- Foot à six
- Interview
« Les pays de l’Est sont dix fois plus forts que nous en foot à 6 »
Jusqu'à ce week-end se tenait en Crète la Socca World Cup 2019, compétition de foot à six en extérieur qui rassemblait 37 nations. Mise en place par les réseaux FIVE, la sélection française était une nouvelle fois de la partie et a échoué en quarts de finale. À chaud, le sélectionneur Hugo Da Silveira revient sur cette aventure et évoque une discipline méconnue dans l'Hexagone.
Comment est née cette sélection ?Pour être exact c’est l’équipe de France du FIVE, ça n’est pas celle de la FFF. Le réseau FIVE s’est affilié à une association qui est la Socca, qui crée des Coupe du monde tous les ans. C’est amateur et cela permet à des gens de représenter leur pays à l’international. Il y a la Socca (créée en 2017) qui organise les Mondiaux et l’EMF (European Minifootball Federation) qui fait également des Euros. On est rentré là-dedans il y a quatre ans, j’ai eu des diplômes, on a décidé de créer une équipe avec nos meilleurs clients pour aller défendre les couleurs de la France, car avant il n’y avait rien. On est allé en Hongrie en 2016, en Tchéquie en 2017, ensuite en Tunisie, puis le Portugal en 2018 avant cette année. Ça n’est absolument pas comme l’équipe de France de futsal, les gens font l’amalgame. Mais ça reste une Coupe du monde, il y a un très bon niveau avec des anciens joueurs pros qui se prennent au jeu, nous on en a deux par exemple : Elie Dohin et Maxime Brillault qui ont pas mal joué en Ligue 2. Et quand on a joué en Moldavie, il y avait quatre anciens de l’équipe nationale.
Et comment les joueurs ont-ils été choisis ?Pour faire notre sélection, on a repris des joueurs qui étaient déjà là l’année dernière et on a fait venir une vingtaine de joueurs en plus, qui avaient envoyé leur CV et sont venus montrer leur niveau. Ils sont tous clients chez nous. On a fait des détections par rapport à des joueurs qui s’étaient inscrits, il y avait eu plus de 1000 demandes et une trentaine sont venus. On en a retenu quinze. Il y en a, comme l’Allemagne championne du monde, qui sont beaucoup plus organisés avec un noyau de joueurs qu’ils complètent chaque année avec de nouveaux, ils ont le budget pour faire des rassemblements. Nous, on ne s’était vus qu’une seule fois au mois d’avril avant de se revoir en octobre, c’est exceptionnel. Les Colombiens et Américains étaient eux deux mois ensemble avant le tournoi, par exemple.
Vous avez été sortis en quarts de finale par la Moldavie, c’était une déception ?Notre objectif était la demi-finale. Ça fait trois fois d’affilée qu’on est éliminés en quarts, je pense qu’on est à notre place. Là, on perd à la dernière seconde, la 40e minute parce que ce sont des périodes de 20 minutes, sur un fait de jeu un peu particulier. C’est la seule chose qui n’a pas été : les arbitres sont amateurs eux aussi. Il y a des règles qui ont été appliquées et qui ne s’adaptent pas au tournoi. Nous, on a eu un but contre nous après un coup franc joué rapidement, il a été annulé, accepté, de nouveau refusé, puis finalement accepté, tout ça à la dernière minute. On a eu le prix du fair-play pour ça parce qu’on n’a pas explosé. (Rires.) Il y a eu pas mal d’erreurs qui ont été commises.
??⚽️?? C’est terminé ! Les Bleus se font surprendre par les Moldaves à la suite de ce coup franc rapidement joué… L’équipe de France s’arrête en quarts de finale. #lequipeFOOT pic.twitter.com/QwxgcNE2GM
— la chaîne L’Équipe (@lachainelequipe) October 19, 2019
Le foot à 6 n’est pas très répandu chez nous.Le foot à 6 est un sport pratiqué dans les pays de l’Est, au contraire de chez nous. Si vous regardez, les meilleures équipes sont la Russie (qui a remporté le tournoi), la Pologne, la Hongrie, la Roumanie… Tous ces pays-là sont dix fois plus forts que nous. Nous, on prend des joueurs de futsal et foot à 11 et on essaie de les faire jouer à six. Eux, ça fait 20 ans qu’ils ont des infrastructures pour ça, ils font des terrains de la bonne taille, etc., depuis tout petit, ils y jouent. À l’inverse de nous : en France, on ne s’est jamais positionné sur ce type de sport, on a le foot à 7 et on a le foot à 5 indoor. Le foot à 6 a ses spécificités, nous on s’est dit qu’on s’adapterait. C’est en extérieur, et le terrain est beaucoup plus grand : au five, c’est du 28×17 à peu près, et au foot à 6 c’est 50 par 30. En plus, nous on joue avec les balustrades sur le côté, le ballon ne sort jamais ; à 6 c’est vraiment du mini-foot avec les mêmes règles qu’au foot normal, avec des touches et des corners.
C’est quoi, un bon joueur de foot à 6 ?Déjà un très gros cardio, c’est évident parce que c’est très difficile. Tactiquement, un joueur qui doit être adapté à ce jeu-là, avec des blocs, des placements, des redoublements de passes. Et techniquement forcément, car c’est du foot réduit, les passes arrivent vite, tout est plus petit. Il n’y a pas beaucoup de transversales, etc. Certains viennent du foot à 11, et l’adaptation est parfois difficile.
C’était une première, d’être retransmis à la télévision ?Paradoxalement, L’Équipe nous suit un peu depuis le début, ils étaient déjà là en Tchéquie puis en Tunisie et ils sont revenus cette année. Ils sont plus que contents de nos prestations et de l’audimat. Ce qui plaît, c’est que c’est un sport spectaculaire, ça va vite, il y a des buts, on sort du foot classique avec peu d’occasions. Même si cette année, on n’a pas été très brillant offensivement. On a eu quelques chiffres et on faisait mieux que certains matchs de Ligue 1 du samedi soir sur beIN. Je ne suis pas Didier Deschamps, mais on se met vraiment en mode équipe de France pour gagner, tu joues dans un stade de 3500 places en bord de plage dans un cadre splendide, quelques vacanciers sont là pour nous supporter, il y a les familles des joueurs… C’est une expérience unique.
??⚽️ C’est terminé. ? La Russie est championne du monde de foot à 6 !#lequipeFOOT pic.twitter.com/w6Cp74rE2W
— la chaîne L’Équipe (@lachainelequipe) October 20, 2019
Propos recueillis par Jérémie Baron
Crédit photo : Sélection France - Foot à 6 (Page Facebook)