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Les Oranjes sont-ils mûrs ?
Les Pays-Bas vont faire face à leur plus grand défi du Mondial face au Brésil (16h), qu'ils n'ont plus vaincu depuis 36 ans. Plus froids, moins fous, les Néerlandais ont corrigé leurs anciens travers pour enfin conquérir le titre. Suffisant ?
C’est l’heure, c’est maintenant. On va enfin savoir si ces Pays-Bas version 2010 sont en mesure de réussir là où tous ses illustres devanciers ont toujours échoué. Oui, jusque-là les Oranges ont joué à leur main face à des adversaires calibrés pour leur permettre de gérer. Cette fois, face au Brésil, il n’y aura plus de place pour l’insuffisance. Pire, il n’y aura plus de place pour la suffisance, le péché mignon qui a si souvent fait dérailler les Néerlandais. Mais bizarrement, cette fois, les Pays-Bas ont donné quelques indices d’une mentalité nouvelle.
Van Marwijk, un contrepoids comme un contre-pied
Le premier signe de ces temps nouveaux, c’est le sélectionneur. Au pays des Hiddink, Rijkaard, Van Gaal, Advocaat, Van Basten, Bert Van Marwijk figure une sorte d’incongruité. Aucune renommée internationale, un passé de joueur mineur (Deventer, Alkmaar, Maastricht, pour une Coupe des Pays-Bas, un titre de D2 et une seule sélection), pas un charisme dingue et un palmarès tout relatif. Alors pourquoi diable ce choix a priori ubuesque ? Justement pour ça ! Au royaume des ego surgonflés, la fédé batave a opté pour une sorte de contrepoids en forme de contre-pied. En gros, ne pas ajouter un melon à la tête d’un groupe qui en regorge déjà. En choisissant Van Marwijk, la sélection néerlandaise s’est dotée d’une boussole différente : celle qui mène vers davantage d’humilité et de simplicité. Pas inutile au moment de déminer les débuts d’incendie avec Van persie ou Van der Vaart. Cet état d’esprit trouve son expression sur le pré, tout en rigueur. Car il faut bien le dire, contrairement à ses illustres compatriotes techniciens, l’ancien coach de Feyernoord n’a pas invité ses joueurs à amuser la galerie, une manière de tradition nationale. « Il y a deux ans, j’avais dit qu’il fallait apprendre des matches gagnés trop facilement et qu’il fallait aussi être capables de gagner les mauvais matches, rappelle Van Marwijk. Chez nous, certains pensent qu’il suffit de paraître pour vaincre. Mais dans un tournoi de ce niveau, ce n’est pas possible » . En ce sens, la présence dans le groupe d’un taulier comme Mark Van Bommel est un précieux soutien à cette rigueur nouvelle. D’autant que le milieu défensif du Bayern Munich est aussi son gendre. On n’est jamais aussi bien servi, hein…
Finie la belle époque !
Mais pour l’heure, la réussite du projet orange (24 matches et 1 seule défaite depuis la prise de fonction de Van Marwijk en 2008) vient aussi de ce que l’ensemble du groupe adhère à cette nouvelle posture : « Chez nous, la seule chose qui intéresse les gens, c’est qu’on gagne 6-0… » , déplorait même Wesley Sneijder durant les matches de poules réglés à leur main par les Néerlandais. Il faut quand même bien avouer que pour l’instant le jeu batave n’a emballé personne. Le 4-2-3-1 est avant tout un gage de sécurité ce dont ne se cache pas l’ami Van Marwijk : « Pour l’instant, nous avons triomphé à l’usure, preuve que nous sommes au point physiquement. Et il y a chez mes joueurs une stabilité et une organisation jamais prise en défaut » . Tu m’étonnes ! Finie la belle époque des latéraux qui dédoublent les ailiers et combinent à toute berzingue dans les couloirs. Cette fois, les mecs de devant sont priés de faire des diff’. Éventuellement, Van Bommel peut aller filer un coup de main mais il ne faut plus s’attendre à l’invasion hollandaise. Avantage : c’est vrai que la défense commandée par Mathijsen tient bien le choc pour l’instant. Inconvénient : ces offensives sans renfort demandent de la vitesse et donc de l’espace. Pas nécessairement ce que lui offrira le Brésil, quasi une bête noire puisque les Pays-Bas ne l’ont plus emporté sur la Seleçao (amicaux compris) depuis la Coupe du monde 1974 et un certain Johan Cruyff. Le genre de convocation de l’Histoire qui peut donner le vertige. Celui qui a si souvent entraîné la chute des Pays-Bas.
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