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Les mains dans la Poche

Par Maxime Brigand
6 minutes
Les mains dans la Poche

L'amour a duré un peu moins de trois ans. C'est l'histoire d'une romance entre un amoureux des cheveux longs et un Parc passionné des guerriers. Au début des années 2000, Mauricio Pochettino vivait sa parenthèse française dans les bras de Luis Fernandez avant de se terminer à Bordeaux pendant quelques mois. Une petite poche au grand cœur.

Derrière sa ligne, il plane. À le voir, on le sent habité, provocant aussi. C’est le fils prodige du Parc, là où il est allé affûter son CV de joueur, d’abord, avec un championnat de France en 86 et deux Coupe de France (1982 et 1983) et en tant qu’entraîneur, ensuite, où il a célébré une C2 en 96, un doublé Coupe de France-Coupe de la Ligue en 1995. Hier, c’était une idole, déjà, et un capitaine. Ce jour-là, il est peut-être plus que jamais le roi, alors il danse et ne peut plus s’arrêter. Au même moment, Ronaldinho vient d’exploser sous les yeux de la tribune Boulogne. Le jeune Brésilien est un génie, son conflit avec Luis Fernandez n’est encore qu’un embryon et son talent vient de marcher sur un OM écrasé ce 26 octobre 2002 (3-0). Cinq mois plus tard, le 9 mars 2003, Fernandez dansera de nouveau, sur le Vélodrome cette fois (3-0), mais avec une sécurité renforcée en plus. Un tableau parfait, d’autant que fin janvier le PSG a éliminé Marseille de la Coupe de France (2-1, a.p.). Cette fois encore, Luis a dansé, mais plus par plaisir que par provocation. Son fils spirituel a débloqué la situation, a relevé le Parc de son siège et s’est mis à courir partout avec son alter ego de la défense, Talal El Karkouri, sur le dos. De la tête, comme souvent, et avec son brassard de capitaine serré autour du biceps. Il ne le sait pas encore, mais Mauricio Pochettino vit là une de ses dernières émotions au Parc. Luis non plus ne le sait pas mais peu importe, les deux hommes savent qu’ils se retrouveront.

Le voisin d’à côté

Il faut remonter le temps. Revenir à Sedan, à Louis-Dugauguez, un soir de décembre 2000. Un soir, aussi, où l’homme sans cou, Pius N’Diéfi, avait inscrit un triplé pour faire tomber le PSG (5-1) et couper la tête de Philippe Bergeroo sur le banc parisien. La conclusion d’un revirement estival stratégique où les dirigeants du club de la capitale avaient sorti les gros moyens pour ramener Peter Luccin, Stéphane Dalmat et Nicolas Anelka. L’objectif était le titre, la finalité sera la déroute (9e) avec le retour de Luis Fernandez au Parc à l’hiver 2000. L’été précédent, l’édifice parisien avait été bousculé, il s’agit cette fois de le faire voler en éclats. Alors dès janvier, Fernandez fait jouer ses connexions et ramène à Paris sa troupe d’Hispanophones (Arteta, Enrique de Lucas, Pochettino). C’est la première vague avant de voir débarquer Cristóbal et Heinze. Mauricio Pochettino vit alors ses dernières années de joueur professionnel, est déjà un pilier de la sélection argentine appelée à filer à la Coupe du monde 2002, emmenée par Marcelo Bielsa, qui a façonné la « petite poche » et doit amener son expérience. C’est le patron de Luis, son relais, « un homme qui aimait parler tactique, toujours dans l’analyse, la discussion, la pédagogie avec son calme naturel » , comme le confie l’ancien coach parisien.

Reste que Pochettino est surtout le symbole d’un état d’esprit. « Il correspondait parfaitement à ce qu’était le Parc à cet instant, explique le gardien parisien de l’époque, Jérôme Alonzo, arrivé au PSG en 2001. C’était simple : il n’y avait pas de stars à part Ronnie et Okocha. On était avant tout une équipe de guerriers. Les gens aimaient ça et s’identifiaient à nous. Il n’y avait pas de titres, mais les supporters qui venaient nous voir jouer se disaient « ces mecs, ça pourrait être nous ». Chaque joueur était comme le voisin d’à côté au final, parce que cette troupe de mecs nous a apporté la culture de la grinta. » Pochettino est alors placé dans l’axe de la défense. C’est le patron et rapidement le capitaine, « celui qui ne parle pas fort, qui ne fait pas de grands gestes, mais qui l’ouvrait quand il fallait » . Comme lors du Lille-PSG du 4 mai 2002 (0-1), où l’Argentin n’hésita pas à prendre la parole pour bouger ses troupes, alors que Paris est en position de force pour aller chercher une qualification en Ligue des champions. « Il était comme ça, c’est quelqu’un qui ne parlait pas beaucoup, mais qui donnait énormément de conseils, aux jeunes notamment » , note Bernard Mendy.

Le padawan Heinze

Mauricio Pochettino est alors à l’image du PSG du début des années 2000. Un amour de la guerre humaine dans un contexte sans lumière. Paris ne se contente que de coups d’éclats comme du parcours jusqu’à la finale de la Coupe de France 2003 perdue contre Auxerre (1-2). Mais le Parc vit, il brûle même, car il aime et se reconnaît dans ses idoles. Pochettino est alors l’étendard, Heinze le « chien fou » . Gabi a souvent expliqué que Mauricio est son idole. « Il avait cette étiquette de mec un peu, mais c’est avant tout quelqu’un qui est hyper respectueux du système, des anciens. Gabi était complètement à l’écoute de Mauricio, dans une relation frère-grand frère. C’était le jedi et le padawan » , complète Alonzo. Et ça se voit, ça se sent alors que Heinze prend de plus en plus d’importance dans un effectif miné par le conflit Fernandez-Ronaldinho. Lors de la saison 2002-2003, le PSG terminera onzième avec les Déhu, Leroy, Cana, Fiorèse, Hugo Leal, Cardetti… C’est le Paris qui se passionne, mais qui ne gagne pas. Le bon temps, aussi, pour les plus romantiques.

Car en dehors, le groupe vit aussi très bien. Il a souvent été raconté une ambiance clanique entre Hispanophones et Français mais, selon Jérôme Alonzo, cela ne se voyait que « pour les barbecues géants que ce groupe aimait faire » , sinon « ils étaient les premiers pour les grosses réunions, Mauricio en tête » . Pochettino donne l’exemple, partout, avec sa gueule, son côté « chef secret » et son couteau entre les dents. Reste que les résultats chaotiques du club vont logiquement coûter la tête de Luis Fernandez. Paris veut grandir, retrouver les sommets et ne peut se contenter de bons parcours dans les coupes nationales. Cela doit se faire avec coach Vahid et son caractère. Un homme qui décide alors de se passer des services de Pochettino, de tourner une page face au salaire jugé trop important du défenseur argentin, qui se retrouve dans le panier du transfert envoyant Pauleta au PSG lors de l’été 2003. Mauricio Pochettino prend donc la direction de Bordeaux – « une surprise pour un mec qui aurait pu faire encore deux ou trois ans » avec le groupe parisien. « Il était naturel, donnait des conseils de lui même, c’était un réel plaisir de travailler avec un joueur aussi intéressé sur le foot et comment une rencontre se prépare » , précise Élie Baup. C’est d’ailleurs sous les yeux de Pedro Miguel que Mauricio quittera la France quelques mois plus tard après une dernière balade de quelques mois (11 matchs avec les Girondins). Jusqu’au 13 décembre 2003 donc et une victoire du PSG sur Bordeaux (2-1) avec un penalty raté de Darcheville. Pochettino s’en va, sans bruit, et retourne en Espagne, direction l’Espanyol. Où l’attend un certain Luis Fernandez. Évidemment.

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