- Journée mondiale des pâtes
Les pâtes sont-elles obligatoires dans le football ?
Très appréciées des joueurs, les pâtes représentent l’aliment numéro un dans le monde du ballon rond. Mais est-ce réellement conseillé pour les footeux ? Faut-il nécessairement en manger ? Quand et comment ? Tentatives de réponses, en espérant ne pas offenser les Italiens.
Même s’il peut le laisser transparaître, Antonio Conte n’est pas un adepte des traditions. Lors de l’Euro 2016, le sélectionneur italien impose un régime drastique à ses joueurs. « L’alimentation peut aider à faire la différence » , explique-t-il un jour dans les colonnes de La Stampa. Terminé les chips, glaces, pizzas… et pâtes. Oui, la pasta, sacro-saint aliment transalpin, est interdite au sein de la Nazionale. Une folie, cette règle. Au même titre que la pizza ? Encore pire, puisque les pâtes sont, en plus, particulièrement appréciées des footballeurs, aussi bien professionnels qu’amateurs. Sous prétexte qu’elles seraient le féculent le plus adapté à l’épreuve sportive, les joueurs du dimanche comme ceux du Real Madrid peuvent donc sans problème en faire une des bases de leur alimentation. Sauf que dans l’histoire, c’est sûrement le beau Antonio qui a raison.
Avant de passer au cœur du sujet, évacuons rapidement la question du timing. Si jamais Thiago Motta et Daniele De Rossi avaient voulu jouer les rebelles et se sentaient vraiment en manque de pâtes, il aurait quand même fallu faire gaffe à ne pas braver l’interdit à n’importe quel moment. Les pâtes, comme les autres féculents, ça se mange plutôt les jours qui précèdent le match, afin que le corps se prépare. Et non pas le jour même, au risque d’avoir la même pointe de vitesse que Rolando sur la pelouse à cause de la digestion. Rien de nouveau sous le soleil romain.
Qualité et cuisson, secrets de Chiellini et Bonucci
Ensuite, si Giorgio Chiellini et Leonardo Bonucci l’ont mise à l’envers à leur coach en faisant le mur pour se taper un bon restaurant, on est persuadé qu’ils n’auront pas commandé n’importe quoi. Connaissant leur professionnalisme, ils auront précisé au serveur la durée de cuisson souhaitée pour leurs pâtes.
« Si tu les cuis pendant douze minutes, tes pâtes vont être fondantes et avoir un index glycémique supérieur que si tu les cuis pendant six minutes, commente Thomas Rozé, kinésithérapeute du sport et diplômé d’une formation mêlant nutrition, santé et exercice.Or, plus un index glycémique est élevé, moins c’est efficace pour une épreuve physique comme un match de foot. En gros, ton taux de sucre va monter d’un coup, et risque de descendre tout aussi rapidement, un peu comme avec des morceaux de sucre. L’effet « énergisant » des pâtes durera au contraire plus longtemps si l’index glycémique est faible. »
Après avoir donc indiqué que leur plat devait être servi al dente, les deux défenseurs ont exigé une qualité particulière concernant l’aliment. « Dans l’idéal, il faudrait consommer des pâtes complètes, voire semi-complètes, à base de céréales ou de farine de blé, et non pas de farine blanche, reprend Monsieur Rozé, qui ne rigole pas avec la bouffe.Là aussi, elles ont un index glycémique plus faible que les pâtes Lustucru classiques. » Conte ne s’y est pas trompé : les seules pâtes admises lors du tournoi en France cet été étaient celles à base de blé de Khorasan.
Lentilles saines pour Buffon, mauvais fromage pour Darmian
Mais l’intelligence du technicien ne s’arrête pas là. « Antonio Conte a eu raison. On peut très bien réaliser une compétition comme l’Euro sans manger de pâtes, qui sont loin de représenter l’aliment optimal pour un sportif de haut niveau » , assure le kiné du sport.
La solution ? Remplacer cette nourriture par d’autres féculents plus profitables, tout simplement. Ce qu’a sûrement fait Gianluigi Buffon en capitaine modèle. « Si on tient toujours compte de l’index glycémique, il existe des féculents qui sont bien plus efficients : les lentilles, les pois cassés… Pourquoi ne pas opter pour des patates douces ou des pois chiches plutôt que de faire comme tout le monde, à manger des pâtes ? Ajoute à ça une viande blanche pour les protéines, un filet d’huile de colza et tu es bien » , concocte le chef gastronomique.
Et pour les mauvais élèves que sont Matteo Darmian et Stefano Sturaro, on a désormais une explication de leur Euro pas franchement réussi. Non seulement ils se sont gavés de pâtes lorsque leur sélectionneur avait le dos tourné, mais ils les ont, en plus, garnies d’accompagnements à proscrire de leur régime professionnel, comme l’indique Thomas Rozé :
« Le fromage râpé, c’est une catastrophe… C’est hyper acide. Et l’acidité peut poser des problèmes à tes tendons et tes muscles, qui se contractent moins bien. Ça peut provoquer blessures et tendinites… Le beurre, pareil. C’est de la graisse saturée, ce n’est pas intéressant. » Et de conclure : « Lapasta party la veille d’une compétition, c’est la question éternelle. Est-ce que c’est utile ? Franchement, est-ce qu’on ne peut pas remplacer ça par autre chose ? » Il n’y a plus qu’à demander aux voisins italiens.
Par Florian Cadu