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Les maux du PSG à corriger en 2015
« Il y aura certainement des petites choses qui vont changer, des passe-droits qui vont disparaître. » En direct de Marrakech, où le PSG est en stage, Laurent Blanc a mis en garde son groupe. En 2015, pas question d'être aussi mou et inefficace qu'en 2014. Troisième de Ligue 1 quand on a 500 millions de budget, ça la fout mal. Pour espérer conserver son titre, le PSG doit changer. Et radicalement.
La possession de balle pour la possession de balle
65%, 63%, 64%, 69%. Les matchs du PSG se suivent et se ressemblent dans la possession de balle. Sauf qu’au coup de sifflet final, les Parisiens n’ont jamais dominé leurs adversaires. On sort même de la demi-saison où le PSG semble le moins capable de dicter un rythme et un tempo en Ligue 1. C’en devient presque dramatique. À tel point que ce dogme de la possession commence à irriter fortement les suiveurs du club de la capitale. Garder la balle, c’est bien. Mieux l’utiliser, c’est mieux. Ces longues séquences de passes transversales n’amusent plus personne et n’apportent aucun danger. Même Laurent Blanc commence à se faire chier avec son idée « barcelonesque » du football. À tel point que ses défenseurs, habitués à toucher la gonfle près de 50 fois par match pour se faire des papasses, en viennent à perdre le goût du combat. « Ce qui m’interpelle, c’est qu’on a deux fois plus de possession de balle que nos adversaires, mais qu’ils arrivent pourtant à avoir à peu près autant d’occasions. Ça veut dire que dans cette zone-là, quand l’adversaire a le ballon, on est beaucoup moins efficaces. On n’est pas assez agressifs, pas assez réactifs à la récupération et on laisse trop faire l’adversaire. C’est un axe de travail. » Sous Ancelotti, le PSG s’était repris en main en jouant le contre. C’est une évidence, la possession de balle à outrance a vécu. Il faut donc changer de philosophie.
Le schéma tactique unique
4-3-3 avec une pointe basse. Depuis dix-huit mois, Laurent Blanc n’a que trop rarement changé de schéma tactique. Ou plutôt d’animation offensive. De temps en temps, l’ancien coach des Girondins s’est essayé avec un numéro 10 et deux pointes, mais très rarement dans la durée. Surtout, cela ne semble pas travaillé à l’entraînement (difficile à mettre en place entre deux toros et une partie de tennis-ballon). Sur le papier, le duo Zlatan Ibrahimović et Edinson Cavani devrait faire maigrir toutes les défenses d’Europe. Or, les deux n’ont jamais évolué en duo à la pointe d’un 4-4-2 avec deux milieux excentrés (qui pourraient facilement être Pastore et Lucas, par exemple). Ce schéma, fortement similaire à celui mis en place sous Ancelotti lors du printemps européen de 2013, aurait le mérite de vraiment essayer le binôme offensif, ce qui n’a jamais été vraiment travaillé au fond. Oui, l’Uruguayen a des statistiques de buts intéressantes, mais son apport dans le jeu est catastrophique. Avant de vouloir se débarrasser de la recrue la plus chère du club, n’est-il pas judicieux d’essayer d’associer les deux attaquants sur la durée pour s’éviter des regrets ? Pour ce faire, il faut enterrer le 4-3-3 et passer à autre chose. Il faut travailler, donc. Un gros mot.
Les changements à l’heure de jeu
Tiens, c’est l’heure de faire entrer Cabaye pour Verratti. 60e minute, Laurent Blanc se lève de son banc, demande à Cabaye d’enlever son survêtement et rappelle Verratti – souvent excellent – sur le banc. La suite ? Une demi-heure de rien, puisque la seule lumière parisienne est sortie. Dans son coaching, le Président est trop prévisible, trop systématique, trop frileux, aussi. Pour (re)devenir une machine à tuer, les changements doivent être bénéfiques. Cela fait bien longtemps que les entrants n’ont rien apporté, à l’exception de Jean-Christophe Bahebeck (Lorient, Monaco, Ajaccio). C’est flatteur pour le champion du monde U20, mais terrible pour le PSG.
Le capitaine abandonné
Voilà un an que Thiago Silva traîne son spleen sur les terrains de France et du monde entier. De janvier à mai, le capitaine parisien préparait le Mondial. Depuis juillet, il se remet du Mondial. Un an que ça dure. C’est trop. Quelconque – au mieux – depuis un an, le Brésilien n’est jamais bousculé par sa hiérarchie ni même son entraîneur qui avouait, mi-décembre, vouloir « remettre Thiago Silva en confiance plus que de le changer. C’est mon rôle et celui du staff. Silva est notre capitaine, ce n’est pas un joueur comme les autres, a expliqué Blanc. Je ne suis pas sûr que le sortir ou le mettre en concurrence le placerait dans les meilleures dispositions. » Aujourd’hui, celui que l’on aime appeler « O Monstro » n’apporte plus tellement au PSG quand il est sur le terrain. Pis, son brassard de capitaine semble être un fardeau. Qu’apporte-t-il réellement dans ce rôle ? Est-il un leader ? Un homme capable de remobiliser les siens ? Difficile à dire. L’homme doit surtout retrouver son football. Un capitaine est un joueur au-dessus des critiques, indiscutable et respecté. Au fond, Zlatan Ibrahimović, Marco Verratti ou Salvatore Sirigu répondent à ces critères. Silva, non. Peut-être que la concurrence de Marquinhos lui ferait du bien. Elle ferait du bien au PSG en tout cas.
Le mercato
Cet été, le PSG s’est raté. Oui, le fair-play financier a bon dos, mais balancer 50 patates sur David Luiz quand on a Alex sous la main, c’est du suicide. Dès l’ouverture du mercato, le PSG était déjà dans le dur et n’a jamais réussi à ramener ses cibles prioritaires (Di María, Pogba). Pour ne pas reproduire deux fois la même erreur, le PSG doit anticiper. Et vendre. Actuellement, ils sont trois ou quatre à ne plus être indispensables au club pour la suite du « projet » : Lavezzi, Cavani, Thiago Motta et Thiago Silva. Ces quatre-là, à des degrés moindres, pourraient être amenés à quitter le club en cas d’offres intéressantes. Pour les deux Thiago, c’est surtout leur niveau actuel qui pose problème tant ils n’apportent plus rien. Pour les deux anciens Napolitains, c’est plus dans la catégorie « mariage raté » qu’il faut aller chercher. Lavezzi, 30 ans en 2015, n’aura jamais l’hygiène de vie d’un footballeur. À 5 millions de salaire par an, ça fait cher la bouteille et la blague de l’olive. Vendre Pocho permettrait de se débarrasser d’un gros salaire et de faire de la place dans la masse salariale pour attirer un gros poisson. Dès janvier, le PSG doit travailler en sous-marin pour l’été prochain. Et ça vaut pour le poste d’entraîneur. Ça vaut surtout pour le poste d’entraîneur, en fait (Est-ce que tu nous entends, El Cholo ?).
La communication
En voulant chasser les passe-droits, Laurent Blanc a publiquement avoué qu’il y en avait dans sa gestion du groupe. C’est maladroit. Suicidaire. Comme toute la communication parisienne dans l’ensemble. Entre la suspension « à vie » de Brandão, la « plus belle victoire de sa vie » après le 3-2 contre le Barça et « la dernière défaite de la saison » après la première survenue au Nou Camp, Nasser ne donne pas l’exemple, en même temps. D’un point de vue communication, le PSG ne sait pas rester mesuré. Depuis six mois, on doit se coltiner la « préparation tronquée pour cause de Mondial » , « le déficit physique post Coupe du monde » , « ça ira mieux quand l’effectif sera au complet » à longueur de conférence de presse. Bizarrement, fin décembre, le PSG est le seul club ambitieux d’Europe à ne pas être dans le vrai d’un point de vue physique. À un moment, seul le travail remplace les mots. Allez, au boulot.
Par Mathieu Faure