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Les sept péchés de la capitale

Par Nicolas Jucha
8 minutes
Les sept péchés de la capitale

Depuis 2011, QSI aspire à gagner la Ligue des champions avec le PSG. Mais depuis bientôt sept saisons, la même histoire se répète en boucle : une élimination avant le dernier carré de la C1, assortie parfois de circonstances aggravantes. Parce que Paris pèche à plusieurs égards.

1. Avoir annoncé vouloir gagner la Ligue des champions

Quand QSI débarque à Paris à l’été 2011, la déclaration d’intention n’est pas de battre le record du nombre de victoires en Coupe de la Ligue. Le directeur sportif Leonardo annonce de facto que l’ambition est de prendre un abonnement en Ligue des champions. Tacitement, tout le monde comprend qu’il s’agit non pas de participer, mais de gagner. Ce que Nasser Al-Khelaïfi officialise début 2013 dans une interview au Parisien : « On ne peut pas rivaliser tout de suite avec le Real ou le Barça. En arrivant à Paris en juin 2011, nous nous sommes donné cinq ans pour faire partie du top niveau européen et pour gagner la Ligue des champions. Il nous reste donc trois ans pour y parvenir. » Deux ans après la deadline, le PSG n’a pas encore atteint une seule demi-finale et reste sur deux humiliations contre ses rivaux annoncés.

Le contre exemple à suivre : L’AJ Auxerre de Guy Roux, qui chaque année prétendait jouer le maintien pour finir dans les places qualificatives européennes. On se foutait de sa gueule en août, pas en mai.


2. La présentation de Zlatan au Trocadéro

Le premier mercato du PSG version QSI n’était qu’un apéritif, avant le plat de résistance Zlatan Ibrahimović en juillet 2012. Déjà trentenaire, déjà joueur accompli, le Suédois débarque de l’AC Milan et représente la première recrue estampillée « joueur de classe mondiale » pour QSI. Le Scandinave a le droit à un bain de foule au Trocadéro. En soi, le coup de communication est parfait, la direction parisienne a trouvé une incarnation à ses ambitions. Mais en même temps qu’il passe un cap, le PSG ouvre la boîte de Pandore. Car Zlatan dans la place, ce sont les joueurs qui prennent définitivement le pouvoir. En conférence de presse, le Suédois peut faire référence à son coach Laurent Blanc en l’appelant par son prénom. À la fin de son bail, il s’auto-proclame « légende » et quitte la pelouse du Parc face à Nantes, quand bien même Laurent Blanc n’a plus la possibilité de le remplacer. Un symptôme d’une tendance plus large chez les « cadres » comme Thiago Silva, à se sentir plus important que l’entraîneur. Selon un joueur de l’effectif sous Laurent Blanc, interrogé par L’Équipe, le capitaine brésilien ne prenait « jamais la parole en groupe » . Pour préférer « discuter directement avec les dirigeants. Quand il a quelque chose à dire, il appelle directement Nasser Al-Khelaïfi sur son portable. » Ou comment parasiter l’autorité du coach et s’étonner qu’Hatem Ben Arfa hèle directement l’émir du Qatar…

Le contre exemple à suivre : Florentino Pérez qui chope Cristiano Ronaldo devant des caméras en novembre 2015 pour lui demander « pourquoi tu as dit que tu voulais partir ? » après une interview où le Portugais se plaignait de sa situation. Quintuple Ballon d’or ou pas, CR7 est reparti avec une petite claque et la queue entre les jambes. Sans les caméras, cela aurait été la fessée cul nu.


3. L’ultimatum à Carlo Ancelotti en 2013

Janvier 2013, Leonardo vient de couper la tête de son entraîneur Antoine Kombouaré, leader de Ligue 1, et intronise Carlo Ancelotti. Victime de la hype Montpellier, le PSG termine second en championnat. La saison suivante est poussive, mais Paris décroche le titre, et réalise probablement son meilleur parcours européen, avec une défaite la tête haute contre le FC Barcelone en quarts de finale de la C1. Les progrès du PSG sont tangibles, les ambitions européennes deviennent réalistes… Mais Carlo Ancelotti décide de rendre son tablier en fin de saison. Explications en 2014 dans les colonnes de So Foot : « On n’a pas fait du mauvais boulot puisqu’on a remporté le championnat de France, mais les dirigeants n’étaient pas contents pour autant. C’est à partir de là que j’ai noté qu’ils ne pensaient plus au projet, mais plutôt aux résultats immédiats. Ils étaient impatients, alors que le PSG a besoin de continuer à travailler sur le moyen et le long terme. Le club ne devrait pas penser à gagner tout de suite la Ligue des champions. Quand j’étais là-bas, chaque match que nous perdions débouchait sur des engueulades. » Avec notamment un ultimatum en mars 2013 après une défaite à Reims. Mars, moment où le Mister avait déjà décidé qu’il ne coacherait plus le PSG. Un vrai tournant dans l’histoire récente du club, qui a perdu alors le technicien le plus à même de lui faire gagner la Ligue des champions.

Le contre-exemple à suivre : Manchester City qui maintient Pep Guardiola avec les pleins pouvoirs malgré une saison 2016-2017 merdique, avec en point d’orgue l’échec en Ligue des champions contre Monaco. Sous réserve de confirmation, hein…


4. La gestion merdique de l’affaire Périscope

Dimanche 14 janvier 2016, Serge Aurier se fait plaisir sur Périscope, pépouze. Sauf que le Franco-Ivoirien est un peu trop détendu, au point de qualifier son N+1 de « fiotte » . Le séisme est de magnitude 10 sur l’échelle de Richter : le joueur fait le bad buzz, son entraîneur est totalement discrédité, et la direction ne tape pas vraiment du poing sur la table, avec une simple vidéo d’excuses imposée au joueur, en plus de sa mise à l’écart provisoire. Alors que Marquinhos assure un bel intérim comme latéral droit, Laurent Blanc se résout à relancer son Ivoirien face à Manchester City en quarts de finale de C1. Un pari perdant à double titre, puisque le PSG se fait sortir sans gloire, et Blanc perd les derniers reliquats de confiance que lui concédait sa direction. Quand, dans la plupart des gros clubs que Paris veut égaler, Serge Aurier aurait été mis au pilori quelle que soit sa valeur marchande.

Le contre-exemple à suivre : Florentino Pérez aurait chopé Serge Aurier dans un couloir sombre, lui aurait demandé « qui c’est la fiotte ? » , avant d’enchaîner un coup de tête dans le nez, suivi d’une balayette et d’un crachat. Ou de demander à un membre de son service d’ordre de le faire pour lui. Le tout suivi d’un gel de salaire de six mois, couplé à un séjour jusqu’en fin de saison en CFA et à des travaux d’intérêt général dans un collège difficile à Sevran.


5. Le recrutement foiré de l’été 2016

À l’été 2016, Paris et son directeur sportif Patrick Kluivert réalisent probablement le pire mercato depuis 2011, alors qu’il faut lancer un nouveau cycle après le départ d’Ibrahimović. Aucun joueur de classe mondiale ne signe, au contraire de plusieurs futurs flops : Grzegorz Krychowiak, 34 millions d’euros dans les caisses du FC Séville, Jésé, payé 28 millions d’euros au Real alors qu’il ne lui reste qu’un an de contrat, ou encore Hatem Ben Arfa, libre de tout contrat, mais honoré d’un salaire XXL. Un an et demi plus tard, les deux premiers ont été parqués à West Bromwich et Stoke City. Le troisième est au placard dans la capitale. Seul Thomas Meunier, recruté pour « seulement » 7 millions d’euros à Bruges, a fait son trou, tout comme Giovani Lo Celso, arrivé contre un chèque de 14 millions d’euros pour Rosario Central. Ou comment, en un été, les lacunes du recrutement parisien depuis 2011 ont été soulignées : peu de vraies trouvailles (Verratti, Matuidi), et beaucoup d’erreur de castings qui passeraient pour des échecs industriels ailleurs (Pastore, Lucas, Lavezzi…).

Le contre-exemple à suivre : Le Bayern Munich, qui ratisse en priorité tous les bons joueurs potentiels en Allemagne, avant de casser sa tirelire pour quelques vraies plus-values sportives.


6. L’anniversaire de Neymar aux Champs-Élysées

Début février, à quelques jours du match aller contre le Real Madrid, ce n’est pas la future compo d’équipe d’Unai Emery qui importe, mais les 26 ans de Neymar Jr. La star du PSG organise les festivités dans le 1er arrondissement de Paris, avec près de 250 convives. Une mise en scène digne d’un Festival de Cannes, le tapis rouge en moins. Sauf que le Brésilien n’est pas acteur, mais joueur de foot. Dix jours plus tard à Santiago Bernabéu, Paris tient la dragée haute au Real pendant 75 minutes avant de s’écrouler. La suite, on la connaît : Neymar n’a pas été décisif à l’aller, s’est blessé avant le retour, et l’équipe d’Unai Emery n’a pas répondu présente le jour J. Ou comment le club de la capitale a inconsciemment laissé l’image prendre le pas sur le sportif, le bien-être de ses joueurs avant la priorité sur leur compétitivité, le glamour en coulisses avant l’efficacité sur la pelouse. En soi, la fête d’anniversaire de Neymar est une activité privée et donc libre. Mais dans une institution de l’envergure que le PSG revendique, à quelques encablures de la double confrontation clé de sa saison, on aurait facilement pu imaginer que Nasser Al-Khelaïfi impose un minimum de discrétion à ses hommes.

Le contre-exemple à suivre : Au Bayern Munich, Neymar Jr et ses coéquipiers auraient eu le droit à une pinte de bière à 20h, une tisane à 21h, et un couvre-feu à 22h.


7. Croire que la culture de la victoire peut s’acheter

Chaque année, la même rengaine. Paris se fait sortir en quarts de finale, ou depuis deux ans en huitièmes. Et à chaque fois, les spéculations tournent autour des joueurs à dégager, et ceux à recruter pour accroître les chances du PSG de remporter la Ligue des champions. Or, le club de la capitale a claqué 400 millions d’euros cet été pour aucun progrès significatif dans les matchs charnières du printemps. La preuve qu’une culture de la victoire ne peut s’acheter, mais doit se construire. Conséquence de ce recours au carnet de chèques systématique pour régler ses problèmes, le PSG n’a quasiment fait progresser aucun joueur depuis 2011, à quelques exceptions près (Verratti, Matuidi, Meunier). Au contraire, cette tendance à chercher des solutions ailleurs, le PSG a laissé filer une flopée de vrais talents (Coman, Zagadou, Dembélé) qui auraient pu rendre service sur le terrain, mais aussi renforcer une culture club encore trop fragile aujourd’hui. Quand bien même Casemiro débarquerait en sentinelle et Marcelo en arrière gauche, les deux seraient capables de régresser façon Krychowiak, Digne ou Kurzawa. En clair, au lieu de recruter des « sauveurs » à grands frais, Paris devrait se poser les vraies bonnes questions à propos de ses carences actuelles.

Le contre-exemple à suivre : L’Atlético de Madrid qui, avec des moyens moindres, a déjà vécu deux finales de Ligue des champions depuis l’arrivée de QSI à Paris.

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