Les souvenirs de l’équipe de France au Parc des Princes

Le plus iconique : France 2-0 Espagne

Finale de l’Euro, 27 juin 1984

On joue la 57^e minute de cette finale de l’Euro 1984 tendue à souhait quand la France déchire son étiquette de reine de la lose. C’est à ce moment précis que Michel Platini signe probablement son but le plus chanceux, mais également le plus célèbre, en voyant Luis Arconada, le gardien de la Roja, se trouer sur un coup franc banal du numéro 10 des Bleus. Une boulette légendaire qui sera suivie du but du break inscrit par Bruno Bellone, auteur d’un ballon piqué dans le temps additionnel pour faire exulter les 47 368 spectateurs du Parc des Princes et offrir un premier titre international à l’équipe de France sous la houlette de Michel Hidalgo. Magique.

Le plus traumatisant : France 1-2 Bulgarie

Éliminatoires de la Coupe du monde, 17 novembre 1993

L’histoire a été racontée 1000 fois, voire même plus. Chaque match contre la Bulgarie est d’ailleurs une bonne occasion pour réveiller les vieux démons de cette soirée de novembre 1993 durant laquelle près de 50 000 âmes présentes au Parc des Princes ont vu Emil Kostadinov crucifier les Bleus à la 90^e minute d’une rencontre capitale pour aller au Mondial. Un cauchemar pour toute une génération. Un enfer pour David Ginola, aussi, coupable d’avoir centré et accusé d’avoir commis « un crime contre l’équipe » par le sélectionneur de l’époque, Gérard Houllier. Résultat, les Bleus n’auront pas vu l’Amérique à l’été 1994, et tout le monde a oublié le but marqué par Éric Cantona en première période. Son avant-dernier sous le maillot de l’équipe de France.

Le plus facile : France 8-0 Luxembourg

Éliminatoires de la Coupe du monde, 17 décembre 1953

Le plus large succès des Bleus au Parc des Princes. Après dix minutes de jeu, la France mène déjà 3 à 0 avec une réalisation précoce de Jean Desgranges et les deux premiers buts de Jean Vincent sous la tunique flanquée du coq. Mais c’est surtout un jeunot de 20 piges qui marque les esprits au cours de cette rencontre largement dominée par les Français. Son nom ? Just Fontaine. Le nouvel attaquant de l’OGC Nice enfile le maillot bleu pour la première fois de sa carrière et se distingue en inscrivant… un triplé ! Il faudra ensuite attendre près de cinq ans pour le voir de nouveau faire trembler les filets avec l’équipe de France, le 13 mars 1958 contre l’Espagne, quelques mois avant sa mythique Coupe du monde 1958.

Le plus renversant : France 4-5 Yougoslavie

Demies de l’Euro, 6 juillet 1960

Le premier match de l’histoire des Bleus à l’Euro n’est pas un excellent souvenir. À l’été 1960, la première édition de la compétition se dispute en France, mais l’aventure s’arrête brutalement en demi-finales contre la Yougoslavie pour le pays hôte devant plus de 25 000 spectateurs au Parc des Princes. Privée de Raymond Kopa et Just Fontaine, la bande à Batteux avait pourtant fait le plus dur en prenant les devants à l’heure de jeu (4-2) après le quatrième pion signé François Heutte. Mais en quatre minutes chrono, patatras. Malgré un trajet de 28 heures de car dans les pattes, les Yougoslaves renversent la situation entre la 75^e et la 79^e avec une réalisation de Knez et un doublé de Jerković. « À 4-2, j’aurais pourtant parié ma fortune que nous jouerions la finale », dira plus tard le sélectionneur tricolore. C’était compter sans la fébrilité défensive de son équipe et la passivité de son gardien Georges Lamia.

Le plus humiliant : France 0-15 Angleterre B

Amical, 1^er novembre 1906

Plus d’un an après son premier match (une victoire 1-0 contre la Suisse) dans l’enceinte parisienne, l’équipe de France retrouve le Parc des Princes pour y affronter une Angleterre bis, les dirigeants britanniques n’estimant pas nécessaire d’envoyer leurs meilleurs joueurs à Paris pour se frotter aux novices français. Ce qui n’a pas empêché les Anglais de ne faire qu’une bouchée des Bleus, vêtus en rouge pour cette défaite historique : 15-0 ! Un sextuplé de Harris, un quadruplé de Woodward, et un véritable calvaire pour les supporters tricolores en tribunes. L’histoire raconte que ce même Woodward aurait fait exprès de manquer son penalty à la 66^e minute afin que l’Angleterre inscrive l’intégralité de ses buts dans le jeu. Outch.

Le plus samba : France 1-0 Brésil

Amical, 1^er avril 1978

Non, ce n’est pas un poisson d’avril, la France a bien battu le Brésil. Une première dans l’histoire de la sélection tricolore, moins d’un an après un nul encourageant au Maracaña (2-2). Dans un Parc des Princes chauffé à blanc, avec près de 50 000 spectateurs, les Français résistent longtemps aux assauts de la Seleção de Zico, grâce notamment à de nombreux sauvetages de leur gardien, Bertrand-Demanes. Puis vient la 86^e minute, et ce tir croisé gagnant de l’inévitable Platini à la suite d’un centre de Petit. Sans le savoir, le Brésil chute dans son maillot à trois étoiles (sa deuxième défaite en 29 rencontres sur la période) à une quinzaine de kilomètres de Saint-Denis, où les Bleus remporteront leur premier titre mondial 20 ans plus tard dans une enceinte qui n’existe pas encore à l’époque.

Le plus libérateur : France 3-1 Belgique

Amical, 24 décembre 1944

Faites du foot, pas la guerre. À la veille de Noël, le 24 décembre 1944, la France libérée et la Belgique se retrouvent sur le terrain du Parc des Princes pour jouer « le match sympathique » , plus symbolique que jamais. Si les Bleus ont joué quelques rencontres pendant la guerre, celle-ci doit être la partie du renouveau après l’occupation entre deux pays meurtris et amis. Puisqu’il est question de symboles, il n’est pas étonnant de voir Henri Arnaudeau et André Simonyi, les deux seuls rescapés de l’équipe de France de 1942, marquer les deux premiers buts de la partie, avant celui d’Alfred Aston et la réduction de l’écart du score de De Wael en toute fin de rencontre. Pour un résultat anecdotique, tant les enjeux de ces retrouvailles étaient ailleurs.

Le plus fondateur : France 2-0 Pays-Bas

Éliminatoires de la Coupe du monde, 18 novembre 1981

Six ans après son arrivée sur le banc de l’équipe de France, Michel Hidalgo frappe un grand coup. Dans la course à la qualification pour le Mondial 1982, les Bleus doivent battre les Pays-Bas et Chypre pour décrocher leur ticket pour l’Espagne. Ce soir de novembre, le sélectionneur décide d’aligner un trio composé de Platini, Giresse et Genghini dans l’entrejeu pour venir à bout des Oranje de Neeskens. Mission accomplie : la France s’impose grâce à un coup franc somptueux de Platoche et un pion de Didier Six. Un succès important pour la génération Platini et le point de départ d’une très belle histoire.

Le plus violent : France 2-0 Angleterre

Amical, 29 février 1984

Dans cette rencontre comptant pour du beurre, les Bleus s’imposent 2 à 0 face à l’Angleterre, avec un doublé de Michel Platini. Seulement, le résultat passe rapidement au second plan tant l’atmosphère au Parc des Princes et dans ses alentours est nauséabonde. La soirée est marquée par de nombreux affrontements entre hooligans anglais et des jeunes skinheads parisiens, dont fait partie Serge Ayoub, le fondateur du groupuscule d’extrême droite Jeunesses nationalistes révolutionnaires (JNR), qui sera finalement dissout vingt ans plus tard après la mort de Clément Méric. En février 1984, les violences en marge de France-Angleterre font des dizaines de blessés et laissent une image navrante du ballon rond.

Le plus récent : France 6-0 Australie

Amical, 11 octobre 2013

Ce soir d’octobre 2013, la deuxième rencontre des Bleus au Parc des Princes au XXI^e siècle tourne à la démonstration. Dans un match sans enjeu à quelques jours d’un rendez-vous capital contre la Finlande sur la route du Mondial 2014, la bande de Didier Deschamps récite sa partition à la perfection contre une Australie très faible, et pas vraiment aidée par le penalty gracieusement offert aux locaux et transformé par Ribéry en début de partie. La suite, c’est une balade pendant laquelle Giroud signe un doublé, avant de voir son copain Benzema planter lui aussi pour mettre fin à une disette de 1222 minutes sous le maillot tricolore. Les autres buteurs se nomment Cabaye et Debuchy pour un 6-0 bouclé dès la 51^e minute de jeu. Huit ans plus tard, Lloris, Benzema et Zouma s’apprêtent à retrouver le Parc avec les Bleus, samedi soir. Avec le même enthousiasme ?

Ils auraient également pu être cités : France-Écosse, septembre 2007 ; France-Suisse, février 1905 ; France-URSS, juin 1967 ; France-Tchécoslovaquie, mars 1976 ; France-Brésil, mai 1981 ; France-Uruguay, août 1985 ; France-Argentine, mars 1986 ; France-Belgique, mars 1992 ; France-Israël, octobre 1993, etc.

« Cette équipe de France rend hommage au foot de quartier »