- Top 100 : les buts contre son camp qui ont marqué l'histoire
Les légendes du CSC
Joueurs, équipes ou même caillou, ils ont leur place au Panthéon du but contre son camp.
Billy Balmer
À la Belle Epoque, les frères Billy et Bob Balmer jouent ensemble en équipe nationale d’Angleterre. Latéral droit, Billy passe onze saisons à Everton entre 1897 et 1908. Fait d’armes : huit CSC au compteur, pour 293 matchs chez les Toffees ! Et un seul but marqué dans les cages adverses – un penalty, en 1899, selon le statisticien officiel du club, Gavin Buckland. Un sacré ratio.
Jamie Carragher
En 508 apparitions en Premier League, l’emblématique centre back de Liverpool a marqué seulement trois fois en faveur des Reds. Mais il a surtout planté sept CSC ! En septembre 2010, lors d’un match de bienfaisance organisé à Anfield, mettant aux prises Liverpool à Everton, avec un mélange de joueurs pro et de vieilles gloires, Carra’ tire et marque volontairement un penalty contre son camp. Une manière de rappeler avec humour qu’il était un grand fan d’Everton avant de rejoindre l’académie de LFC. Et aussi d’assurer sa réputation de spécialiste du CSC.
Le caillou de Bollaert
« Le temps réglementaire est terminé… Oh, c’est un but… C’est incroyable ! » Le 23 novembre 1983, le RC Lens reçoit Anderlecht au troisième tour aller de la Coupe UEFA. Les Belges croient tenir la victoire après l’ouverture du score d’Erwin Vandenbergh à la 87e, mais une banale passe en retrait de Kenneth Brylle Larsen se transforme en CSC extraordinaire. Comment diable le gardien Jacky Munaron a-t-il pu rater le contrôle le plus anodin qu’il soit et laisser passer le ballon derrière la ligne ? Sur le coup, le portier belge ramasse des objets sur la pelouse se précipite pour le montrer à l’arbitre. Ce qu’il tient dans ses gants, c’est des cailloux, des canettes et des briquets. Il y aurait dans le lot un projectile lancé depuis la tribune qui serait la cause de sa bourde.
Sa réclamation est peine perdue, l’arbitre siffle la fin du match sur ce nul, 1-1. Devant les micros des journalistes, Munaron envoie tout le monde balader. La confusion est totale, sur fond d’échauffourées entre les supporters d’Anderlecht et la police. Sur la bande vidéo, qui a pris la poussière, on ne voit rien qui puisse modifier la trajectoire du ballon. En revanche, on aperçoit en effet un projectile qui tape la jambe d’appui de Munaron juste avant le contact avec la balle. L’arme du crime est un caillou, il a été lancé depuis la tribune des supporters… d’Anderlecht. Finalement, le caillou de Bollaert n’empêchera pas les Mauves de se qualifier au retour et de se hisser en finale où leur aventure se terminera par une défaite aux tirs au but contre Tottenham.
Sunderland FC 2002-2003
Le samedi 1er février 2003, alors que Sunderland reçoit Charlton, le Stadium of Light vit une éclipse totale entre la 24e et la 31e minutes. D’abord, il y a ce but de la semelle de Stephen Wright pour conclure un coup de billard sur corner. Puis, cette frappe adverse repoussée par le gardien sur Michael Proctor, qui lui renvoie la balle vers le but. Le même Proctor qui met un but du dos sur corner quelques instants plus tard. En l’espace de sept minutes et demi, Sunderland (qui terminera cette saison de Premier League bon dernier avec 19 points) vient de mettre trois buts contre son camp. Vous avez dit Chats Noirs ?
Le subconscient de Jamie Pollock
Pour son enchaînement sombrero sur un attaquant adverse + coup de tête lobé dans son propre but, qui s’avère être un but décisif dans la descente en D3 de Manchester City en 1998, Jamie Pollock occupe le rang #15 de notre classement. Mais l’histoire ne s’arrête pas là. Elle commence le vendredi 24 avril 1998, la veille de ce Man City-QPR. « Quelqu’un m’avait acheté une vidéo de CSC et d’actions gag pour Noël, et j’ai dit : « Je ne regarde pas ça« , raconte Pollock dans des propos rapportés par leGuardian. Mais le vendredi, pour une raison quelconque, je l’ai mis dans le lecteur et ma femme Linzie est arrivée et m’a dit : « Je n’arrive pas à croire que tu regardes ça avant le match« , mais j’ai répondu : « Non, ça va aller« , et puis finalement, j’en ai fait une [boulette]. » Et une belle.
Stade olympique de l’Emyrne
149-0. Non, le tableau d’affichage d’Antananarivo n’a pas disjoncté. Ce 31 octobre 2002, le match AS Adema – Stade olympique de l’Emyrne bat tous les records de buts possibles. Presque deux à la minute, donc. Il faut remonter à la journée de championnat précédente pour comprendre. L’AS Adema avait été sacré champion au détriment du SO de l’Emyrne grâce à un penalty litigieux accordé en fin de match. En guise de protestation, les dirigeants et joueurs du SO de l’Emyrne s’accordent donc pour passer tout le match face au rival à enchaîner les CSC. Imaginez un peu le calvaire pour les joueurs de l’AS Adema qui ne touchent pas le ballon ! À l’issue de la rencontre, la Fédération malgache de football infligera une suspension de trois ans à l’entraîneur du Stade olympique de l’Emyrne et d’autres, moins importantes, à quatre joueurs de l’équipe, dont le capitaine de l’équipe nationale. Madagascar, le film, le vrai.
Chris Nicholl
Défenseur central anglais reconnaissable à son gros naseau, Chris Nicholl est associé à un match en particulier : Leicester City 2-2 Aston Villa du 20 mars 1976, en championnat d’Angleterre. Ce jour-là, ce bon vieux Chris inscrit les quatre buts du match ! Deux pour les Villans et deux CSC en faveur des Foxes, donc. « Après avoir marqué ces quatre buts, j’ai demandé à l’arbitre si je pouvais garder le ballon, raconte Nicholl au Birmingham Post en 2006. ‘Non’, m’a répondu l’arbitre. ‘C’est mon dernier match, donc c’est moi qui le garde.’ C’était bien ma veine… » Pas de ballon, mais l’année suivante, Nicholl remporte (pour la deuxième fois) la League Cup avec Aston Villa en signant une frappe de 40 m qui vaut le détour. Des nuques longues, des poteaux carrés et une célébration les deux bras levés au ciel : pas de doute, c’était les 70s.
Stan van den Buys
Sammy Traoré en a rêvé, Stan van den Buys l’a fait : planter un coup du chapeau contre son camp ! L’ancien joueur de Lierse et de Molenbeek a réussi cet exploit sous les couleurs du Germinal Ekeren, face à Anderlecht, en janvier 1995. Score final : 3-2 pour les Mauves grâce à Stan the Man.
Barbade-Grenade 1994
Disparue en 2017, La Caribbean Cup, compétition qualificative pour la Gold Cup, a accouché d’un moment d’histoire lors de son édition 1994. Cette année-là, les organisateurs mettent en place une règle improbable : tous les matchs de poules (à trois équipes) doivent avoir un vainqueur. En cas d’égalité au bout de 90 minutes, place aux prolongations. Et ce n’est pas tout : si une équipe marque en prolongation, elle remporte le match et son but compte double au tableau d’affichage. Ce que l’on pourrait baptiser comme la règle du « but en platine » .
Ainsi, dans le groupe 1, Grenade a battu Puerto Rico 2-0 à la faveur de son seul but en prolongation. De son côté, la Barbade a perdu 1-0 contre Puerto Rico dans le temps réglementaire. Lors du dernier match, la Barbade doit donc gagner par deux buts d’écart pour se qualifier. La Barbade mène 2-0 et se trouve virtuellement qualifiée. Mais, à la 83e minute, un défenseur barbadien détourne malencontreusement le cuir dans ses filets et élimine virtuellement son pays. C’est alors que l’incidence de la fameuse règle entre en jeu. Le calcul des Barbadiens est simple : pourquoi tenter le tout pour le tout dans les dernières minutes alors qu’un match nul pourrait les propulser en prolongation et leur donner la possibilité d’inscrire un but (valant pour deux) en trois fois plus de temps ?
Le choix est vite fait. À la 87e, un moment de flottement s’installe quand un défenseur et le gardien barbadiens se passent le cuir dans leurs six mètres. Soudain, devant un public hilare, le défenseur catapulte le ballon dans son but. 2-2 ! La Barbade tient sa prolongation. Mais l’histoire ne s’arrête pas là… Dès l’engagement, les Grenadiens se ruent à leur tour vers leur propre but pour aller marquer un CSC synonyme de qualification. Mais le cuir est stoppé sur la ligne… par un joueur de la Barbade !
Jusqu’à la fin du match, Grenade tente donc d’inscrire un but dans les deux cages tandis que Barbade tente de protéger les deux. L’arbitre siffle finalement la fin de la rencontre sur le score de 2-2. Direction la prolongation. Quatre minutes de jeu suffisent alors à la Barbade pour valider son coup de génie en inscrivant le fameux but en platine qui compte double : victoire 4-2 et qualification au détriment de Grenade. Le mot de la fin est pour le sélectionneur des perdants : « Nos joueurs ne savaient même pas dans quelle direction attaquer. Le gars qui a pondu cette règle devrait finir dans un asile de fous » .
Par Florian Lefèvre et Valentin Lutz