- Mondial 2022
- Finale
- Argentine-France (3-3, 4-2 TAB)
Les tirs au but, un échec français
Comme en 2006, l'équipe de France s'incline en finale de Coupe du monde aux tirs au but. Cette fois-ci, le bourreau se nomme l'Argentine. Lors des deux séances, les gardiens de but de l'équipe de France n'ont pas brillé avec aucun arrêt. Pas une première pour Hugo Lloris.
Les supporters de l’équipe de France sont passés par toutes les émotions durant cette finale de Coupe du monde totalement folle face à l’Argentine. Et le sentiment qui a parcouru le corps des fans des Bleus au moment de la fin de la prolongation a probablement été la désillusion. Comme si tout le monde connaissait à l’avance le résultat de cette séance de tirs au but. Et malheureusement, il n’y a pas eu la moindre surprise, l’Albiceleste s’imposant 4 à 2 dans l’exercice sans qu’on connaisse l’identité des cinquièmes tireurs de chaque côté. Comment aurait-il pu en être autrement ? L’équipe de France n’a plus gagné une séance de tirs au but depuis 1998 et cette victoire face à l’Italie en quarts de finale du Mondial (0-0, 4-3 TAB). Il y a 24 ans donc.
Souviens-toi l’été 2006
Depuis cette séance en 1998, les Bleus ont disputé trois séances de tirs au but. En finale de Coupe du monde 2006 contre l’Italie, en huitièmes de l’Euro 2020 face à la Suisse et celle-ci contre l’Argentine. Le point commun entre ces trois défaites ? Il n’y a pas eu le moindre raté chez les tireurs adverses. La statistique fait mal : les 14 derniers tirs au but frappés contre la France en tournoi majeur ont tous été marqués…
Incroyable de se dire que les 14 derniers tirs au but frappés contre la France en tournoi majeur (Argentine 2022, Suisse 2021, Italie 2006) ont tous été marqués. Le dernier tir au but raté contre la France, c’est Di Biagio en 1998, il y a 24 ans…
— Éric Maggiori (@ericmaggiori) December 18, 2022
En étant le portier des deux dernières séances, Hugo Lloris a forcément sa part de responsabilité. Face à l’Argentine, le capitaine des Bleus a de nouveau montré ses limites dans l’exercice, partant toujours du mauvais côté ou en montrant une main molle sur le tir au but de Leandro Paredes qui était pourtant à sa portée. C’est bien simple, les Argentins n’avaient qu’à cadrer leur frappe pour avoir la garantie de marquer. Alors non, cela ne remet en aucun cas en cause la performance dans cette Coupe du monde de Lloris, qui aura été irréprochable, ni sa finale où il ne pouvait pas faire grand-chose sur les trois buts argentins. Pourtant, le nouveau recordman de sélections en équipe de France avait montré du mieux sur les penaltys ces dernières années en arrêtant celui de Ricardo Rodríguez lors du fameux match contre la Suisse à l’Euro ou en repoussant celui de Robert Lewandowski lors du huitième contre la Pologne avant de voir l’arbitre faire retirer le Polonais, car Lloris n’était pas sur sa ligne de but. On peut même ajouter le raté de Harry Kane où le fait que Lloris soit sur la trajectoire a peut-être obligé son coéquipier chez les Spurs à ajouter de la puissance et envoyer le cuir en tribunes. Sauf que pour les tirs au but, c’est une autre histoire. Pourtant, Lloris les avait évoqués en conférence de presse il y a quelques jours : « On a des moyens de s’améliorer. Aujourd’hui, avec les analystes, on a tous les éléments. Mais il y a une part d’aléatoire alors que les tireurs sont capables de frapper n’importe où. On peut mettre des choses en place, et il peut se passer tout autre chose. Il y a une part d’instinct et de feeling aussi. Certains gardiens excellent davantage que d’autres, ils ont leurs petits secrets. » Parmi eux, Emiliano Martínez ou Mike Maignan qui, s’il n’avait pas été blessé, aurait pu y être envoyé par Didier Deschamps.
Loin d’être une loterie
Après leur défaite face à la Suisse, Didier Deschamps, Hugo Lloris et Raphaël Varane avait tous parlé de « loterie » en évoquant les tirs au but. Cette nouvelle défaite des Bleus prouve que ce n’est absolument pas une loterie. Bien au contraire. Que ce soit concernant les gardiens donc, mais aussi des tireurs. Et cette fois-ci, ce n’est pas de la faute de Lloris si Kingsley Coman a manqué de calcium sur sa frappe et si Aurélien Tchouaméni a envoyé le cuir à côté. Avant la Coupe du monde, Luis Enrique avait demandé à ses joueurs de tirer au moins 1000 penaltys à l’entraînement : « J’imagine qu’ils ont fait leurs devoirs. C’est un moment de tension maximale, un moment où il faut montrer son sang-froid et montrer que l’on peut tirer le penalty de la façon dont on l’a décidé, si on l’a réalisé des milliers de fois. Je ne pense pas que c’est une loterie, une séance de tirs au but. » Finalement, cela n’avait pas empêché l’Espagne de s’incliner face au Maroc aux tirs au but en huitièmes de finale du Mondial. Mais si Didier Deschamps avait infligé le même exercice à ses joueurs, peut-être que les tireurs auraient moins eu les jambes qui tremblent. Et puis sur 1000 tirs au but, Hugo Lloris en aurait bien arrêté un.
Par Steven Oliveira