- Euro 2020
- Finale
- Italie-Angleterre (1-1, 3-2 TAB)
Les tirs au but, la lose anglaise
Gareth Southgate avait fait un gros travail avec son équipe, pourtant c’est dans l’exercice des tirs au but que les Anglais ont précipité leur chute pour échouer dans la conquête d'un premier Euro, 55 ans après la victoire lors du Mondial 1966.
Les tirs au but ont longtemps été source de cauchemars dans la tête des Anglais, en particulier pour Gareth Southgate. Tireur malheureux lors de la demi-finale de l’Euro 1996 perdue face à l’Allemagne, jouée à Wembley, le sélectionneur des Three Lions avait décidé de travailler l’exercice à 11 mètres dès mars 2018, à quelques mois du Mondial russe, pour tenter d’enrailler la terrible malédiction qui frappe les champions du monde 1966. Car entre 1996 et 2012, les Anglais avaient réalisé un zéro pointé dans l’exercice Euro et Coupe du monde confondus, s’inclinant successivement contre l’Allemagne, l’Argentine, le Portugal (deux fois) et l’Italie.
Alors que les Three Lions pensaient cette malédiction vaincue après le succès face à Colombie en huitièmes de finale du Mondial 2018, la lose était de retour sur la pelouse…. de Wembley. Pourtant bien placés après l’échec d’Andrea Belotti, les coéquipiers de Harry Kane ont complètement craqué, loupant leurs trois dernières tentatives, par trois joueurs entrés en cours de match. Le constat est terrible : l’Angleterre n’a remporté que 22% de ses séances de tirs au but en tournoi majeur, le plus faible total des équipes européennes ayant disputé au moins trois séances.
La concentration aux oubliettes
Mais comment les hommes de Gareth Southgate ont-ils pu perdre le fil de cette manière ? Eux qui ont tellement bossé cet exercice depuis l’arrivée de l’ancien défenseur de Crystal Palace, ont coulé sous la pression. Une pression qu’ils se mettaient lors de parties de minigolf, où les joueurs se criaient dessus pour travailler la concentration. Mais une fois encore, la concentration est partie en fumée, preuve que les tirs aux buts ne sont pas « une loterie » comme l’expliquait Gary Neville en 2004.
22% – L’Angleterre n’a remporté que 22% (2/9) de ses séances de tirs au but en tournoi majeur (Coupe du Monde/EURO), le plus faible pourcentage parmi les sélections européennes ayant disputé au moins 3 séances. Cruel. #ENG #EURO2020 pic.twitter.com/1bBLoyfddJ
— OptaJean (@OptaJean) July 11, 2021
Un échec symbolisé par Gareth Southgate, qui a décidé de lancer deux des cinq tireurs à la dernière minute (Sancho et Rashford). Ce dernier, habitué à exceller dans l’exercice à 11 mètres (coucou les Parisiens), est passé complètement à travers en envoyant sa frappe sur le poteau droit après une course d’élan aussi grotesque que prévisible. Un échec qui a fait mal aux têtes anglaises, notamment à Jadon Sancho et ses pieds tremblants, qui a planté une épine de plus dans les pieds des Three Lions en butant sur Gigio Donnarumma.
Pourquoi Saka ?
Et que dire du malheureux Bukayo Saka ? A 19 ans, le Gunnera été désigné cinquième tireur par Gareth Southgate, alors qu’il n’avait jamais tiré un pénalty de sa carrière, contrairement à des joueurs comme Harry Kane ou Harry Maguire, habitués à résister à la pression. Le sélectionneur a eu tout faux sur cette séance, alors qu’il prépare ses hommes depuis plus de trois ans sur l’exercice, notamment en établissant à l’avance un ordre évolutif des tireurs, en s’entraînant dans les conditions réelles (jambes lourdes et têtes vides de lucidité) et en soumettant ses joueurs à des tests psychométriques pour évaluer leur capacité à frapper sous pression. Si l’Angleterre doit son excellent parcours à son sélectionneur, ce dernier s’est brûlé les doigts en tentant un pari fou, et a prouvé que cette malédiction des tirs au but n’est jamais vraiment partie.
Par Analie Simon