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Les trois clés du nouvel élan monégasque
Sans être toujours brillante, l'AS Monaco a retrouvé des vertus et sa place de dauphin grâce à une série de dix matchs sans défaite en Ligue 1. Décryptage en trois étapes du nouvel élan du club de la Principauté alors que les joueurs de Jardim pourraient mettre la pression sur l'OM et l'OL en cas de victoire ce vendredi soir contre Dijon.
1. Le retour de la force mentale
« La vérité, c’est qu’on a juste repris confiance. » En dehors des périodes de mercato, Vadim Vasilyev parle simple et ne ment pas. À force d’entendre le mot « confiance » à toutes les sauces dans la bouche des entraîneurs, joueurs et dirigeants, on pourrait croire à un élément de langage vide de sens. Mais à la vue des montagnes russes de la saison monégasque, difficile de nier l’évidence : après un très bon début de saison comptable et un gros creux au cœur de l’automne symbolisé par la déroute européenne, un déclic est survenu dans la tête des hommes de Jardim. Dans un match phare, une affiche du dimanche soir ? Non, l’histoire se passe parfois le samedi soir dans l’anonymat du multiplex.
Même si, à l’heure des comptes, la victoire renversante contre Lyon à Louis-II sera peut-être sur toutes les lèvres, le véritable tournant de la saison monégasque a en effet eu lieu le 9 décembre. Contre Troyes. Menés 2-0 contre le cours du jeu à vingt minutes du coup de sifflet final, les joueurs du Rocher avaient su retourner le score dans les derniers instants, offrant pour la première fois depuis longtemps le visage d’une équipe qui ne renonce pas quand ça tourne mal. Jardim avait célébré le but de la victoire de la même façon qu’il le fait dans toutes les grandes occasions : en accourant poings serrés vers ses joueurs. Sans cette victoire charnière, qui dit que l’équipe princière aurait eu les ressources psychologiques pour ensuite sauver un point du derby contre Nice ou crucifier Lyon à dix ?
2. Des recrues enfin dans le ton
Une passe laser en une touche lors du Trophée des champions et Moutinho était déjà à jeter, Bakayoko oublié… Les attentes se doivent toujours d’être tempérées quand de jeunes joueurs débarquent de championnats étrangers. Youri Tielemans, annoncé comme un crack, en est la preuve. Après sa petite friandise en ouverture de la saison, le milieu belge a eu du mal à exister. Fade, timide dans ses initiatives alors que sa faculté à frapper de loin était très attendue, on a bien cru le voir disparaître quand il s’est blessé. Mais l’ancien capitaine d’Anderlecht a fini par retrouver les terrains en 2018 au Vélodrome et a enchaîné face à Lyon et Angers des prestations de qualité, même si encore loin des spéculations de l’été. Tout aussi attendu que le Belge, Keita Baldé n’a pas démérité lors de la phase aller. Mais il n’avait pas encore offert à son équipe ce pour quoi il est venu : des actions de classe dans des moments clés. Ses buts face à Marseille et surtout Lyon en font un des soldats incontournables de la reconquête monégasque.
« Soldat » , le terme serait un peu fort pour Stevan Jovetić tant l’esthète a déserté les pelouses cette saison. Mais le talent ne meurt jamais et, après avoir suppléé brillamment Falcao contre Lyon, l’attaquant monténégrin a été auteur d’un match d’une classe folle à Angers, alliant le beau geste et l’efficacité. Si bien que l’absence de Falcao n’apparaît plus comme un souci majeur. Recrutement mineur de l’été, Adama Diakhaby a longtemps souffert de la comparaison de potentiel avec Saint-Maximin, qu’il est venu remplacer. Mais il a surtout souffert de prestations brouillonnes, qui l’ont vite mis sur le banc des joueurs « pas prêts » . Depuis début 2018, la mue est flagrante. Tranchant, utile dans la profondeur, juste techniquement et intelligent dans ses choix, il est redevenu une solution crédible aux yeux de Jardim. Rony Lopes n’a, lui, jamais cessé d’en être une depuis son retour au club et il monte en puissance au fil des mois, impulsant du dynamisme à l’attaque par son jeu tonique. Demeure malgré tout du côté obscur Rachid Ghezzal, toujours aussi élégant, mais trop peu mordant pour être rangé au rayon des satisfactions.
3. Le retour à l’essentiel
Libéré contre son gré de ses ambitions européennes, l’ASM a peu à peu digéré la claque et recentré ses objectifs sur l’essentiel : la seconde place en championnat et la Coupe de la Ligue, dont le chemin vers la finale s’est dessiné en trois petits matchs. Afin de se diriger au mieux vers les conquêtes prioritaires, les dirigeants monégasques ont écrémé l’effectif au mercato hivernal, se délestant notamment des « poids morts » que représentaient Kongolo et Meïté, peu utilisés par Jardim. Un resserrement des rangs qui a, par exemple, profité à Raggi, toujours présent quand il s’agit d’aller à l’essentiel et d’insuffler un peu de grinta et d’esprit de corps à un collectif qui en a parfois manqué.
Retrouver un groupe soudé et déterminé, c’était d’ailleurs le principal désir du coach portugais quand on lui parlait transfert : « La priorité, c’est de réduire le groupe, plutôt que de prendre des joueurs. Quand tu fermes le groupe, tout le monde est plus concentré. J’aurai dix-huit joueurs avec moi, plus un ou deux jeunes et ça ira très bien. Quand on est à vingt-cinq joueurs, tu en laisses toujours quatorze dehors. Ce n’est pas bon pour le projet du club et pas bon pour les joueurs eux-mêmes, car notre objectif est qu’ils progressent. » C’est ainsi que Carrillo a lui aussi quitté le club, après deux ans et demi de stagnation. La plus-value était, elle, quand même au rendez-vous. Signe que Monaco n’a pas perdu son mojo, sur et en dehors des terrains.
Par Christophe Depincé