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Les mystères de l’Égypte

Par Adrien Candau
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Les mystères de l’Égypte

Renforcée par Héctor Cúper, qui mène à la baguette la sélection depuis 2015, l’Égypte est bien partie pour valider son ticket pour la Russie, à deux journées de la fin de la phase de qualification. Géants continentaux, vainqueurs de sept CAN, mais absents du mondial depuis 27 ans, les Pharaons entretiennent un rapport contrarié avec l'épreuve. Sans que l’on ne sache vraiment pourquoi. Tentatives de réponses.

C’est un mystère qui dure. Plus secret que la formule du Coca-Cola, l’emplacement de l’Atlantide ou l’identité de la taupe qui obsède Patrice Évra depuis le mondial sud-africain : dès que l’Égypte a l’opportunité de humer le parfum de la Coupe du monde, elle se défile. Une malédiction symbolisée par un chiffre : le deux. Comme le nombre de fois que les Pharaons se sont qualifiés pour le Mondial. Une misère pour une sélection qui a pris l’habitude de piétiner ses rivaux en Coupe d’Afrique des nations.

Le football, naufragé de la révolution

Cette fois, pourtant, tout semble planer pour les Pharaons. À deux journées de la fin, les voilà premiers de leur groupe, à l’heure de recevoir le Congo, ce dimanche. « J’ai l’impression qu’ici, les gens sont peu à peu à nouveau excités par le football, comme avant la révolution  » , pose Carl Rommel, doctorant en sociologie et politique du football égyptien, résidant au Caire. Depuis 2011 et la chute d’Hosni Moubarak, le football égyptien n’est plus vraiment lui-même. Les Pharaons ont échoué à se qualifier pour la Coupe du monde 2014, mais aussi à trois éditions de la CAN, en 2012, 2013 et 2015, avant de se reprendre en atteignant la finale l’année dernière.

Une mauvaise passe liée au contexte politique du pays, dont le championnat national a connu deux ans d’interruption entre 2013 et 2015. « On peut citer deux facteurs majeurs pour expliquer cette crise du football égyptien, explique Marwan Ahmed, journaliste pour le site égyptien de football KingFut. D’un, la génération qui a remporté trois CAN dans les années 2000 était en fin de cycle. Et de deux, l’instabilité politique a pénalisé le championnat et la sélection. »

Boycotts en série

Si les orientations et évolutions politiques du pays ont autant pénalisé la sélection à l’échelle continentale que mondiale ces dernières années, elles ont surtout longtemps miné le rapport de l’Égypte à la Coupe du monde. Pourtant présente dès la phase finale de l’édition 1934, la sélection se retire des phases de qualification pour les mondiaux de 1958 et 1962, car elle refuse d’affronter Israël en éliminatoires. En 1966, elle boycotte l’épreuve, qui n’offre qu’une seule place qualificative aux nations africaines. Toujours sonné par sa cuisante défaite lors de la guerre des Six Jours en 1967, le pays déclare également forfait pour les qualifications pour le mondial 1970. « En Égypte, le football a toujours été utilisé comme un symbole de la troisième voie choisie par le pouvoir, qui s’assumait comme leader du monde arabe et défendait une stratégie de non-alignement sur l’Orient ou l’Occident » , analyse Carl Rommel.

Les orientations géopolitiques de l’État égyptien s’imposent ainsi à la sélection, contrainte d’enchaîner les forfaits en Coupe du monde, mais libre de s’exprimer au niveau continental. Les Pharaons glanent ainsi deux CAN en 1957 et 1959. Néanmoins, à partir de 1979, l’Égypte normalise ses relations avec l’État d’Israël, qu’elle reconnaît officiellement. La sélection est alors relativement préservée des considérations politiques, jusqu’à la révolution égyptienne de 2011. Dès lors, les Pharaons tentent invariablement de se qualifier pour le Mondial. Mais ils n’y parviennent qu’à une seule reprise entre 1982 et 2010, alors qu’ils enquillent cinq victoires en CAN (1986, 1998, 2006, 2008 et 2010).

Le poids de l’histoire

C’est là que le mystère égyptien se fait plus épais. Et irrationnel. Alors que les Pharaons dégomment la concurrence africaine, les voir représenter le pays lors d’une Coupe du monde devient progressivement une obsession nationale. « Quand je suis arrivé à la tête de la sélection, on m’avait clairement avant tout demandé de qualifier l’équipe pour la Coupe du monde, se remémore Gérard Gili, qui a entraîné les Pharaons une année, de 1999 à 2000. Je pouvais faire l’impasse sur la CAN. Pour eux, c’était devenu annexe. Le Mondial passait loin devant. »

De quoi engendrer des attentes démesurées de la part du public. « Je dirais que la pression est nettement plus importante pour les joueurs quand il s’agit de se qualifier pour le mondial que de jouer la CAN  » , estime Carl Rommel. Gili évoque lui le poids de l’histoire et le cercle vicieux qu’il peut engendrer : « C’est psychologique avant tout. Historiquement, ils ont pu rapidement prendre confiance au niveau continental. Ils n’ont jamais pu le faire au niveau mondial et c’est resté dans les consciences.   » « Ici, on se dit que c’est typiquement un problème d’ordre mental, confirme Marwan Ahmed. Les échecs passés sont durs à porter pour les joueurs. Il y a aussi une pression énorme de la part des médias et des anciens joueurs qui ont disputé le Mondial 1990 et qui continuent d’en parler… »

Vaincre le signe indien

Les excès de cette pression populaire et médiatique ont parfois pu prendre une forme concrète, qui a joué en défaveur de la sélection. Exemple en 1993, où l’Égypte remporte un match décisif face au Zimbabwe au Caire, validant théoriquement sa présence au Mondial l’année suivante. Une rencontre finalement annulée à cause des violences reprochées aux fans égyptiens et rejouée à Lyon. Elle se conclut sur un match nul, qui met hors course les Pharaons. « Le rapport de l’Égypte à la Coupe du monde reste quand même assez énigmatique, pose Gérard Gili. Ça peut aussi faire partie des choses irrationnelles et inexplicables qui existent dans le football. » Ironiquement, c’est Héctor Cúper qui pourrait libérer l’Égypte de la sombre malédiction qui la lie à la Coupe du monde depuis près de trente ans. Une sacrée performance, pour un type considéré comme l’un des entraîneurs les plus maraboutés de l’histoire.

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Par Adrien Candau

Tous propos recueillis par AC

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