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- Pays-Bas-Suède (1-0)
Les Pays-Bas éteignent la Suède et rejoignent les États-Unis
Deux ans après avoir remporté l'Euro 2017, les Pays-Bas se sont qualifiés mercredi soir pour la première finale de Coupe du monde de leur histoire en écartant la Suède (1-0) grâce à un but inscrit au bout de l'angoisse par Jackie Groenen. Maintenant, place aux États-Unis.
Pays-Bas 1-0 Suède
But : Groenen (100e) pour les Oranje
Les statisticiens pointilleux étaient clairs : pour la Suède, c’était dans la poche. Il y avait eu les États-Unis en 1991, 1999 et 2015, le Japon en 2011, c’était au tour des Blågult. Depuis le début de l’histoire de la Coupe du monde féminine, chaque équipe qui avait réussi à sortir l’Allemagne était assurée d’être championne du monde. Alors ? Alors, ce soir, l’histoire a été bousculée et les chiffres qui l’animent avec : au bout d’une demi-finale mi-étouffante, mi-ennuyante, les Pays-Bas, champions d’Europe en 2017, ont couché les Suédoises (1-0) grâce à un but inscrit au cœur de la prolongation par la pétillante Jackie Groenen. Maintenant, une question se pose : où s’arrêtera cette équipe ?
Demi-finale nuageuse…
Alerte tristesse. Un stade loin d’être plein, un rythme faiblard, des systèmes venus s’annuler : si la météo lyonnaise appelait à l’orage, ce Pays-Bas-Suède s’est d’abord contenté de rester au stade du nuage gris. Et ce, dès les premières minutes. Alors que Sarina Wiegman, chef cuistot d’une sélection hollandaise présente dans un dernier carré mondial pour la première fois de son histoire, décide de laisser Shanice van de Sanden sur un coussin au coup d’envoi, rien ne se passe, ou presque. La faute à qui, à quoi ? À la pression de l’événement ? À un climat étouffant ? Mystère. Ainsi, Suédoises et Hollandaises passent le premier acte à se regarder sans vraiment se toucher, si ce n’est via deux griffures scandinaves assénées par Blackstenius et Hurtig, bien contrées par une Sari van Veenendaal aussi décisive sur sa ligne qu’élastique dans ses sorties aériennes. Les Pays-Bas, eux, peinent à faire fructifier leur contre-pressing efficace et voient Van de Donk se fracasser les chicots à plusieurs reprises sur une ligne défensive suédoise solide et disciplinée. Autour de la DJ d’Arsenal ? Un calme plat, peu de mouvements et simplement quelques tentatives lointaines (Miedema, Spitse) qui n’offrent aucune possibilité de se salir à une Lindhal bien tranquille pour fêter son petit record personnel : celui du plus grand nombre de matchs de Coupe du monde joués par une internationale suédoise (19). Pas mal, mais pas de quoi réveiller un Groupama Stadium chloroformé.
… puis tortueuse
Alors, comment faire ? Oui, la Suède gêne royalement des Oranje stériles et souvent sauvées par les retours imposants de Van der Gragt, oui Peter Gerhardsson semble sentir ses filles capables d’effacer le souvenir du quart de finale perdu à l’Euro 2017, mais assembler les indices pour résoudre ce casse-tête n’a rien de simple alors que Wiegman doit sortir Mertens, toujours souffrante de son orteil, à la pause. C’est l’heure d’un éclair, un vrai : onze minutes après les citrons, Van Veenendaal s’étire et vient éteindre un pétard de Fischer sur son poteau. L’effet ? Une réaction d’orgueil et un changement de rythme : malgré les nombreuses fautes suédoises, cette demi-finale vient vraiment de débuter, et Vivianne Miedema l’a fait trembler encore un peu plus en envoyant, à la suite d’un corner gratté par Beerensteyn et avec l’aide de Lindahl, une tête sur la barre. Alertée, Wiegman tente alors de la faire exploser et glisse Van der Sanden dans le four : dès ses premiers ballons, la joueuse de l’OL dégouline d’envie, tente de faire exploser le mur scandinave, mais glisse aussi souvent que ses copines. Peter Gerhardsson, lui, gère son affaire, voit Asllani passer tout proche d’assommer son propre kop et Eriksson envoyer un coup franc juste au-dessus du but batave, mais surtout Lindahl détourner à une main une tentative de Van de Sanden. 0-0 : Out of Africa n’était pas si mal en fait.
Ici, c’est Jackie
À match interminable, explication interminable : la prolongation ne fait pas vraiment avancer l’enquête, Van der Sanden continuant d’être partout et nulle part, alors que les autres actrices tirent la langue. Sauf une : Jackie Groenen, 24 piges et ancienne médaillée de bronze aux championnats d’Europe cadets de judo, qui surgit du fond de la nuit, court vers l’aventure au galop et vient ouvrir le score d’une frappe croisée déposée dans le petit filet de Lindahl (1-0, 100e). Les Hollandaises viennent de faire sauter le verrou et d’entrouvrir leur rêve d’une première finale mondiale : elles ne le refermeront jamais, passant même tout près de doubler la mise sur une frappe de Jill Roord et une tête de Miedema, alors qu’Asllani sort de scène sur une civière. Place désormais au grand saut. C’est aussi ce qu’on appelle l’histoire.
Pays-Bas (4-3-3) : Van Veenendaal – Van Lunteren, Van der Gragt, Bloodworth, Van Dongen – Groenen, Van de Donk, Spitse – Beerensteyn (Van de Sanden, 72e), Miedema, Martens (Roord, 46e). Sélectionneuse : Sarina Wiegman.
Suède (4-3-3) : Lindahl – Glas, Fischer, Sembrant, Eriksson (Andersson, 111e) – Rubensson (Zigiotti, 79e), Asllani, Seger – Jakobsson, Blackstenius (Larsson, 111e) Hurtig (Janogy, 79e). Sélectionneur : Peter Gerhardsson.
Résultats et classements de la Coupe du mondePar Maxime Brigand, au Groupama Stadium