Un bras levé en l’air, le doigt pointé vers son entraîneur. Un entraîneur, Sam Allardyce, qui ne bouge pas et se contente de faire jouer son Wrigley contre sa mâchoire. Anfield s’est déjà vidé de moitié. Le 6 février dernier, Sunderland venait arracher un nul décisif dans la course au maintien du côté de Liverpool (2-2). Grâce à Jermain Defoe, dans les dernières minutes, mais aussi à un coup franc d’Adam Johnson glissant sous le bras gauche de Simon Mignolet. C’est sa dernière foulée, l’un de ses derniers replacements. L’ancien international anglais (12 sélections) le sait. Il est coupable et il a décidé de le plaider. Son procès doit s’ouvrir quelques jours plus tard à Bradford.
Derrière la barre, Johnson assumera des « activités sexuelles » avec une jeune mineure de quinze ans. Une supportrice comme une autre, dont l’ancien joueur de Manchester City était l’idole. Jusqu’à entrer en contact avec lui sur Internet, échanger plus de 800 messages et le rencontrer officiellement pour récupérer un maillot. Une entrevue datée du 30 janvier 2015 qui s’est terminée à l’arrière du Range Rover d’Adam Johnson. La semaine passée, face au jury, Johnson a été reconnu coupable d’attouchements sexuels sur mineure, les charges pour relation sexuelle ont été abandonnées. Anfield n’est plus qu’un lointain souvenir, l’ex-espoir du pays a été viré par Sunderland cinq jours après son dernier but, laissant derrière lui une mèche terrible. Et des têtes à terre.
Le cœur de Mags
Depuis plusieurs semaines, sa voix est recherchée.
On souhaite l’entendre, mais rien ne filtre dans son entourage. Selon le Guardian, elle serait aujourd’hui dans sa villa au Portugal. Loin de Sunderland et de ses tourments. Face à la presse, Sam Allardyce est seul : « J’attendais de voir ce qui allait ressortir de l’appel pour prendre la décision de le licencier. Je ne voyais pas d’autres options pour le club.(…)Vous savez, ce n’est pas simple de savoir que vous travaillez avec quelqu’un qui a été reconnu coupable de tels actes. Je vous le dis, on n’a aucune compassion pour lui. Toutes nos pensées vont à la victime et à sa famille. »
À ses côtés, le responsable presse du club avoue ne pas savoir où est Margaret Byrne et que la situation devrait « être gérée par ses soins » . Margaret Byrne est la directrice générale de Sunderland. Une femme, tête pensante du club et bras droit du propriétaire Ellis Short, arrivée au poste de CEO en 2011. Une absente qui a présenté sa démission à sa direction mardi dernier avec l’aveu de « graves erreurs de jugement » . Pour avoir, entre autres, laissé Johnson courir sous les couleurs de Sunderland, alors que ce dernier avait confié à Byrne ce qu’il s’était passé à l’arrière du Range Rover. Margaret Byrne savait, mais a laissé Johnson jouer en attendant le procès. Choix discutable et discuté.
La nouvelle Karren Brady
Depuis les faits, Adam Johnson a joué plus d’une trentaine de matchs avec Sunderland. Une époque où Margaret Byrne était encore un symbole. Une femme devenue directrice générale d’un club de Premier League à 31 ans, quatre ans après avoir répondu à une annonce du Sunday Times pour devenir la secrétaire de l’ancien président, et légende du club, Niall Quinn. En quelques années, Byrne est devenue l’une des personnes les plus influentes du football anglais, délaissant sa carrière d’avocate et les postes londoniens derrière elle.
Au point d’être classée dix-huitième dans le classement des personnalités les plus puissantes du sport britannique en 2014. Femme de passion pour les uns, colérique passionnée pour les autres. « C’est quelqu’un qui a énormément apporté à notre club en neuf ans de service. Elle était devenue une confidente pour les joueurs et a toujours voulu agir dans l’intérêt de Sunderland. Reste qu’elle doit payer ses mauvais choix. On ne pouvait pas laisser cette affaire se coller au nom Sunderland » , confie une source interne.
Dans son communiqué officiel, Sunderland évoque « une enquête interne ayant révélé une grave erreur de jugement » . Voilà où en est aujourd’hui Sunderland. Le bordel est réel, alors que le club n’a qu’un point d’avance sur le premier relégable. Margaret Byrne est tombée, alors qu’Ellis Short ne s’est toujours par exprimé. Mags était devenue une figure du Stadium of Light, la nouvelle Karren Brady, vice-présidente de West Ham, même. Une voix que l’on écoutait, qui influait sur les décisions, qui n’hésitait pas à défendre la nomination de Paolo Di Canio en mars 2013. Un visage que l’on ne verra plus. Pour l’image de Sunderland, mais aussi pour sa réputation.
Par Maxime Brigand