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Les meufs bonnes questions du Mondial 2023
La Coupe du monde 2023 débute ce jeudi. Entre méconnaissance du sujet et décalage horaire, il peut être tentant de s’abstenir de suivre la compétition. Et c’est pour ça qu’on a tenté de répondre à neuf bonnes questions sur le Mondial, (mauvais) jeu de mots inclus.
1. Sur quel pied Megan Rapinoe et les autres daronnes vont-elles interpréter leur last dance ?
La team premier degré répondra sûrement « le droit » en référence à la patte forte des cheveux roses (aujourd’hui bleus) les plus célèbres du football mondial (désolé Grizou). Toujours est-il qu’à 38 ans, l’icône américaine a d’ores et déjà annoncé que le clap de fin résonnerait à la fin de l’année, mais entend bien d’ici là remporter un troisième mondial de suite avec la Team USA. Précision : dans la peau d’une supersub prête à entrer pour faire la différence dans les 20 dernières minutes. Un rôle qui devrait être le même pour la légende brésilienne Marta (37 ans), plus proche de la reconversion que d’ajouter un trophée supplémentaire dans cette sixième Coupe du monde qu’elle s’apprête à disputer. Et n’oublions pas Christine Sinclair (40 ans), qui compte autant de Mondiaux que la Brésilienne, en plus de 190 buts marqués en 323 matchs disputés avec le Canada. C’est donc la dernière fois que l’on verra ces trois monstresses participer ensemble au même tournoi, bonne chance à la nouvelle génération pour les faire oublier !
2. La pépite Melchie Dumornay parviendra-t-elle à apporter « de la joie » à Haïti ?
Du haut de ses 19 ans, Melchie Dumornay est sans doute l’une des joueuses à suivre dans ce tournoi. La nouvelle recrue de l’Olympique lyonnais, en provenance du Stade de Reims, a offert à son île natale sa première qualification en Coupe du monde après une victoire 2-1 en barrage contre le Chili, en février dernier. Vous aviez fait quoi à 19 ans, vous ? Considérée comme « une future Ballon d’or » par Amandine Miquel, sa coach au SDR, où elle a inscrit 11 buts en 18 matchs la saison dernière, Dumornay aura une immense scène pour briller : le groupe D, composé de l’Angleterre, de la Chine et des Pays-Bas. Haïti est clairement en position d’outsider, mais une future Ballon d’or, on ne lui parle pas d’âge. Son objectif est clair : au vu de la situation de son île, gangrenée par la pauvreté et la violence, Melchie Dumornay veut apporter « de la joie » aux Haïtiens.
3. Les Lionnes vont-elles de nouveau rugir au sommet ?
Demi-finalistes du Mondial 2019, les Anglaises n’avaient pas fait le poids face aux futures championnes américaines et le départ du sélectionneur Phil Neville dans la foulée n’avait rien auguré de bon. Mais ça, c’était compter sans un vivier de talents à polir et qui, en évoluant pour la plupart dans le nouveau meilleur championnat européen, la Women’s Super League, n’a fait que monter en puissance. Sous la houlette de la tacticienne néerlandaise Sarina Wiegman, les Three Lionesses n’ont fait qu’une bouchée de « leur » Euro 2022, avec des cadres sur toutes les lignes du XI de départ, en plus d’une profondeur de banc sans pareil. Cela suffira-t-il pour confirmer dans l’arène de la reine des compétitions, qui plus est sans leur capitaine Leah Williamson, mais aussi Fran Kirby et Beth Mead, toutes blessées ? Une finale face aux Américaines aurait tout d’un parfum de revanche.
4. La Zambie, outsider de la compétition ?
La surprise de ce Mondial pourrait bien porter le nom de Zambie. Troisième lors de l’édition 2022 de la Coupe d’Afrique des nations, la Zambie va participer à sa première Coupe du monde, et n’est pas là pour faire de la figuration. Victorieuses de l’Allemagne en match amical ce mois-ci et menées par leur capitaine de 23 ans, Barbra Banda, de retour après avoir été écartée pour la CAN, elles pourraient bien être une épine dans un groupe C composé de l’Espagne, du Costa Rica et du Japon. Une tache au tableau cependant : le sélectionneur Bruce Mwape, sous le coup d’une enquête pour abus sexuels.
5. Qui surmontera le mieux les absences ?
Ce Mondial, c’est aussi celui des grandes absentes, principalement pour blessure : les Bleues sans Katoto, Cascarino ou encore Amandine Henry, les Lionnes d’Angleterre sans Beth Mead, leur capitaine Leah Williamson et l’attaquante Fran Kirby, Catarina Macario absente du côté des USA et le Nationalelf amputé de Linda Dallmann et Giulia Gwinn. Les pépins physiques ne sont pas les seuls responsables d’absences de joueuses. Chez les Espagnoles, seulement trois joueuses parmi les frondeuses qui avaient demandé à ne pas être sélectionnées pour réclamer de meilleures conditions ont été rappelées. Patri Guijarro, Mapi León et Claudia Pina, toutes trois blaugrana, supporteront donc leurs coéquipières de leur canapé. Alors qui saura passer outre ces absences et rendre une bonne copie avec ses présentes ?
6. La distance va-t-elle flinguer l’ambiance ?
On le sait, le foot appartient à tout le monde et donc aussi au continent océanien. Ce qui, en matière d’horaires de diffusion des matchs, n’est pas forcément ouf quand on habite en Europe. Qu’à cela ne tienne, on en profitera pour réapprendre à se lever tôt et à faire la sieste en pleine journée. Sur place en revanche, malgré la polémique des 20 000 billets offerts par la FIFA en Nouvelle-Zélande, l’ambiance semble être au beau fixe. Contrairement au Mondial 2019 et à l’Euro 2022, point de discorde quant à la capacité des stades retenus. Si le plus petit compte 18 000 places, le plus grand en fait 82 500. Depuis la finale Angleterre-Allemagne l’année dernière, on sait que ce n’est plus un défi de remplir une telle enceinte. Gageons également que les courageux supporters à avoir investi dans un déplacement aux antipodes en profitent pour doublement mettre le feu. Les locaux, eux, sont déjà chauds, on l’a vu lors de l’amical Australie-France et le fait de jouer dans un stade de foot australien ne semble être aucunement un problème.
7. La France doit-elle se mettre en mode répétition générale ?
Bizarrement, le nom des Bleues revient assez peu souvent quand il s’agit de citer les favorites de ce Mondial océanien. La faute à la prise de fonction tardive d’Hervé Renard ? Aux absences d’Amandine Henry, Marie-Antoinette Katoto et Delphine Cascarino ? Ou bien tout simplement parce que le statut de chat noir qui colle aux Françaises est désormais connu de toutes ? Et si, du coup, on prenait ce Mondial pour une répétition générale avant le vrai objectif qui compte : les JO 2024 à domicile ? Idéal pour entamer le tournoi sans pression et, pourquoi pas, créer une petite surprise. Après tout, quand on a pour sélectionneur un homme qui a fait gagner la CAN à la Zambie, il n’est pas interdit de rêver.
8. L’Albiceleste va-t-elle faire ressortir les Argentins dans la rue ?
Comparaison n’est pas raison. Si les garçons ont provoqué une liesse inouïe en décrochant leur troisième étoile l’hiver dernier au Qatar, rien n’indique que les filles arriveront à soulever le trophée le 20 août prochain. Et pour cause : en Coupe du monde, l’Albiceleste femminile n’a encore jamais remporté le moindre match sur ses trois participations. Pourtant, ça ne l’empêche pas de faire vibrer les foules, et le match nul (3-3) obtenu face à l’Écosse sur la pelouse du Parc des Princes est entré depuis dans la légende. Dans un groupe relativement compliqué sur le papier (Suède, Italie et Afrique du Sud), les Argentines vont donc devoir ferrailler pour décrocher trois points d’un coup pour la première fois. Coup de bol, la capitaine Estefania Banini et la gardienne Vanina Correa sont toujours là et ont fait partie des troupes qui ont terminé sur la troisième marche du podium de la dernière Copa América. Malgré tout, la plupart de leurs coéquipières jouent au pays où, malgré un statut pro adopté il y a quatre ans, beaucoup doivent encore prendre un second job pour joindre les deux bouts. Et s’il suffisait d’une petite victoire pour faire bouger les choses en grand ?
9. Arrivera-t-on un jour à ne parler que de sportif quand il s’agit de foot féminin ?
D’abord, il y a eu des joueuses espagnoles qui ont demandé à ne plus être appelées en sélection, en signe de protestation contre leurs conditions de travail et leur relation avec leur sélectionneur. Ensuite, il y a eu le long bras de fer entre la FIFA et les diffuseurs pour savoir où on allait bien pouvoir suivre ce Mondial. Après, la lutte des joueuses anglaises, mais également australiennes pour bénéficier de primes dignes de ce nom a commencé. Avant ça, on a eu un sélectionneur accusé d’agressions sexuelles qui emmène l’équipe à la Coupe du monde mais aussi une sélection entière qui a dû créer une cagnotte pour financer son hébergement et ses repas pour le tournoi (si, si). Les polémiques n’en finissent pas avant même le coup d’envoi de la compétition. Bien sûr, les revendications des joueuses sont importantes. Il est cependant primordial que l’extrasportif ne prenne pas le dessus sur le jeu lors de cette compétition, pour qu’enfin on ne parle que de foot et que les joueuses aient la visibilité qu’elles méritent. Et ce n’est même pas nous qui le disons, c’est le chauve de la FIFA.
Par Gnamé Diarra et Julien Duez