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Les NFT débarquent en France, quèsaco ?
Alors que la vente d’objets virtuels dans le sport cartonne aux États-Unis, le processus débarque en France avec le LOSC, qui vient de lancer sa toute première collection d’objets fictifs quelques mois après son titre de champion de France.
C’est une tradition que l’on voit majoritairement aux États-Unis. À chaque titre de champion d’une équipe en NBA, chaque joueur se voit remettre une bague pour symboliser cet évènement. Cet été, une petite révolution vient d’apparaître en France, et plus précisément à Lille : il est désormais possible d’acquérir une bague pour célébrer le dernier titre du LOSC. Mais pas de n’importe quelle manière. En collaboration avec le studio Rarecubes, le club, Olivier Létang en tête, a décidé de lancer une collection de NFT (non fongible tokens aka des jetons numériques non falsifiables, NDLR). Mais qu’est-ce que c’est ?
« Un NFT est un titre de propriété sur Internet qui concerne n’importe quel objet virtuel. C’est quelque chose qui est assez innovant aujourd’hui », explique Simon Rames, le directeur de Rarecubes. Concrètement, le LOSC a mis en vente quatre bagues afin de commémorer les quatre titres de champions acquis par le club (1946, 1954, 2011 et donc 2021), ainsi qu’un ticket virtuel qui « matérialise votre place dans l’histoire du LOSC, en mettant en avant les quatre saisons historiques lors desquelles il fut sacré meilleur club de France », explique le club nordiste dans un communiqué. Pour Olivier Létang, cette collection de NFT « permettra ainsi à quelques-uns de nos supporters connectés et fans d’innovation digitale de s’offrir des pièces uniques et historiques. »
Des transactions infalsifiables
Mais pourquoi se lancer dans la vente d’objets virtuels ? « C’est une technologie nouvelle. Avec les NFT, Lille peut créer un nouveau type de lien avec ses fans et toucher une nouvelle audience. C’est aussi une démarche innovante, une manière de faire découvrir de nouveaux produits au public, tout en le reliant à un évènement historique pour le club. Cela reste encore abstrait pour certains mais c’est important de démocratiser celle-ci », poursuit Simon Rames. Avant le LOSC, d’autres clubs européens, comme Manchester City ou la Juventus, se sont lancés dans l’aventure. Le PSG a également lancé une petite collection sur des objets artistiques qui est passée inaperçue.
Concrètement, comment ça marche ? Chaque bague est mise aux enchères, et la personne qui propose le meilleur montant qui rafle donc la mise. Le vainqueur aura aussi droit à quelques avantages supplémentaires (maillot dédicacé, possibilité de poser avec le trophée Hexagoal). « La transaction s’effectue directement entre le club et le supporter, il n’y a personne pour interférer. Cette dernière est possible grâce à la blockchain, qui est une technologie permettant de garder une trace numérique et infalsifiable des différentes transactions liées à une cryptomonnaie ou à un objet virtuel », poursuit le directeur de Rarecubes. Mais pourquoi des bagues ? La société de création de NFT et le LOSC ont voulu créer de nouveaux styles de trophées, partie intégrante de leur histoire, à destination de leurs fans. Le choix des bagues comme cela peut être le cas en NBA, s’est révélé opportun. « On a pensé aux bagues car cela connaît un vrai succès aux États-Unis. Cela permet de créer plusieurs designs aux styles différents, marquant les époques des épopées du LOSC. Il y a trois ans, Paul Pogba avait également offert une bague aux champions du monde, introduisant ce type d’objets dans le monde du football. »
Un enjeu pour le futur
Alors que le processus n’en est qu’à son commencement, Simon Rames estime que la vente virtuelle a de beaux jours devant elle, même si peu de personnes sont encore touchées par les NFT. « Bien sûr, aujourd’hui, cela reste une niche. Quand on a mis en vente ces objets avec le LOSC, on savait qu’il n’y aurait qu’une centaine de personnes concernées, capables de comprendre la technologie et de faire ce genre d’acquisitions. Mais quand on voit le succès des cartes à collectionner de Sorare, qui sont fortement inspirées des Panini que tous les gamins s’échangeaient à l’époque, on se dit que les NFT peuvent suivre le même chemin. »
Le développement d’Internet est aussi un motif d’espoir pour la vente d’objets virtuels. Si de plus en plus de personnes savent manier à la perfection la souris et le clavier, ils seront plus à même de s’intéresser à la vente 2.0. « Internet a mis du temps à se développer mais quand on voit les chiffres et l’ampleur que ça prend, ça donne des idées. Les objets de collection physiques ont la cote, mais en les achetant virtuellement, cela présente quelques avantages, comme l’assurance de garder son objet en parfait état », confie le directeur de Rarecubes.
En tout cas, le processus connaît un bon démarrage dans le Nord, puisque pas moins de 7,70 Ethereum (25 000 dollars) ont pour l’instant été générés. Si les deux parties n’ont pas d’objectifs chiffrés, ils restent convaincus de la réussite du digital pour les années à venir. « On a beaucoup travaillé sur la stratégie à adopter. L’objectif est de proposer des images innovantes et de permettre aux clubs d’avoir une nouvelle source de revenus. » Une source de revenus qui n’atteindra pas les recettes de la billetterie ou de la boutique, mais la société affirme que la vente d’objets virtuels est un enjeu stratégique pour les trois prochaines années. Et qui sait, un jour, devenir le hobby de millions de fans de foot.
Par Analie Simon
Propos de SR recueillis par AS