- CAN 2017
- Finale
- Égypte-Cameroun (1-2)
Les Rois Lions domptent l’Égypte
Le Cameroun a renoué avec le succès quinze ans après son dernier sacre continental, ce soir à Libreville. Merci qui ? Merci Nicolas Nkoulou et Vincent Aboubakar, tous les deux sortis du banc pour faire basculer un match au cours duquel l'Égypte a mené jusqu'à l'heure de jeu.
Égypte 1-2 Cameroun
Buts : Elneny (22e) pour l’Égypte // Nkoulou (59e), Aboubakar (88e) pour le Cameroun
Trois finales de Coupe d’Europe consécutives, une de Coupe du Roi et une autre de Coupe de Grèce. Si les capacités d’Héctor Cúper à atteindre les finales n’ont jamais été remises en question, son aptitude à remporter lesdites compétitions l’est beaucoup plus… Ça, c’est pour le premier profil. L’autre ? Un mec (Hugo Broos) qui court après une Coupe depuis 1996 et qui n’avait que la tonte de sa pelouse comme unique activité il y a quatre ans encore, quand il déclarait alors à Sport/Foot Magazine : « Huit entraîneurs ont été limogés cette saison, mais aucun club ne s’est intéressé à moi. Je ne sais pas pourquoi. Ce n’est pas à cause de mon palmarès. Suis-je trop cher ? Personne ne m’a demandé mon prix. J’en tire mes conclusions : c’est fini pour moi en Belgique. » En quelques mots, voici le topo des deux entraîneurs losers de cette finale de CAN. Aussi invraisemblable que ça puisse paraître, il en fallait bien un pour conjurer le sort. C’est tombé sur le Belge.
Défense en carton
Une fois n’est pas coutume, c’est l’Égypte la première formation à mettre le nez à la fenêtre : une minute vingt-sept secondes et voici le premier tir sorti des pieds d’El-Said qui profite d’un placement effarant de la défense camerounaise pour s’essayer sans danger. Comme à leur habitude, les Pharaons laissent ensuite venir leurs adversaires en leur coupant le sifflet dès qu’ils s’approchent trop de la surface. Du coup, après vingt minutes, seule la frappe ramassée de Siani est à signaler. De l’autre côté, la défense soi-disant indomptable est loin de tenir promesse et en trois coups de cuiller à pot, Warda, Salah et Elneny s’échangent les passes nécessaires pour isoler ce dernier qui fusille Ondoa à bout portant (1-0). Les réponses des Lions sont assez timides : une frappe envoyée en touche et une tête à laquelle il faut cinq rebonds avant d’arriver dans les gants de El Hadary. Finalement, c’est peut-être bien Warda et sa lamentable perte de temps en refaisant ses lacets devant un futur coup franc camerounais qui animent les dernières minutes de cette période. Fin d’un premier acte digne de toute cette CAN 2017 : prudent, sans réelle occasion franche et finalement emmerdant…
Aboubakar, le coup du sombre héros
L’abstinence. Le Cameroun a beau voir son sablier se vider à vue d’œil, il passe le premier quart d’heure de la deuxième période sans un seul fait de match à noter sur la feuille de statistiques. Jusqu’à l’entrée en jeu de Nicolas Nkoulou. Sur un centre, le Lyonnais s’élève au-dessus de la mêlée et place sa trogne pour glisser le cuir dans les filets (1-1). Bousculé sur le duel, Nkoulou prend une bonne minute avant de se rendre compte de ce qu’il vient d’accomplir, lui qui a remplacé l’infortuné Teikeu en première période. Malheureusement, cette égalisation condamne la suite de la rencontre à rester une inintéressante séquence d’échange de passes entre les 22 acteurs. Seul Salah parvient par moments à s’extraire de la masse avec une aile de pigeon (inefficace) ou une passe tranchante inexploitée. Et quand le bloc égyptien s’effondre quelques instants, laissant le Cameroun entamer une contre-attaque à quatre contre trois, Zoua balance un pointu dégueulasse sur les panneaux publicitaires ou Moukandjo joue au râteau avec son intérieur du droit en claquant – des six mètres – un ballon en tribune. Mais les dieux du stade semblaient avoir choisi leurs héros depuis le début de la compétition. Et divin, le but de Vincent Aboubakar en a toutes les caractéristiques. Long ballon, contrôle poitrine, coup du sombrero et reprise de volée avec rebond : El Hadary ne bouge pas, ses dix comparses non plus. Le Cameroun redevient roi.
Par Émilien Hofman