- CDM 2018
- 8es
- Colombie-Angleterre (1-1)
Les prolongations, l’invité de trop
Haletantes et souvent décisives par le passé, les prolongations de ce Mondial 2018 s’avèrent pour le moment inutiles et très ennuyeuses. Comme si les équipes s’en remettaient volontairement à l’indécise séance de tirs au but pour décider de leur sort.
Le dernier huitième de finale de ce Mondial 2018 a donc rendu son verdict lors d’une séance de tirs au but. Une nouvelle fois. Une troisième en huit matchs contre cinq résultats définitifs connus au bout de 90 minutes. Un calcul rapide permet donc de s’apercevoir qu’aucune équipe poussée en prolongation n’a eu les ressources pour forcer la décision avant les tirs au but, et donc s’épargner cette loterie plus que risquée et ces minutes angoissantes au possible.
Pire, aucun but n’a été inscrit durant ces trois périodes de trente minutes lors de cette Coupe du monde sur le sol russe. Une statistique qui fait passer la prolongation pour un couloir de l’ennui dans lequel les deux équipes s’engouffrent sans oser se toucher, voire même se regarder. Heureusement, ça n’a pas été tout le temps le cas. L’histoire n’est jamais loin pour le rappeler.
La presque exception croate
L’histoire récente, d’abord, lors d’un équilibré Danemark-Croatie qui a sûrement connu la période de prolongation la moins compliquée à digérer pour les observateurs pour le moment. Ce soir où Ante Rebić, qui venait d’éliminer Kasper Schmeichel, a illicitement été privé de l’ouverture du score par un tacle de la dernière chance de Jørgensen. Avant ensuite d’assister au festival du dernier rempart danois, qui attendra la séance de tirs au but pour s’avouer vaincu, au contraire de Danijel Subašić. Mais ce qui frappe surtout, c’est donc le manque d’énergie affichée par les différentes sélections dans ces trente minutes supplémentaires.
En raison d’une trop grosse fatigue ? Faux. Ou alors, c’est oublier la demi-finale Allemagne-Italie 2006, où Grosso et Del Piero avaient fait plier la Mannschaft en l’espace d’une minute de pure folie. Ou ce cultissime France-RFA 1982, où les Bleus menaient 3-2 à la fin de la première mi-temps de cette même prolongation avant de finalement s’effondrer. Si on ne demande ni la lune ni un match de légende à chaque fois qu’une prolongation s’impose, on attend au moins qu’il y ait de l’envie.
La faute du quatrième changement ?
Parmi les causes expliquant cette baisse de régime, il y a d’abord bien sûr la débauche d’énergie des 22 acteurs lors du temps réglementaire. Mais il y aussi cette innovation du quatrième changement qui saute carrément aux yeux. Censée redonner du pep’s et donc de l’intérêt aux matchs, cette carte supplémentaire accordée aux sélectionneurs rééquilibre plus qu’elle ne participe à créer du spectacle parmi les forces en présence.
Lors de ce Colombie-Angleterre, Southgate a fait entrer Rashford à la place de Rose pour repasser à quatre derrière, et sûrement se préparer en vue des tirs au but (le Mancunien a été l’un des tireurs). De son côté, Pékerman a musclé l’axe de son arrière-garde défensive avec l’entrée de Zapata pour le très fatigué Arias à quatre minutes du terme. Comme pour ne pas avoir de mauvaise surprise avant le moment que tout le monde attendait. Ce qui arrange davantage les encadrements des deux nations que les millions de téléspectateurs devant leur poste de télévision. Car pour la troisième fois lors de ce Mondial, ces derniers ont perdu trente minutes de leur vie. Ou presque.
Par Andrea Chazy