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Les princes du Parc
Alors que l'AS Monaco s'avance ce dimanche soir en victime expiatoire pour rendre le titre qu'elle a arraché à Paris la saison dernière, il demeure une anomalie dans l'hégémonie du PSG version qatarie : en Ligue 1, il n'a jamais battu le club de la Principauté au Parc des Princes.
« Le Parc, c’est chez nous ! » Il n’est pas impossible qu’un jour vous croisiez, dans les ruelles de la Principauté ou même celles de la capitale, un supporter monégasque qui ait un sens de la propriété disons… déplacé. Il ne faudrait pas confondre cela avec le sens de l’humour, car si l’appropriation peut paraître un brin insolente, elle a pourtant un sens réel. En effet, depuis le 10 février 2007, soit une éternité en temps footballistique, le Paris Saint-Germain n’a jamais fait mal à son petit rival à domicile en championnat.
À l’époque, les Lutèce Falco fêtaient leur quinzième anniversaire, Amaré Diané était un joueur prometteur, mais pas encore le plus grand des sauveurs, Marcelo Gallardo, Jérôme Rothen et Doudou Cissé ne jouaient plus en rouge et blanc, et, tout est vrai, Mickaël Landreau arrêtait même le peno d’un Frédéric Piquionne aux portes de l’équipe de France. Le Parc des Princes, pas à la fête en matière de résultats cette année-là, s’offrait un joli spectacle sur le terrain (victoire du PSG 4-2) et en tribunes en des temps où il en fallait peu pour être heureux.
La clim’ du Sud
Depuis, Paris a accueilli huit fois l’ASM en Ligue 1, la moitié sous pavillon qatari, pour six partages des points et deux revers. Pire, au-delà même d’enquiquiner sans cesse le club de la capitale sur ses terres, l’équipe princière a pris un malin plaisir à le faire espérer sadiquement. C’est ainsi, par exemple, qu’à la 38e journée de la saison 2008-2009, Stéphane Ruffier a privé le PSG d’une place européenne qui lui tendait les bras depuis des mois. Comme un symbole, le portier formé sur le Rocher réalisera, toujours au Parc, l’une des performances les plus incroyables de sa carrière la saison d’après, pendant qu’Apoula Edel marquera un CSC des plus improbables.
Et si l’égalisation sur le gong d’Anthony Martial en 2014 présente aujourd’hui un caractère anecdotique, le but de Bernardo Silva au bout du temps additionnel la saison dernière a, lui, sans doute été le tournant psychologique d’une lutte épique pour le titre. Un titre que les Parisiens devaient célébrer en grande pompe la saison d’avant face à ces mêmes Monégasques, une semaine après l’avoir conquis hors de leur antre. C’était probablement le « pire » Monaco de l’ère Rybolovlev. Mais même celui-là avait réussi à casser l’ambiance, avec Vágner Love et un petit jeune de 17 ans au talent encore mal dégrossi, qui fêtait alors sa deuxième titularisation en Ligue 1 : Kylian Mbappé.
Le dauphin n’a pas peur du requin
Une sale série qui ne signifie rien ? La domination totale du PSG sur l’ASM dans les coupes nationales inciterait à le croire. Mais elle est autant historique que conjoncturelle. Comme le sont les difficultés de Paris face à Monaco en championnat (41 victoires pour l’ASM, 16 pour le PSG). Le bilan négatif du PSG à domicile et parfaitement équilibré au total en L1 (2 victoires, 2 défaites, 5 matchs nuls) depuis la remontée de celui qui s’apparente à son principal rival sportif laisse tout de même songeur. Davantage encore à l’heure où l’un des grands arguments avancés pour expliquer son blocage européen réside dans la faiblesse de la concurrence domestique. Oui, Paris est presque tout le temps plus fort sur la longueur et souvent même au sein des matchs, qu’il les gagne ou pas. Mais il y montre aussi ses faiblesses mentales, quand il se laisse rejoindre au score (trois fois, l’ASM a obtenu un nul au Parc après avoir été menée depuis sa remontée) ou même quand, après une démonstration comme lors du match aller à Louis-II en novembre dernier, l’équipe d’Emery n’a pu s’empêcher de se faire peur alors qu’elle avait quatre ou cinq buts d’écart dans les jambes.
Ce dimanche soir, ce n’est donc pas seulement le titre de champion que les Parisiens doivent conquérir dans les pieds des Monégasques, mais aussi cette idée que, même quand les jeux sont faits, le perdant aux points n’est pas autorisé à porter le moindre coup au vainqueur. Le combat est déjà gagné, certes, mais le K.O. a toujours une portée symbolique. Et si le PSG n’en prend pas acte, ce sorcier de Jardim trouvera bien un moyen de perpétuer la malédiction des princes du Parc.
Par Chris Diamantaire