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Les « ultras » les plus bêtes d’Amérique du sud
Aucun sens moral, zéro culture foot et des bastons absurdes. Telle est la « Avalancha Sur », les ultras du Deportivo Táchira, les supporters les plus stupides du Venezuela. Et sûrement d’Amérique latine.
Le 28 octobre dernier devait être un match de championnat particulier. Le Deportivo Táchira reçoit l’Atlético Venezuela. Exceptionnellement, les locaux portent un maillot rose, façon de soutenir la campagne nationale contre le cancer du sein. La présidente du Deportivo, Juana Suárez, y tient. D’autant qu’un dirigeant du club se bat contre le cancer depuis des mois. Avant le match, c’est l’union sacrée. Manque de chance, la Avalancha Sur est en grande forme ce soir-là. Le groupe d’ultras de la tribune sud hurle avant même le coup d’envoi. Hors de question que leur équipe joue en rose. Quelques insultes homophobes et un envahissement de pelouse plus tard, le match est annulé.
Le capitaine de l’équipe, Andres Rouga, tente alors de les raisonner : « Je leur explique que le rose, c’est pour la bonne cause, mais ils ont rien voulu savoir. Pour eux, ces maillots sont moches et ils ressemblent à ceux du FC Caracas, l’ennemi juré » , raconte-il, attristé, avant de jurer main sur le cœur : « Le cancer du sein, c’est sérieux. On a tous des copines ou des copains qui en souffrent » (sic). Les dirigeants assistent incrédules à la scène. Leur opération caritative tourne au fiasco. « On pensait faire un truc bien, humanitaire, généreux. C’était positif pour l’image du club. Tu parles ! En fait, c’est un désastre ! Et franchement, ce maillot, il n’a rien d’honteux. Il ne ressemble pas à celui de Caracas. Le leur est grenat ! » , fulmine Mino Steboli, responsable des relations presse du Deportivo. Pour les ultras, cette couleur est une provocation. Le club joue normalement en jaune et noir. Pas question de changer. Rien à foutre du cancer.
Bouteilles d’urine, bus incendié et hools sud-américains
L’incident n’étonne pas Homero Duarte, journaliste depuis vingt-six ans à El Diario, journal local de San Cristobal, la capitale de l’état de Táchira : « Les gars de la Avalancha Sur sont idiots ! Complètement idiots ! J’en ai jamais vu d’aussi stupides. » Pourtant Homero Duarte en a vu d’autres. Il a couvert plus de quinze Coupes Libertadores. « À Santiago du Chili, lors d’un match entre Colo-Colo et Táchira, j’arrive en tribune de presse avec mes confrères. Sitôt installés, on reçoit des bouteilles d’urine ! Les supporters chiliens nous visaient, nous, les Vénézuéliens, parce qu’on suivait Táchira. La réputation du club est désastreuse. » En 2007, la Avalancha brûle le bus du FC Caracas. Un fait d’armes qui leur vaut une belle petite notoriété chez les hool’ sud-américains. Au Venezuela, les armes sont partout, sauf dans les stades. « Grâce à Dieu, nous n’avons eu aucun mort » , confie, soulagé, un fonctionnaire de la Fédération vénézuélienne de football. « Ici, les barrabravas (bandes d’ultras, ndlr) n’ont pas de pouvoir, elles ne sont pas maîtresses des tribunes comme en Argentine. Là-bas, les groupes gèrent les billets et brassent beaucoup d’argent » , analyse-t-il.
Alors l’Avalancha Sur, plus bête que méchante ? « C’est avant tout un ramassis d’illettrés du football. Ils ne connaissent rien au jeu et à son histoire! Quand je suis arrivé dans le club, les mecs me demandaient : « T’es qui toi ? « » , confie une ancienne gloire du football vénézuélien venue pantoufler comme dirigeant au Deportivo. « Les gars en tribune copient les ultras argentins. Ils adoptent les mêmes chants, les mêmes percussions. Ils vont jusqu’à adopter leur accent ! Vous allez voir, bientôt il va y avoir des morts dans nos stades ! » Pari tenu. Les maillots roses, eux, ont été mis aux enchères. La vente a rapporté 32 000 bolivars (6 400 €) reversés à la lutte contre le cancer du sein. Une somme rondelette pour des maillots qui n’ont jamais été porté en compétition. Ils sentaient encore la lessive.
Par Pierre-Philippe Berson, à Caracas