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Les Sapinas de Noël

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Les Sapinas de Noël

Depuis près d’un mois, comparaît devant la justice l’homme en noir le moins fiable du foot allemand ainsi que cinq autres personnes, dans le cadre de la plus grosse affaire de corruption du foot allemand depuis plus de trente ans. Le tribunal, présidé par Gerti Kramer, entourée de deux assesseurs et trois jurés, a commencé les auditions des 170 témoins qui seront appelés à la barre durant les 18 journées d'audience prévues. Le procès devrait s’étendre jusqu’au 29 décembre.

Un procès retentissant
Les justiciables ont pris place dans une salle d’audience aux allures de fourmilière ; sous les sunlights, la justice ! Robert Hoyzer, 26 ans, est accusé de fraude. C’est lui qui a jeté le pavé dans la marre en dévoilant l’existence de ce qui deviendra « l’Affaire Hoyzer » .L’arbitre Dominik Marks, l’ancien joueur du FC Chemnitz Steffen Karl et trois nébuleux frères croates (les Sapina) accusés de diriger un cercle de parieurs privé, sont également jugés à Berlin.
Hoyzer, arrivé en tax à son procès, costard 3 pièces et lunettes noires sur le nez, a donc admis avoir reçu la coquette somme de 67.000 euros pour fausser des matches du championnat allemand : « les accusations publiques portées sur moi sont vraies, pour l’essentiel. » Clair et concis. Une faute avouée mais pas pardonnée puisque l’arbitre à la carrière filante a été suspendu à vie par la Fédé allemande (DFB) au mois d’avril dernier. L’air visiblement décontracté, il a écouté la lecture de l’acte d’accusation – un résumé de 32 pages – par l’un des deux magistrats du ministère public.
Vingt-trois matches, disputés entre le 10 avril et le 3 décembre 2004, font l’objet de manipulations ; pour l’essentiel, des rencontres de 2ème et 3ème division mais aussi une rencontre du championnat turc (Ankaragücu-Galatasaray), ainsi qu’un match de Coupe d’Allemagne, entre Hambourg, qui évolue parmi l’élite, et Paderborn, une équipe qui zone en 3ème division. L’outsider s’était imposé grâce notamment à deux penaltys accordés très généreusement par l’arbitre (vendu). Petit flash back sur le déroulement de cette rencontre disputée le 21 août 2004, véritable point névralgique de ce procès.Daniel Van Buyten et sa petite troupe mènent rapidement 2-0 ; à la 39ème minute, le sifflet du petit Robert fait chavirer la rencontre : il accorde un penalty paranormal à la modeste formation avant d’exclure le joueur belge pour insultes à son égard. S’ensuit un nouveau penalty pour une improbable équipe de Parderborn, qui littéralement régénérée l’emporte finalement 4-2. A l’époque, la société Oddset, qui gère les paris sportifs en Allemagne depuis 1922, alerte la DFB de mises anormalement élevées sur la victoire de Paderborn. Mais la fédé allemande classe l’affaire, faute de preuves tangibles. Pourtant, l’arbitre corrompu, et peu discret, était aperçu peu avant la rencontre dans un bureau de paris, essentiellement fréquenté par des Croates. Là, un petit veinard venait de remporter la somme de 500.000 euros en jouant le petit poucet gagnant. Et le cas Hoyzer n’est pas isolé. Selon le parquet berlinois, 25 personnes, parmi lesquelles 4 arbitres et 14 joueurs professionnels, sont actuellement suspectées de pratiques frauduleuses. Peu de temps après la révélation de son affaire, Hoyzer balance. Il accuse l’arbitre Juergen Jansen d’avoir été payé pour arranger la rencontre Kaiserslautern-Fribourg, programmée le 27 novembre 2004, s’étant achevée par une étonnante victoire de l’hôte (3-0) après deux buts très controversés. Quelques jours plus tard, l’arbitre mis en cause était remplacé quelques heures seulement avant le coup d’envoi de la rencontre Werder Brême-Hansa Rostock, « simple mesure de précaution » dixit la DFB.
Le cercle rouge
L’enquête diligentée a ainsi établi que les trois frangins mafieux avaient monté un réseau de mises clandestines, ayant notamment entraîné pour les grands organismes officiels de paris un manque à gagner avoisinant les 2 millions d’euros. Par ailleurs, la DFB, qui a quand même craché 2 millions d’euros à Hambourg pour compenser cette élimination capillo-tractée, a déposé plainte auprès du parquet berlinois. Le procureur accuse plus précisément l’un des trois frangins, Ante Sapina, d’avoir dirigé le cercle (de parieurs) depuis un café qu’il possède dans la Babylone teutonne. Décrit comme un homme affable et serviable, Ante, est malgré tout impliqué dans « tous les faits répréhensibles » de cette affaire, selon son avocat. Quine ! Les deux frères de l’étudiant en micro-économie, Filip et Milan, ont été quant à eux libérés. Selon l’acte d’accusation, cette vieille branche de Sapina aurait quand même brassé plusieurs millions d’euros en proposant de l’argent à des arbitres de la DFB pour influencer le résultat de matches de Championnat et de Coupe d’Allemagne. Cette petite frappe se permettait même la fantaisie d’assister parfois en personne aux rencontres qu’il truquait, comme cette confrontation de D2 opposant Ahlen à Wacker Burghausen (1-0), le 22 octobre 2004, au cours duquel Hoyzer a sifflé un penalty imaginaire et encaissé 30.000 euros après la victoire d’Ahlen.
Le foot allemand joue donc gros à quelques 6 mois de l’épreuve suprême. Finalement, seule la société Oddset, par ailleurs sponsor de la prochaine Coupe du monde, pourrait tirer un réel profit de cette ténébreuse affaire : la société publique devrait en effet bénéficier du discrédit jeté sur les bureaux de paris privés et retrouver ainsi son monopole sur les jeux. Saint-Trond dans le collimateur
Pendant ce temps, d’autres affaires de corruption, plus obscures et surtout incompréhensibles, sévissent sur notre vieux continent. Récemment, deux matches du championnat belge ont fait l’objet de paris aux mises inhabituellement élevées, a rapporté la presse belge, suspectant que des matches aient été objets à des manipulations frauduleuses. Selon le journal néerlandophone De Morgen, la société britannique de paris sur internet, Betfair, a enregistré récemment des mises pour le moins surprenantes : 600.000 euros sur le match Saint-Trond-La Louvière (1-3) le 29 octobre, et 230.000 euros sur CS Bruges-Saint-Trond (2-1) le 5 novembre. Surprenant, sachant que selon les statistiques habituelles, les paris sur Betfair concernant des matches belges oscillent généralement entre 10.000 et 25.000 euros, et qu’il est permis de douter quant à une soudaine frénésie pour un championnat aussi exotique que celui de Belgique.Le président de Saint-Trond, Roland Duchâtelet, certainement affolé par ces coïncidences douteuses, a immédiatement ordonné une enquête interne et fait signer aux joueurs un addenda (clause) à leur contrat, précisant que parier sur son propre club constitue une cause de licenciement immédiat. Une mesure assez peu conventionnelle. Supposons qu’une telle mesure ait pu être prise dans le monde du tennis, il y en a un qui aurait été bien emmerdé, c’est Evgueni Kafelnikov. L’ex-tennisman stakhanoviste s’amusait ainsi à parier sur ses improbables défaites contre des « quiches » dans des tournois de seconde catégorie. Pour empocher un max. La réalité est donc atterrante. Le foot international serait gangrené par la corruption, Sainte-Marie daronne de Dieu !
Tact et dissuasion
Pour parer aux affres de la justice, quelques petits malins ont donc expérimenté un nouveau mode de communication avec les juges trop curieux : il y a environ une quinzaine de jours, un paquet étrange arrive dans les bureaux du procureur de Gênes, Alberto Lari, chargé de l’enquête concernant certains matches suspects du Calcio. Quelque peu intrigué, tradition italienne du colis surprise oblige, l’homme de loi le fait aussitôt expertiser par les Carabinieri. Et là, surprise, roulements de tambour, solo de triangle, le colonel Salvatore Graci affirme que la police a ouvert le colis et y a trouvé un détonateur… sans bombe. La prochaine fois sûrement. On appelle ça le pouvoir de persuasion ou de dissuasion, au choix ! L’enquête de Lari est centrée sur sept rencontres, dont le bouillant derby de la ville éternelle Roma-Lazio, disputé le 15 mai dernier et qui s’est soldé sur un 0-0 peu reluisant.Cinq autres matches sont aussi sur le grill : Milan AC – Palerme, Livourne – Juventus, Reggina – Lecce, Sampdoria – Inter Milan et Messine – Livourne, le dernier match, Empoli – Genoa, concernant la deuxième division.
Tous ces matches, à l’exception de Samp – Inter (0-1), se sont soldés sur un score nul et vierge. Puis sur une carbo-chianti party aux frais de la princesse.Voilà de quoi mettre du baume au cœur et donner des idées à nos amis allemands et belges pour éviter que des juges viennent fourrer leur petit blaze dans leurs affaires.

FS

Frédéric Villeroux, le Messi du Cécifoot

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