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Les leçons tactiques d’Uruguay-France

Par Markus Kaufmann
Les leçons tactiques d’Uruguay-France

Quatre 0-0 d'affilée, et alors ? En Uruguay, un pays pour lequel le football compte beaucoup trop, la sélection n'aime pas perdre. C'est culturel. Depuis des lustres, elle propose donc un jeu dur, rigoureux, puissant. Et, selon les époques, talentueux. Les Bleus se sont rendus dans un pays qui n'a pas la phobie du 0-0. Dépaysés, ils ont pris une modeste leçon.

A quoi pouvait-on s’attendre ?

Autant crever l’abcès dès maintenant : non, cette rencontre amicale n’avait rien d’une répétition générale pour nos Bleus. Il s’agissait ni plus ni moins d’un test : un gros examen pour certains joueurs, un petit devoir pour le système de Deschamps. Pas d’attentes extraordinaires donc, et pas non plus de vrai reproche si toutes les consignes n’ont pas été respectées. Lors de sa dernière sortie, le cuisinier Deschamps avait concocté un 4-3-3 anti-ibérique avec le trio Matuidi-Pogba-Cabaye et seulement trois avants, Benzema-Ribéry-Valbuena. C’était équilibré au cœur du jeu, très talentueux sur les transitions, mais il manquait une menace offensive sur le côté droit. Un peu plus tôt, pour la réception de l’Allemagne, Deschamps avait opté pour son classique 4-2-3-1, avec Matuidi-Cabaye. Alors, les Bleus étaient allés presser la bande d’Özil très haut, étaient restés dangereux tout au long de la partie, mais s’étaient faits manger à la maison par le milieu allemand.

Hier à Montevideo, c’était le retour du 4-2-3-1 bien cuit, sauce Valbuena. En clair, Valbuena au milieu de tout, avec autour des ingrédients de moins bonne qualité que d’habitude. Ainsi, quatre interrogations planaient sur ce périple uruguayen. D’une, Capoue est-il suffisant pour que le jeu français puisse être lancé dès la relance ? De deux, comment Giroud évolue-t-il sans joueur de classe mondiale à ses côtés ? De trois, Payet peut-il être la gâchette qu’attendent les munitions du couloir droit tricolore ? Et enfin, mais qu’allait faire Gourcuff dans cette galère ? On avait aussi envie de se demander si Sagna pouvait proposer autre chose que Jallet en avril dernier, mais tout compte fait, on ne l’a pas fait. Il faut savoir être raisonnable.

La France sur son Petit vélo

Le match démarre dans les pieds de Mangala. Naturellement, le défenseur central gauche cherche à passer par le couloir. Trémoulinas une fois, Trémoulinas deux fois. Mais la sphère lui revient. Bon. Deux enseignements en deux minutes : la paire Capoue-Matuidi ne peut pas, ne sait pas assumer la construction du jeu, et Yohan Gourcuff commence mal. Alors que ce 4-2-3-1 laissait deviner de nombreuses combinaisons Valbuena-Gourcuff, c’est finalement Yohan qui se cache dans son couloir et Payet qui se libère sur toute la largeur du terrain. Disponible, très percutant et même habile, Dimitri a marqué des points. A revoir, la précipitation en moins. Au cœur du jeu, on se demande longtemps qui va porter le ballon côté français. Mais entre les hésitations de Matuidi, bien moins à l’aise quand le jeu est arrêté et quand ses coéquipiers ne s’appellent pas Javier et Marco, le manque de niveau de Gourcuff et les disparitions de Capoue, tout revient à Valbuena.

On le cherche d’abord de loin (que de bons contrôles…), puis il vient lui-même prendre les choses en main, très souvent dans l’axe. Là où jouent les hommes. Sans perte de balle, sans excès, tout en timing, vision et intelligence, Valbuena dessine les courbes des attaques françaises. En transition, les courses de Payet tombent à pic, à l’image de celles d’un Ribéry qui a cruellement manqué. Devant, alors que Benzema était disponible et précis dans les décalages, Giroud n’est jamais assez proche de Valbuena pour combiner, et jamais assez dans la profondeur pour profiter de ses longs ballons. La malchance d’Olivier aura été d’affronter une Celeste assise très bas dans son camp, sans espace pour des appels de renard. Enfin, la France centre trop et pas assez bien. Un gros problème de stratégie : mais pourquoi balancer de tels centres contre des défenseurs connus pour être impériaux au corps-à-corps ?

L’Uruguay au métier, et au talent

Le « 3-4-3 » de la Celeste joue donc comme à la maison, à son rythme. Pour commencer, une défense à trois placée très bas dans son camp donc, assez confortablement pour que Lugano n’ait pas à courir en arrière sur un long ballon. Voilà une façon de traiter dignement son capitaine. Surtout, la paire de rongeurs Gargano-Rios fait un travail remarquable. Systématiquement présente sur les seconds ballons, elle fait de Capoue un grand toutou inoffensif. Le positionnement très large des deux Pereira (Maxi plus que Alvaro) permet de faciliter la sortie et la circulation du ballon et, parfois, de surprendre le bloc français (la transversale de Ramirez sur le but de Suarez, notamment). Devant, Cavani et Forlan transforment des ballons compliqués en jolies opportunités de décalage. Mais l’Uruguay ne domine jamais. C’est un football aussi limité qu’Alvaro Pereira. Il manque quelque chose. Un lien. Un pied bien brossé. Celui de Gaston Ramirez, en fait.

Il y a le choix des hommes avant le match. Et il y a le choix des hommes pendant. Le moment est alors souvent plus important que les noms. Tabarez avait Suarez et Ramirez à ses côtés, et en plus il les a fait rentrer au bon moment. Ainsi, la Celeste n’a jamais été aussi dangereuse qu’entre la reprise et la 58ème, moment choisi par DD pour montrer Gomis et Lacazette. La somme des talents des deux onze avait déjà basculé d’un côté, et le score avec. Cela arrive, les 1-0 sur une action anodine. Cela aurait pu être l’une des vingt accélérations de Payet. Ce sera finalement la deuxième du grandissime Luis Suarez.

Le 4-3-3 contre le Brésil ?

A la 76ème, Cabaye entre pour prendre en main la construction « en profondeur » du jeu français, mais l’Uruguay joue si bas qu’on ne peut évaluer son impact réel. Grenier se décide moins vite que Valbuena, mais est plus intéressant en un-contre-un. Et si les deux étaient alignés ensemble, avec Grenier à l’intérieur ? Après une brève revue d’effectif, on se rend compte que le 4-3-3 avec un 8 est envisageable dimanche. Plus d’équilibre, plus de ballon au milieu, plus de construction, une place à terme pour Pogba, mais un besoin de plus de talent devant (Benzema indispensable) et surtout une solution à trouver sur ce couloir droit. Debuchy ? Face à la verticalité brésilienne, DD pourrait nous offrir un « osé » Matuidi-Cabaye-Grenier au cœur du jeu. Un petit vélo, c’est bien. Un petit moteur, c’est mieux.

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Par Markus Kaufmann

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