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Les premiers Invincibles venaient de Preston

Par Adrien Candau
5 minutes
Les premiers Invincibles venaient de Preston

Outre-Manche, deux équipes ont l’honneur de porter le titre d’Invincibles. Il y a les Gunners d’Arsenal cuvée 2003-2004 bien sûr. Mais aussi les Lilywhites de Preston North End lors de l’exercice 1888-1889. Une formation qui n’a pas seulement réussi l’exploit de rester invaincue une saison entière, mais a aussi contribué à transformer en profondeur le football anglais, y semant les graines du professionnalisme.

Cent quinze. C’est le nombre d’années qui se sont écoulées entre le périple des hommes de Wenger, invaincus en trente-huit matchs de championnat en 2003-2004 et celui des joueurs de Preston North End, qui ont marché sur la Football League, l’ancêtre de la Premier League, lors de la saison 1888-1889. Entre-temps, le football a profondément changé, se professionnalisant et s’internationalisant progressivement. Un changement dont Preston North End et son équipe d’Invincibles ont accéléré l’éclosion, en militant pour la légalisation du professionnalisme à une époque où le football anglais interdisait aux clubs de payer leurs joueurs. Mais aussi en s’appuyant sur un important contingent de joueurs écossais, là où ses concurrents n’allaient encore que rarement dénicher des talents en dehors des frontières anglaises.

William Sudell et la « Scottish connection »

Huit ans avant de devenir la terreur du football national, Preston North End ne ressemble pourtant qu’à un club de seconde zone du nord de l’Angleterre comme un autre, condamné à rester éternellement dans l’ombre des Blackburn Rovers, le puissant voisin qui lui inflige notamment un humiliant 16-0 en 1880. Un rapport de force qui s’inversera pourtant lors de la décennie suivante grâce aux efforts et à la vision d’un homme : William Sudell, un entrepreneur aux talents multiples, propriétaire d’une usine de coton et surtout entraîneur-président en avance sur son temps. Quand les clubs anglais de l’époque misent prioritairement sur les talents nationaux, Sudell s’en va chercher ses pépites du côté de la frontière écossaise, désireuses de bénéficier de salaires confortables dont elles ne peuvent profiter sur leur terre natale. Un recrutement audacieux qui contourne le règlement de la Ligue anglaise de football, qui interdit alors le professionnalisme. Officiellement, les recrues de Sudell sont donc des employés lambda de son usine, mais, au vu de leurs soldes très avantageuses, il est évident que c’est bien à leurs qualités de footballeur qu’elles doivent leur copieuse rémunération. Et comme Preston connaît une ascension fulgurante au milieu des années 80, multipliant les coups d’éclat en FA Cup, l’arnaque devient rapidement trop grosse pour être dissimulée. En janvier 1884, l’équipe d’Upton Park, une formation qui respecte scrupuleusement l’amateurisme en règle, porte plainte auprès de la FA pour usage de joueurs rémunérés. Sauf qu’au lieu de nier sa faute, Sudell assume, ce qui coûte une exclusion de la Cup à son équipe. Qu’importe, aux côtés d’autres clubs du nord de l’Angleterre comme Aston Villa ou Sunderland, Sudell ne se démonte pas et amorce une contre-attaque fulgurante contre les instances dirigeantes. Ces clubs menacent la FA de quitter définitivement la Fédération pour créer une ligue parallèle s’il ne leur est pas octroyé l’autorisation de rémunérer leurs joueurs. La FA cède sous la pression et le football anglais entre officiellement dans l’ère professionnelle un an plus tard, en 1885.

L’avènement des Invincibles

Cette nouvelle ère permet à Sudell de renforcer d’année en année son escadron de joueurs écossais, là où ses principaux rivaux commencent seulement à élargir leur champ de recrutement. Et quand la Football League – toute première édition du championnat d’Angleterre – voit le jour en 1888, personne ne s’étonne de voir Preston North End enchaîner les victoires. Avant même de commencer le championnat, le club est déjà entouré d’une aura d’invincibilité. Il est notamment réputé pour sa série de soixante-quatre matchs sans défaite entre le 22 août 1885 et le 26 avril 1886 ou encore pour ses quarante-deux victoires consécutives obtenues entre 1887 et 1888. Une domination sans partage que North End retranscrira à l’échelon national : dans un championnat alors composé de douze équipes, le club signe dix-huit victoires, quatre nuls et aucune défaite. Et se paie même le luxe de remporter la FA Cup en démolissant Wolverhampton en finale par trois buts à rien. Une consécration qui vient récompenser le travail de longue haleine de Sudell et ses hommes, qui seront même sacrés champions une deuxième année consécutive la saison suivante.

Transferts de fonds illégaux et prison

Mais si Preston continue de figurer en haut du classement du championnat anglais pendant encore quelques saisons, le club se fait petit à petit dépouiller de ses meilleurs éléments, qui s’en vont rejoindre des formations au pouvoir d’attraction financier supérieur comme Liverpool, Wolverhampton ou Everton. En parallèle, Sudell accuse le coup des politiques budgétaires irrégulières qu’il avait lui-même pilotées pour faire de son club une place forte du championnat anglais. En 1895, il est jugé coupable d’avoir transféré irrégulièrement des fonds de son usine pour alimenter les caisses de son club et est même condamné à trois ans de prison. Sans son leader emblématique, Preston North End ne parviendra jamais à retrouver son lustre d’antan. Aujourd’hui, les Lilywhites restent tout de même solidement installés dans le ventre mou du Championship et peuvent toujours compter sur la Cup pour s’offrir de temps en temps un match de gala, comme aujourd’hui face à Arsenal. Un choc des Invincibles, où les supporters des Gunners se remémoreront sans doute l’Arsenal conquérant et insubmersible de cette fameuse saison 2003-2004. Mais ceux de Preston North End pourront, eux, convoquer le souvenir des premiers Invincibles, dont l’ascension et l’influence ont contribué à changer à jamais le visage du football anglais.

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