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Les marches de Vahid
Quatre victoires sur ses quatre derniers matchs, quatorze buts inscrits, un cycle de confiance enclenché : le FC Nantes version Vahid Halilhodžić prend forme et ne s'arrête plus de gagner. Dimanche, les Canaris ont fait exploser Guingamp.
La Ligue 1, ce mur d’escalade. Au départ de cette aventure, un trou : Bordeaux, son Matmut-Atlantique, une énième gamelle sur la route d’un début de saison passé dans le brouillard. Au soir du 7 octobre dernier, le FC Nantes était dix-neuvième de Ligue 1, se baladait entre les pelouses du championnat de France avec l’avant-dernière défense du circuit (16 buts encaissés en neuf matchs) et Waldemar Kita, président pyromane et impatient de la boutique nantaise, venait quelques jours plus tôt de faire passer par-dessus bord Miguel Cardoso, un type qui devait pourtant, selon le boss, faire « rajeunir » les plus anciens fidèles de la Beaujoire et raviver le vieux spectre du foot à la nantaise. Raté. Puis, on a vu Vahid Halilhodžić revenir dans le coin et sortir sa loupe pour trouver « les petits détails » qui empêchaient de faire tourner correctement une machine détruite en Gironde (3-0). Ce jour-là, le nouveau coach du FC Nantes n’avait pas traîné pour rafaler le tableau : « Il faut que tout le monde sache qu’on est mauvais. Il nous manque tout : le physique, la tactique, le mental, la technique. Aujourd’hui, l’équipe est en deuxième division. » Et maintenant ? Tout a changé, déjà.
Le foot va vite, très vite, notamment dans le petit monde de la Ligue 1, où une équipe peut imploser négativement comme positivement en trois petits matchs. Voilà maintenant un mois que Nantes a quitté Bordeaux et qu’Halilhodžić a débarqué : « Si la défaite de Bordeaux ne faisait pas mal, il faudrait arrêter de jouer au foot. » Mieux : le FC Nantes s’est mis à rejouer et à gagner, a enfin trouvé un équilibre raisonnable – ce qui n’était pas le cas sous Cardoso –, ce qu’a résumé récemment le milieu Abdoulaye Touré en glissant qu’offensivement, rien n’avait changé avec Vahid Halilhodžić, mais que l’équipe avait désormais « des règles défensives à respecter » . Simple et salvateur, car les Nantais n’ont encaissé qu’un but depuis la noyade du Matmut-Atlantique (à Amiens, le 27 octobre) tout en enchaînant quatre victoires consécutives toutes compétitions confondues. Attention : cette histoire ne comporte aucun miracle.
Petit-déjeuner et dette
Vraiment ? C’est l’idée développée depuis le départ par Vahid Halilhodžić, qui ne s’est jamais présenté comme un révolutionnaire du foot. Que s’est-il passé alors ? « Je me suis adapté aux qualités des joueurs, mais ça évolue en fonction des situations, quand on a le ballon ou pas, quand on récupère haut ou bas » , répondait le Bosnien fin octobre. Ce qui s’est traduit tactiquement lors de la réception de Toulouse (4-0), le 20 octobre, par l’installation d’un 4-3-3 animé par le trio Limbombe-Sala-Boschilia et où Valentin Rongier a retrouvé un rôle plus adapté à ses qualités. Depuis, Nantes est allé s’imposer à Amiens (1-2) et à Montpellier en Coupe de la Ligue (0-3) avant de détruire Guingamp dimanche (5-0) au terme d’une seconde période collectivement très aboutie. Assez pour faire sourire le coach de l’actuel dixième de Ligue 1 : « Vous voyez que je ne suis pas un entraîneur défensif, moi l’ancien attaquant ! Il faut voir toutes les conneries qui sont écrites sur moi. Un jour, je vais sortir un livre avec toutes ces conneries, ça sera un best-seller mondial. »
Le secret, finalement, se trouve peut-être aussi en dehors du terrain : depuis son retour au club, Halilhodžić a ainsi transformé l’humeur ambiante en interne, jouant à fond sur la notion de respect et instaurant notamment un petit-déjeuner commun. « Tout ce qu’on fait, c’est tous ensemble » , soulignait dimanche dans L’Équipe le défenseur Diego Carlos. Pas de magie donc, juste un retour à l’essence du foot : du boulot répété, un acharnement japonais sur la ponctualité, une proximité retrouvée avec les supporters – Vahid Halilhodžić a salué individuellement de nombreux supporters dimanche à la Beaujoire – et le succès qui vient naturellement, certains comme Nicolas Pallois retrouvant même une place de titulaire. Aujourd’hui, le FC Nantes est de retour, enfin lancé dans sa saison, porté par un Emiliano Sala qui affiche déjà dix buts en douze journées (une première depuis… Halilhodžić en 1984-1985), et le dresseur des Canaris a déjà réglé une partie de sa « dette » avec Kita. Reste à confirmer dans la durée et voir jusqu’où ce groupe peut réussir à grimper : c’est déjà une autre histoire qu’un maintien.
Par Maxime Brigand