- Les restes du monde – Scottish Premier League
Les Rangers en danger de mort
Pénalisés de 10 points et devant toujours s’acquitter d’une dette de plusieurs dizaines de millions d’euros, les Glasgow Rangers sont proches de la faillite. Et avec eux c’est tout le football écossais qui tremble, car si le Celtic est privé de son seul rival, le championnat perd tout son intérêt. Un championnat qui était déjà mal en point et qui n’avait vraiment pas besoin de ça.
La nouvelle est tombée cette semaine. Accusé depuis plusieurs mois par le Fisc britannique, le club des Glasgow Rangers s’est vu retirer 10 points en championnat, avec effet immédiat. C’en est donc terminé du suspense, puisque son seul et unique rival le Celtic compte désormais 14 points d’avance au classement. La domination des deux de Glasgow sur leurs poursuivants était telle que les Rangers conservent néanmoins leur deuxième place (qualificative pour les tours préliminaires de C1), avec une confortable avance de neuf points sur le troisième, Motherwell.
12 M€ de pertes annuelles
Sportivement, hormis le fait qu’il n’y a déjà plus rien à attendre de cette fin de saison en Écosse, il n’y a donc pas drame pour les Gers. Extra-sportivement en revanche, le danger est énorme. Le club doit en effet toujours s’acquitter d’une dette comprise entre 60 et 90 millions d’euros, correspondant à une dizaine d’années d’arriérés d’impôts. Dans ce contexte, le placement en redressement judiciaire s’est imposé. Le président Craig Whyte, arrivé il y a moins d’un an, a reconnu que les Rangers perdaient actuellement dans les 12 millions d’euros par saison. La situation est donc devenue intenable pour le club au plus grand palmarès d’Écosse, avec 54 titres nationaux (contre 42 au Celtic). Une liquidation pure et simple pourrait même être envisagée dans les mois à venir.
Une situation dramatique qui n’émeut pas outre mesure le président du Celtic, Peter Lawwell. « Nous n’avons pas besoin des Rangers,a-t-il réagi.Ça n’aurait aucun impact économique, nous avons une stratégie financière pour nous débrouiller seuls » . On aurait tendance à être nettement moins optimiste, car il faut bien reconnaître que le championnat écossais se résume depuis longtemps maintenant au duel entre les deux de Glasgow, avec ces fameux derbys, les Old Firms, qui constituent bien souvent les seules animations de la saison. La dernière fois que le titre a échappé à l’un des deux ennemis, c’était en 1985 avec Aberdeen. Si la Scottish Premier League est amputée des Rangers, il y a donc fort à parier que ce championnat perdra en attractivité, en droits TV et en intérêt, tout simplement. Il n’a pourtant pas besoin de ça.
Chypre mieux que l’Ecosse
Qualité du jeu pratiqué qui stagne voire qui baisse, manque d’attractivité, popularité en berne (moins de 18 000 spectateurs au début du mois à Ibrox Park pour un match perdu en Coupe face à Dundee, dans un stade où il y a normalement toujours plus de 40 000 spectateurs)… Les motifs d’inquiétude sont nombreux. Faute de résultats européens, le championnat écossais a d’ailleurs encore perdu trois places au classement UEFA, pour se retrouver actuellement en 18e position, derrière les championnats autrichien, chypriote et israélien.
Dans ces conditions il est de plus difficile d’attirer des pointures étrangères, ou même de les retenir. Le meilleur buteur de la première partie de saison, le Croate Nikica Jelavić, a été transféré fin janvier par les Rangers à Everton. Faute de liquidités, il a été remplacé par Daniel Cousin, 35 ans, qui cherchait un club depuis six mois. Côté Celtic, ce n’est pas tellement plus brillant, l’effectif étant composé d’honnêtes joueurs, mais pas de grands joueurs, comme de l’époque pourtant récente où Henrik Larsson rayonnait à la pointe de l’attaque. Le constat est bien sombre, mais il est implacable : si les Rangers coulent, leur meilleur ennemi, le Celtic, se trouverait également fragilisé. Et c’est tout le football écossais – une institution pourtant – qui tremble.
Par Régis Delanoë