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Les Manchester United Girls, c’est quoi au juste ?
Des selfies avec le maillot de Manchester United, des photos en petites tenues, des interviews avec des supportrices du club basées en Pologne, au Vietnam ou au Paraguay, c'est peu ou prou ce que l'on trouve sur Manchester United Girls, la plus grosse communauté de supportrices des Red Devils au monde.
Juin 2011 en Israël. Spécialisé dans le marketing pour des sociétés de jeux en ligne, Tal Segal, 27 ans, souhaite lancer sa propre page communautaire. Passionné par le foot et par le rapport qu’entretiennent les gens avec les maillots de leur équipe préférée, le jeune homme crée sur Facebook la page communautaire Manchester United Girls, rapidement suivie d’un site internet. Il ne le sait pas encore, mais il vient de donner naissance à la plus grande communauté de supportrices de Manchester United au monde.
Dans le détail, Tal Segal n’a pas d’objectif clair : « Je voulais simplement tester mes capacités sur les réseaux sociaux autour d’un sujet qui me serait propre. Lorsque j’ai vu que beaucoup de supportrices rejoignaient la page, je me suis dit qu’il y avait quelque chose à développer autour de tout ça. » Dans la foulée, des groupes Facebook tentent de venir concurrencer le projet du jeune homme. En vain. Aujourd’hui, 246 000 personnes aiment Manchester United Girls, et le site est régulièrement alimenté par des entretiens avec les supportrices. Basées en Malaisie, aux Philippines, à Malte, au Brésil, en Roumanie, au Nigeria ou encore en Hollande, celles-ci, dans leur grande majorité, n’ont jamais mis un pied à Old Trafford, mais vénèrent Alex Ferguson, fantasment sur Cristiano Ronaldo et respectent à tout jamais Rooney et Ryan Giggs.
Une religion, une communauté et des filles en petites tenues
« L’idée, c’est vraiment de servir de vitrine à toutes les supportrices de Manchester United » , poursuit Tal Segal, qui avoue ne pas avoir choisi les Red Devils par passion, mais parce qu’il s’agit de l’équipe la plus populaire du monde. Tout l’inverse de Joanne Radcliffe Mathews, une enseignante âgée d’une quarantaine d’années, née à Manchester et vivant aujourd’hui entre sa ville natale et Carcassonne. « Lorsque vous êtes née à Manchester, le football est une religion et surtout pas un moyen de passer le temps. Tout le monde, y compris les filles, doit choisir entre United et City quand il est petit, tout le monde se rend à des matchs de foot et tout le monde est en mesure de discuter du sujet intelligemment avec quiconque. »
À dire vrai, Joanne Radcliffe Mathews dénote quelque peu au sein des Manchester United Girls. Un seul coup d’œil sur la page Facebook ou sur le site suffit en effet à comprendre que cette communauté est remplie de filles dénudées et de bimbos mettant en avant les tenues les plus torrides des Red Devils. « Elles permettent de rendre la communauté attrayante » , avoue même Tal Segal, qui refuse néanmoins de limiter son projet à cet aspect. « La preuve, Alex Morgan, une des attaquantes de la sélection américaine, est présente à nos côtés » , se justifie-t-il.
« Aucun homme ne peut rivaliser avec ma connaissance de Manchester United »
Mais si Joanne Radcliffe Mathews dénote, c’est surtout parce qu’elle est sans doute l’une des « Manchester United Girls » les plus impliquées de la communauté. Si elle avoue avoir signé une clause de confidentialité avec les dirigeants de Man U, l’empêchant de nous conter les nombreuses fois où elle a rencontré les joueurs, elle confesse malgré tout avoir suivi le bus de l’équipe à travers toute la ville suite au triplé Premier League – FA Cup – Ligue des champions en 1999. Mieux, elle aurait fait plusieurs fois la fête avec les Red Devils. Entre deux questions, celle qui a créé le groupe « Love Manchester United Hate Glazer » , avoue également sa haine envers les frères Glazer. « Comme beaucoup de milliardaires investissant dans le foot, ils n’ont aucun respect de nos traditions et ont mis de très nombreuses années avant d’investir de l’argent pour les transferts. Et puis il faut avouer qu’ils ne pensent qu’en terme de rentabilité. L’équipe de foot féminine, par exemple, a été supprimée parce qu’elle ne rapportait pas assez d’argent. Je peux même affirmer qu’ils utilisent l’argent gagné grâce à Manchester pour soutenir un club de football américain en faillite, les Tampa Bay Buccaneers. »
Mais revenons-en à Manchester United Girls. Qu’importe après tout que la communauté n’ait aucun objectif défini, que les différentes adhérentes du site ne se soient jamais rencontrées ou que certaines photos mettent plus mal à l’aise qu’autre chose. Le fait que des centaines et des centaines de filles se retrouvent au sein d’un tel groupe en dit déjà long sur l’impact de Manchester United à travers le monde, l’un des rares clubs, selon Tal Segal, à avoir une réelle tradition et à attirer les foules : « Depuis des décennies, on trouve de nombreux supporters et de nombreuses supportrices de Manchester United à travers le monde. Demandez à une jeune fille si elle aime la Juve ou le Bayern et, dans la majorité des cas, elle ne saura même pas de quoi vous parlez. Demandez-lui la même chose à propos de Manchester United et vous serez bien étonné. » De son côté, Joanne Radcliffe Mathews va même plus loin : « Dans le monde du football, les filles sont souvent méprisées, comme si elles n’y connaissaient rien. Ce qui est absurde : depuis toute petite, je vais voir les matchs et une bonne partie de l’argent que je gagne est consacré au club. » Et de conclure : « Aucun homme sur Terre ne peut rivaliser avec ma connaissance et avec ma passion pour Manchester United. »
Par Maxime Delcourt