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Les trois vies de Nemanja Vidic à Manchester
Après huit ans de présence dans le Nord de l’Angleterre, le Serbe d’acier Nemanja Vidić va quitter Manchester United à 32 ans et 15 trophées sur le CV. Arrivé sur la pointe des pieds à Old Trafford, Vidić aura connu trois périodes chez les Red Devils. Il part à l’Inter Milan au bon moment. Il laisse derrière lui les plus belles années de sa carrière.
Le rookie (2006-2007)
Nemanja Vidić débarque à Manchester United sous le sapin. Il signe le 25 décembre 2005 un contrat de deux ans et demi avec United. Officiellement, les Mancuniens ont soufflé le joueur du Spartak Moscou au nez de la Fiorentina contre un chèque de 7 millions de livres (10 millions d’euros). Officieusement, ils sont sur son dos depuis plus de deux ans. Vidić débarque en même temps que Patrice Évra. Comme Pat’, Vidić commence petit bras. Il découvre la Premier League, les arcades sourcilières en sang et les coudes décollés sur chaque duel aérien. Très vite, il raffole de cette débauche d’énergie. Le type colle son front là où les attaquants balancent leurs crampons. Il a vite compris que son nez ne restera pas d’origine très longtemps. Par contre, le défenseur central se construit tranquillement un palmarès, puisqu’il braque son premier titre de champion d’Angleterre lors de la saison 2006/2007, durant laquelle il s’invite 25 fois sur le pré. Il découvre aussi un certain Rio Ferdinand. Les deux hommes sympathisent. Le début d’une histoire d’amour entre les deux hommes. Cupidon s’appelle Sir Alex Ferguson.
Le patron (2007-2011)
En une saison et demie, le board de Manchester United a compris que le type était un crack. Acheter 10 millions d’euros un défenseur de cet acabit, c’est un gros coup. Très vite, Vidić signe une prolongation de contrat de cinq ans (jusqu’en 2012, donc) et domine l’Europe avec Rio Ferdinand à ses côtés. Manchester United gagne le championnat et la Ligue des champions. Dans les travées d’Old Trafford, on s’arrache les gadgets du « Serbinator » . Un tee-shirt avec le joueur dans une dégaine de paramilitaire avec une punchline : « Il est serbe et il est venu pour vous tuer. » C’est qu’en l’espace de deux ans, le faux lent a mis la moitié des attaquants de l’Europe dans son slip. Avec Rio Ferdinand, ils forment alors la « meilleure charnière centrale d’Europe » selon José Mourinho. Quand l’Anglais relance dans du velours, le Serbe mange son adversaire direct par son physique de déménageur (1m88, 85 kilos) et ses interventions viriles. En 2009, Vidić tient même Manchester United à lui tout seul, validant 14 clean sheets de suite en Premier League. En fin de saison, on parle de lui pour le titre de meilleur joueur de la saison. On mentionne le Ballon d’or avant la finale perdue contre le FC Barcelone en Ligue des champions. C’est le début du capitanat du joueur, qui devient un cadre du vestiaire des champions d’Angleterre. Ainsi, Vidić prend des habitudes. Comme celle de se faire expulser à chaque fois qu’il joue contre Liverpool, l’ennemi héréditaire des Red Devils. C’est une certitude, l’homme à la dégaine de psychopathe se sent bien dans le Nord de l’Angleterre. Tellement bien qu’en 2010, il prolonge jusqu’en 2014 alors que le Real Madrid lui envoie des cœurs. Vidić a 30 ans. Il est au sommet de sa carrière. On peut le faire jouer avec Chris Smalling, John O’Shea ou Wes Brown, il s’en cogne. Il gère. Vidić est alors au top…
L’agonie (2011-2014)
… et en général, la chute n’est pas loin. Elle arrive le 7 décembre 2011. Alors que Manchester United est en train de rater sa phase de poules de Ligue des champions, Vidić se fout le genou en l’air lors du match contre le FC Bâle. Sa saison est terminée. Hasard ou pas, United ne gagnera pas le titre en fin de saison. Le stoppeur va mettre un an à revenir. Ses premiers matchs sont catastrophiques, comme face à Fulham où il marque dans son but. À 31 ans, Vidić n’avance plus. Il n’est plus dans le rythme et le premier semestre de la saison 2012/2013 donne l’image d’un joueur dépassé par la vitesse des matchs anglais. Pis, il rechute en septembre. Toujours son genou. La machine est rouillée. Le corps n’est plus aussi solide qu’avant. C’est simple, Nemanja Vidić ne fait plus peur. C’en est gênant de le voir si loin de son niveau. L’homme a compris qu’il est temps de partir. En même temps, il a fait le tour de la question en Angleterre où il a tout gagné. Alors en février dernier, il confirme son départ pour l’Inter Milan à la fin de son contrat, qui expire en juin prochain. Contre Hull City, mercredi, il a droit à sa standing ovation et un vibrant hommage de la part de Sir Booby Charlton. Après tout, Manchester United dit au revoir à un homme qui aura porté le maillot rouge 299 fois pour 21 buts avant sa dernière sortie contre Southampton, cet après-midi. Un monsieur.
par Mathieu Faure