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Les scénarios de France-Ukraine

Par Eric Maggiori
8 minutes
Les scénarios de France-Ukraine

Ce soir, la France joue sa qualification pour le Mondial (et bien plus que ça) lors du match retour face à l’Ukraine. Battus 2-0 au match aller, les Bleus vont devoir réaliser un exploit. Voilà les possibles scénarios de ce qui restera, de toute façon, comme une soirée folle.

Scénario 1 : Le happy end

La France a donc deux buts à rattraper. Trois pour se qualifier. Évidemment, tous les joueurs ont préparé ce grand rendez-vous avec une motivation extrême, et attaquent la rencontre avec la bave aux dents. Deschamps, au pied du mur, aligne un 4-4-2 des plus offensifs, avec Benzema et Giroud en pointe. Lors des premières minutes, les Français attaquent comme des morts de faim, et les Ukrainiens se retrouvent acculés dans leur camp. 12e minute, Khacheridi fait faute sur Valbuena. Pénalty. Ribéry se charge de la sentence, et transforme. 1-0. On avait rarement vu une équipe de France si motivée. Peu après la demi-heure, c’est Pogba qui allume une mèche. Le ballon s’écrase sur le poteau, mais Giroud le pousse au fond des filets. 2-0, c’est le score à la pause. DD fout des tartes à ses joueurs à la pause pour leur mettre encore plus la rage. Et ça fonctionne. Dès l’entame de la seconde période, Benzema claque le troisième but, celui de la potentielle qualification. Les Ukrainiens sont déboussolés, mais tentent d’attaquer. Ils se procurent quelques occasions, mais la défense des Bleus, formée de Sakho et Varane, est vigilante. Il reste dix minutes lorsque Ribéry part comme une fusée sur son aile gauche, déborde et centre en retrait pour Benzema, qui inscrit le quatrième but. Le Stade de France est en liesse, Pascal Praud fait une attaque et la soirée se termine dans les larmes de joie des joueurs français, qui brandissent chacun un T-shirt « Merci de nous avoir soutenus, rendez-vous au Brésil » . Et tout le monde vient leur faire des bisous, même Daniel Riolo.

Scénario 2 : Le thriller qui finit bien

90 minutes pour se qualifier. 90 minutes où tout peut arriver. Les Bleus attaquent le match tambour battant, avec la ferme intention de faire la différence rapidement. Il faut marquer vite : c’est la consigne de Didier Deschamps. La première occasion est pourtant ukrainienne, mais Lloris sauve les meubles. Au quart d’heure de jeu, sur un coup franc de Valbuena, Sakho s’élève plus haut que tout le monde et smashe sa tête au fond des filets. Le Stade de France explose. Plus qu’un but, et la France aura fait son retard. Le temps passe, les minutes s’écoulent, et ce deuxième but n’arrive pas. Les Ukrainiens mettent le fameux bus devant leur cage, avec une mission : rien ne doit passer. Ça tient, ça tient, mais la France pousse. Deschamps fait entrer Rémy. Joker gagnant. À deux minutes de la fin, l’ancien Marseillais slalome dans la surface et trompe Pyatov. 2-0, les Bleus arrachent la prolongation. Une prolongation déconseillée aux cardiaques. On joue seulement depuis trois minutes lorsque Pogba prend ses responsabilités à 25 mètres. Pan, un missile dans la lunette. 3-0. Merci au revoir ? Bah non. À la 104e minute, sur un corner concédé bêtement par Debuchy, l’Ukraine marque et glace le Stadium of France. À 3-1, c’est bien l’Ukraine qui passe. Les jambes sont lourdes mais il faut repartir de l’avant. Ribéry prend ses coéquipiers sur les épaules, il gueule, il harangue la foule. 118e minute, cafouillage dans la surface ukrainienne, le ballon rebondit sur la main de Benzema, et Matuidi propulse le ballon au fond des filets. C’est l’apothéose, le grand final d’un match fou qui envoie la France au Brésil. Double prime pour tout le monde. Et une cure de trois semaines pour Deschamps à la maison de repos « Le Trèfle Bleu » , dans le 17e arrondissement de Paris. Avec interdiction pour lui d’allumer la télé et de lire les journaux.

Scénario 3 : Le thriller qui finit mal

Le sélectionneur national, Didier Deschamps, a été clair : surtout ne pas prendre de but. En effet, pas besoin d’être bon en calcul pour comprendre qu’un but ukrainien serait quasiment éliminatoire pour les Bleus. Du coup, l’entame de match est crispée. Pogba, qui veut mettre tout le monde d’accord, met une grosse semelle à un Ukrainien et récolte un jaune dès le 8e minute. Puis c’est au tour d’Évra de prendre sa biscotte. Peu d’occasions alors que la mi-temps approche. Mais à la 44e minute, Ribéry se rappelle qu’il est en course pour le Ballon d’or, et invente une passe décisive géniale pour Benzema, qui ouvre le score. La première mi-temps se termine ainsi, avec le plein d’espoirs pour les Bleus. Il faut donc marquer le deuxième lors des 45 dernières minutes. Le jeu des Français est brouillon, et tout bascule lors qu’à la 53e minute, Évra tacle Yarmolenko dans la surface. Pénalty, deuxième jaune pour le capitaine des Bleus et donc expulsion. Pierre Ménès descend en courant sur la pelouse pour venir le narguer et faire 8 jongles devant lui. Tout ça ne perturbe pas Yarmolenko, qui transforme. 1-1. C’est fini. Il faudrait un miracle, d’autant que la France est à dix. Mais l’impossible va se produire. Les Bleus, avec un genou et demi à terre, trouvent les ressources pour relever le front, à l’orgueil. Giroud redonne espoir à tout un peuple à 20 minutes du terme. On y croit à nouveau. Le Stade de France devient carrément un chaudron (si si) lorsque Sissoko inscrit le troisième pion, à la 84e minute. 3-1, il faut encore un but. C’est Fort Alamo sur le but ukrainien (Fort Alamenko, du coup), une pression folle. Pyatov sauve l’Ukraine sur une tête de Giroud. Quatre minutes de temps additionnel, les quatre minutes les plus longues. Sur le dernier corner, tout le monde monte, même Lloris. Mais Pyatov capte le cuir, le relance dans les pieds de Zozulya, qui tire du milieu du terrain et marque dans le but vide. 3-2, la France est éliminée. Mais a gagné au moins une chose : des couilles.

Scénario 4 : Le film d’horreur

Les Bleus ont à disposition 90 minutes pour inverser la tendance. Il faut renverser le résultat du match aller. Peu importe comment, il faut s’imposer. Oui, sauf que les joueurs de Didier Deschamps entament la rencontre tête baissée, en oubliant presque qu’il ne faut pas seulement attaquer, mais aussi défendre. Et au bout de huit minutes, la douche froide. Les Ukrainiens se présentent à trois contre deux devant la défense française, et ouvrent le score par une frappe de Zozulya. La France doit désormais en marquer quatre, mais elle y croit encore. Ribéry prendre les choses en main, mais lors d’un déboulé sur l’aile gauche, le joueur de Bayern se tord la cheville et doit quitter la pelouse. Cela semble écrit : ce match doit prendre la tournure typique du match cauchemar. Benzema frappe le poteau extérieur sur un coup de tête, suite à un centre d’Évra. Mais à la pause, le score est toujours de 1-0. Du coup, Deschamps démissionne, et est remplacé par Aimé Jacquet, qui lance aux joueurs : « Vous avez peur ? Bah vous allez perdre les gars » . Effectivement, dès le début de la seconde période, l’Ukraine double la mise. Jacquet fait sortir Évra et Benzema pour faire entrer Liza et Trezeguet. Choix gagnant puisque Trezeguet claque immédiatement une belle reprise de volée dans la lucarne. Mais bon, 2-0 ou 2-1, ça ne change pas grand-chose, surtout lorsque Yarmolenko fait tomber Sakho sur les fesses et trompe Barthez (bah quoi ?) d’une frappe croisée. 3-1. L’humiliation est complète. La France n’ira pas au Brésil. Jacquet, lui, y va. Après le match, il est nommé sélectionneur du Cameroun.

Scénario 5 : Le scénario lynchien

On joue la 92e minute de ce France-Ukraine. Les Bleus mènent 3-1. C’est l’Ukraine qui est qualifiée. Mais l’arbitre de la rencontre vient de siffler un pénalty en faveur de la France, pour une main de Rotan dans la surface. C’est l’un des moments les plus dingues de l’histoire du foot français. Un but, et c’est le Brésil. Une erreur, et ce sont deux ans et demi de matchs amicaux. Il faut un mental d’acier. C’est Franck Ribéry qui s’approche du ballon, et qui le prend dans ses mains. Le Stade de France retient son souffle. Mais tout à coup, Nasri arrive. Il prend les ballons des mains de Ribéry et lui fait le signe « chut » en mettant son doigt sur la bouche. Le public est incrédule. Nasri regarde la foule et est interpellé par deux voix qui proviennent des gradins : « À deux ! À deux ! » lui hurlent Robert Pirès et Thierry Henry. Nasri répond par un hochement de tête. Il prend sa course d’élan et, au moment de frapper, décale le ballon pour Ribéry. Pyatov tombe dans le panneau et plonge, Ribéry déboule et marque d’un plat du pied dans le but vide. Les Ukrainiens prennent d’assaut l’arbitre pour que le péno soit retiré. Mais tout a été fait dans les règles. Tout le monde pète un câble, l’arbitre se prend une droite, puis c’est bagarre générale, avec notamment Luis Suárez qui déboule sur la pelouse juste pour aller mordre Évra. Pluie de cartons rouges, les instances de la FIFA interviennent. Le lendemain, la sanction tombe : les deux nations sont éliminées du Mondial. On repêche donc les trois pays éliminés lors des barrages : la Suède, la Roumanie et l’Islande. C’est fini l’ordre alphabétique qui prime. L’Islande part au Brésil. Fou.

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