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Les leçons tactiques du Chili

Par Markus Kaufmann, à l'Estadio Nacional de Chile, à Santiago
Les leçons tactiques du Chili

Il fait froid chaque hiver à Santiago, mais cette année, les Chiliens espèrent se réchauffer avec l'explosivité d'Alexis, l'élasticité de Vidal, la magie de Valdivia, les kilomètres de Medel, mais aussi les idées de Sampaoli. Contre l'Équateur, l'Argentin a multiplié les changements de schéma au cours du match et ses hommes ont enchaîné les belles combinaisons, pour l'emporter finalement au bout d'un penalty farfelu et d'un contre. Alors, où en est la Roja ?

L’Estadio Nacional de Chile vibre durant l’hymne national chilien, et tout Santiago sort de son quotidien hivernal. Les feux d’artifice font crier les enfants, l’intensité de l’hymne repris a cappella par près de 50 000 âmes plaît aux rêveurs, et même les plus difficiles à convaincre fondent devant le premier déboulé d’Alexis Sánchez. La Copa América est lancée depuis quelques secondes lorsque la vedette d’Arsenal se lance à toute allure vers les cages de Domínguez, avant de dévisser sa finition. En quelques touches de balle, le Chili est déjà flamboyant, rapide, impressionnant. Le Chili est Bielsa, Sampaoli, Pizarro, Mati Fernandez, même si aucun de ces hommes n’est sur le terrain. Et puis, en une seule touche de balle, le Chili est ramené à sa condition d’éternel déçu. Le pied droit d’Alexis part loin des cages de façon inexplicable, et le Chili redevient Pinilla. Avec une seule action, puis une deuxième avec cette tentative de lob manquée, Sánchez a offert un condensé de cette Roja qui sait jouer, mais ignore comment gagner : une équipe aussi magnifique qu’inefficace, ingénieuse, mais trop peu concrète. Près de 70% de possession de balle, pour 8 tirs.

Alexis Sánchez, génie et figure

Les murs de Santiago ne laissent rien au hasard, de la station Baquedano aux alentours du stade : la figure de ce Chili, en dépit de toute l’excentricité de Rey Arturo, c’est bien Alexis. Jeudi soir devant son public, l’attaquant dynamite a démontré que sa première saison anglaise n’a pu venir à bout de son enthousiasme. Avant-centre infatigable, mais esseulé en première période, puis attaquant gauche explosif en seconde, Alexis a tout donné et Santiago a tout reçu. Ses statistiques parlent d’elles-mêmes : 4 tirs tentés, 4 occasions créées, 6 dribbles réussis, 4 récupérations dans le camp adverse, 4 fautes provoquées, 4 fautes commises, 1 passe décisive. C’est le premier enseignement de ce match : le rendement du Chili dépendra de celui de son numéro 7. Et si Alexis a touché autant de ballons dans des positions intéressantes, cela confirme bien l’idée générale transmise par les hommes de Sampaoli : le Chili sait encore dominer et élaborer du jeu. Le problème se situe dans la surface adverse. Sánchez a touché 8 fois le ballon dans celle-ci, mais la moitié de ses tirs ont été contrés. Le Gunner n’a pas su trouver les espaces tout seul – parce qu’il refuse toujours de tirer du gauche, aussi – et le Chili s’est retrouvé sans position de tir. Et lorsque la Roja s’est décidée à centrer, Alexis était trop seul pour reprendre les ballons d’Isla. Alors, mieux vaut que la vitesse de Vargas ne soit pas loin des accélérations d’Alexis : des 7 dernières passes décisives de Sánchez, 5 ont été destinées au buteur de poche aux airs de Sonic.

Le dessin du Chili

Derrière Sánchez, les schémas de Sampaoli ont énormément varié. Peu après la crainte provoquée par une douleur musculaire de Vidal à l’échauffement, tout le pays a posé ses yeux sur la défense rouge pour tenter de percevoir ce qu’avait prévu son entraîneur argentin. Le papier dit Isla, Medel, Jara, Mena, Beausejour. Cinq joueurs au profil potentiellement défensif. Et même six avec le polyvalent Diaz. Et le terrain ? Comme toujours, ce dernier a eu plusieurs vérités de la première à la dernière minute. Alors qu’un 4-3-2-1 était annoncé, c’est bien un 3-4-2-1 qu’a mis en place Sampaoli. Une triplette Medel-Jara-Mena, deux latéraux, Isla et Beausejour, la paire de milieux Diaz-Aránguiz et enfin le trident Valdivia-Vidal-Alexis. Avec le temps, la première période laisse même deviner un 3-5-2, tant Valdivia participe au milieu et Vidal étire en attaque. Mais de temps en temps, la position en retrait de Beausejour et l’ambitieuse envie de déborder d’Isla font croire à une défense à quatre. Toujours est-il que l’essentiel est respecté : les centraux chiliens écartent au maximum autour de Jara, Isla et Beausejour montent loin devant pour placer leurs attaques, et Diaz et Valdivia descendent dès qu’il le faut pour jouer court quand l’Équateur presse. En première période, les Chiliens ont effectué 314 passes avec une fluidité qui aura parfois fait passer cette solide équipe de l’Équateur pour un simple 4-4-2 défensif. Mais ce schéma pourrait changer face à la triplette de défenseurs mexicains.

Vidal l’attaquant

3-5-2 ? Sans Vargas ni Pinilla ? Mais qui a pu jouer attaquant aux côtés de Sánchez durant les 45 premières minutes ? On le savait buteur, doué pour la profondeur et bon à la conservation du ballon dos au but : voilà Arturo Vidal en neuf et demi, ou plutôt en associé d’Alexis. Le temps d’une grosse demi-heure, le joueur de la Juve a effectivement pris le temps d’agresser la défense équatorienne par ses mouvements entre les lignes. Comme d’habitude, finalement, sauf que le numéro 8 n’avait même pas l’ordre de redescendre au milieu à la suite de ses pressings. Le spectacle nous a laissé voir un attaquant typiquement sud-américain, très pressant, bagarreur et habile dans le jeu à une touche de balle (cette talonnade pour Isla…). Mais il lui a manqué une occasion pour tirer. En seconde période, l’entrée de Vargas poussera Vidal à redescendre aux côtés d’Aránguiz dans un milieu à deux, et la magie du football le poussera à provoquer – et tirer – un penalty en tant que milieu de terrain. Ironique.

La magie Valdivia

Valdivia change de chaussure dès la première minute. Tic, tac, Valdivia joue à droite, Valdivia joue à gauche. Valdivia rate sa première transmission, fait désespérer les romantiques, puis se met à exiger le ballon tout le temps comme une machine. Quand Aránguiz récupère un ballon, Valdivia ne prend même pas le temps de lui demander pour le lui prendre. Puis Valdivia change de chaussures, encore. Et Valdivia dribble dans la surface. La sienne. Puis dans celle des adversaires la minute qui suit. Un show du Mago fait de 5 fautes gagnées (très souvent brillamment), 3 dribbles réussis et 3 occasions créées. Dans un rôle hybride qui l’aura vu évoluer en soutien de Sánchez, puis au milieu derrière le ballon, Valdivia a fait croire au miracle, a désespéré un peu les siens (14 mauvaises passes, forcément quand on prend des risques…) et a surtout causé des problèmes au 4-4-2 équatorien. Pour l’Équateur, le défi a longtemps été de réduire les mouvements chiliens à l’axe, avec un 4-4-2 intéressant où le positionnement de Montero aurait pu prendre à défaut les montées d’Isla. Mais le milieu jaune a vite été usé par les déplacements vénéneux de Valdivia. Si Mati Fernandez s’est montré plus concret à son entrée en jeu (trop, même, puisqu’il a été expulsé), les mouvements entre les lignes d’un numéro 10 capable de recevoir la balle entre de nombreux défenseurs pourraient être décisifs pour un Chili qui manque d’espaces devant.

Le schéma change, pas de style

Quand Vargas entre en attaque, trois changements s’opèrent d’un seul coup : Mena remplace Beausejour sur le côté gauche, Vidal redescend sur terre au milieu de terrain près d’Aránguiz, tandis que Diaz redescend pour occuper un rôle hybride situé entre le Mascherano du Barça et le Mascherano de l’Argentine. Un libéro moderne. En phase défensive, le Chili est toujours à 3 derrière. En phase offensive, Marcelo Diaz monte pour devenir une solution à la relance et le 3-5-2 devient 4-4-2. Devant, Sánchez et Vargas écartent au maximum, et Vidal, Valdivia puis Mati Fernandez foncent dans l’axe à la recherche de décalages. Le but de Vargas rappelle aux adversaires que s’il est possible de réduire le Chili à peu d’espaces en jouant bas, mieux vaut ne pas perdre le ballon trop proche de ses propres cages. Enfin, David Pizarro est entré à cinq minutes de la fin. Et le vétéran aux pieds exquis a offert un joli récital de toque. Loin, très loin, s’il était devant sa télé, Xavi a dû apprécier.

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