31 mai 2013 : Première folie
«
Margarita dispose d’une fortune cinq fois plus élevée que le Russe de Monaco ! Alors je rigole quand j’entends parler de Falcao à l’ASM ! » L’histoire a commencé comme cela, dans une marmite de scepticisme sauce football français. Cette déclaration de Bernard Caïazzo pour
MediaFootMarseille, à la mi-mai 2013, a le mérite de resituer le contexte : le club de la Principauté n’est alors qu’un futur promu et Falcao l’un des numéros neuf les plus convoités de la planète. C’était impossible, alors Rybolovlev l’a fait. Les rumeurs allaient bon train sur le Rocher depuis le mois de février, mais c’est finalement le 31 mai que le propriétaire russe livre sa version alternative du «
Rêvons plus grand » parisien : l’attaquant de l’Atlético de Madrid signe pour cinq ans à l’AS Monaco.
10 août 2013 : Premier match, premier but (Girondins de Bordeaux-AS Monaco, 0-2)
Avec un onze qui mêle recrues phares (Falcao, James, Carvalho, Abidal, Toulalan) et jeunes joueurs alors quasi inconnus (Carrasco, Kurzawa, Fabinho), dur d’évaluer le niveau réel de l’équipe de Ranieri. L’ouverture de la saison fait donc office de test grandeur nature pour cette ASM hybride. Test concluant : victoire logique à Chaban Delmas et déjà un but de raccroc pour Falcao, qui le célèbre comme si c’était le premier de sa carrière. À la fin du match, Rybolovlev, grand seigneur et un brin taquin, offre le maillot de l’attaquant colombien à Jean-Louis Triaud, leader de la fronde anti-Monaco sur le dossier alors brûlant des avantages fiscaux.
22 septembre 2013 : Premier frisson (Paris Saint-Germain-AS Monaco, 1-1)
Le premier gros choc entre les deux attractions de la Ligue 1. Auteur de quatre buts en cinq matchs, Falcao fait déjà honneur à son statut, même s’il paraît un peu emprunté hors de la surface. Il admet lui-même devoir prendre ses marques dans un championnat «
plus tactique et physique » que la Liga. Zlatan pense montrer qui est le patron dès l’entame du match, mais Radamel répond un quart d’heure plus tard d’un but de renard. Paris trouve à qui parler, Monaco conserve sa place de leader. Un PSG-ASM avec deux (trois avec Cavani) vraies grandes stars en attaque ? Une première depuis Klinsmann et Weah.
21 novembre 2013 : Premier couac (FC Nantes-AS Monaco, 0-1)
Il est là, immobile, main sur le front, comme s’il fixait l’horizon, soleil de face. Mais non, c’est le panneau du quatrième arbitre qu’il déchiffre interloqué et c’est bien son numéro qui y est affiché. On joue l’heure de jeu et Monaco ne parvient pas à pousser la chique dans la cage des Canaris. Ranieri remplace sa star par un jeune de dix-huit ans, un certain Anthony Martial. Alors, réel aveuglement par les projecteurs ou défiance envers Ranieri ? Pas éblouissant depuis quelques matchs, le joyau du Rocher est alors au cœur de rumeurs l’envoyant dans un avenir proche au Real Madrid. Il est annoncé blessé les quatre journées suivantes. Sensation bizarre en Principauté, comme s’il se tramait un mauvais scénario.
22 janvier 2014 : Premières larmes (Chasselay-AS Monaco, 0-3)
Pourquoi lui avoir fait jouer ce seizième de finale de Coupe de France ? C’est la question que les supporters et dirigeants monégasques ont dû se poser a posteriori. En manque de rythme et de confiance depuis son retour de blessure, Ranieri s’est sans doute dit qu’un petit doublé contre une CFA ne ferait pas de mal à son attaquant. Le doublé, c’est Emmanuel Rivière qui l’a mis et si Radamel a bien marqué, il s’est aussi fait les croisés. À six mois de la Coupe du monde. Un rêve brisé, un pays en quasi-deuil, des menaces de mort… Quand on vous dit que la Coupe de France offre plus d’émotions que la Coupe de la Ligue, c’est vrai. James Rodríguez, lui, en profite pour réaliser le double rêve d’
El Tigre : porter la Colombie sur ses épaules dans la plus belle des compétitions et enfiler le maillot du Real Madrid dans la foulée. De quoi mettre un petit coup au moral.
30 août 2014 : Premier League (AS Monaco-Lille OSC, 1-1)
Vadim Vasilyev l’avait pourtant promis trois semaines plus tôt : 2014/2015 serait bien «
la saison de Falcao à l’AS Monaco » . Et on avait envie d’y croire quinze jours plus tard quand, à Nantes, on a vu le numéro neuf heureux comme un gosse d’offrir la victoire à son équipe. Mais le slogan de l’ASM est bien «
like nowhere else » et c’est à une scène surréaliste à laquelle on assiste peu avant la rencontre face au LOSC. Alors qu’il était pressenti titulaire, Falcao est retiré de la feuille de match et se montre affairé au téléphone dans les tribunes de Louis-II, où il assiste finalement au match aux côtés de Mendes et Vasilyev. Le soir même, un tweet émanant de son compte officiel annonce sa signature au Real Madrid. Tweet effacé dans la foulée. Le lendemain, Falcao s’envole pour Manchester. Sans que l’on ne sache vraiment si c’est son choix, celui de ses dirigeants ou de son agent. Un adieu aux contours glauques qui semble définitif. «
La fin est moche, mais les souvenirs lui donnent du charme. »
10 décembre 2016 : Premier triplé (Girondins de Bordeaux-AS Monaco, 0-4)
«
Falcao est fini. » Scepticisme sauce football français, toujours. Après deux saisons compliquées en Premier League, le Colombien divise son salaire par deux et revient sur la pointe des pieds à Monaco avec un seul objectif : retrouver du plaisir. Les bistrots et les journaux n’y croient pas. Mais «
on ne devrait jamais sous-estimer le cœur d’un combattant » répond Radamel après un triplé au Matmut Atlantique. Encore gêné par quelques blessures, il en est alors à quatorze buts en seize matchs.
4 février 2017 : Première vengeance (AS Monaco-OGC Nice, 3-0)
Quatre mois auparavant, Nice et Cardinale avaient mis KO Monaco et Falcao à l’Allianz Riviera (4-0), au propre comme au figuré. Dans le match au sommet de cette 23
e journée, l’ASM surclasse son voisin et fait désormais figure de favori légitime dans la course au titre, une semaine après avoir ramené un point du Parc des Princes.
El Tigre inscrit lui un doublé et le centième but de la saison des Rouge & Blanc.
21 février 2017 : Premier bijou (Manchester City-AS Monaco, 5-3)
S’il n’y avait qu’un caramel de Radamel à retenir de son aventure asémiste, ce serait celui-ci. Des buts, il ne s’est pas privé d’en mettre. Mais on attendait encore celui qui nous rappellerait à quel point il est différent, à quel point il était fort et spectaculaire à l’Atlético de Madrid. Son penalty raté ? Un détail. Ou non, plutôt exactement ce qu’il fallait pour créer un magnifique ascenseur émotionnel. Son geste est insensé, défie toute logique, il y a mieux et plus simple à faire, mais l’instinct du tigre a resurgi d’un coup de patte devant l’Europe entière. C’est ce soir-là que Falcao est entré pour de bon dans le cœur des supporters monégasques.
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