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Les leçons tactiques de Roma-Real Madrid

Par Markus Kaufmann
Les leçons tactiques de Roma-Real Madrid

Confrontés à une Roma de Spalletti aux idées aussi modestes que bien préparées, le Real Madrid n’a pas brillé pour la grande première européenne de Zinédine Zidane. Le résultat est magnifique (0-2) et il paraît que c’est déjà tout ce qui compte à ce stade de la compétition. Mais derrière la qualification presque assurée, Zizou s’est surtout offert un peu plus de temps pour résoudre une équation madrilène historiquement insolvable.

Leur position est momentanément similaire, mais les trajectoires de leur parcours sont complètement différentes. Si Luciano Spalletti et Zinédine Zidane ont tous les deux enfilé le costume de Mister salvateur au cours de l’hiver, les capitales espagnole et italienne n’ont ni les mêmes espoirs, ni les mêmes objectifs. D’un côté, Zidane fait face au fantôme du Barça et à l’exigence permanente de la jungle madrilène : beau jeu, spectacle, buts et victoires. Sa force est d’être armé d’un effet de surprise, une sorte d’aura indéfinissable et incalculable qui encourage l’enthousiasme mais ne chasse pas les doutes.

De l’autre côté, Spalletti a déjà fait rêver la cité romaine et jouit d’une affection aussi éternelle que possible. Aujourd’hui, sa mission est de redonner à cet effectif talentueux les moyens de redevenir (très) compétitif. Le processus est plus lent, plus réaliste aussi, et n’exclut pas une phase d’adaptation. La solidité défensive, d’abord.

Après avoir observé de près Ancelotti puis Benítez, Zizou est maintenant le maître d’un bateau qu’il n’a pas construit.

La fluidité entre le milieu et les latéraux, ensuite. Et puis la participation de tous les offensifs dans le projet technique. Finalement, si Zidane se retrouve avec un navire rempli de cracks, sa liberté d’action est bien plus limitée. Si la confiance du vestiaire est bien le principal atout du Français et a permis un redémarrage spectaculaire en Liga, cela implique aussi que les changements hiérarchiques et les prises de position tactiques sont risqués. Après avoir observé de près Ancelotti puis Benítez, Zizou est maintenant le maître d’un bateau qu’il n’a pas construit.

Helguera et la confusion madrilène

Du côté madrilène, Zidane aligne ce qui ressemble fortement à une équipe type galactique. Devant Navas, tout fonctionne par paire : Varane-Ramos, Carvajal-Marcelo, Kroos-Modrić, Isco-James, Benzema-Cristiano. Chez elle au Stadio Olimpico, la Roma de Spalletti attaque la rencontre avec l’esprit de celle qui a préparé l’embuscade de la dernière chance. La semaine dernière, Fabio Capello avait prévenu la presse madrilène : « La Roma est dangereuse, il ne faut pas penser que ce sera un match facile. Attention à Spalletti, c’est une équipe différente maintenant, bien plus organisée. » Devant son quatuor défensif et un milieu à trois formé par Pjanić, Nainggolan et Vainqueur, le trio offensif a tout d’une escouade de pirates : El Shaarawy le revanchard à gauche, Salah l’intrépide à droite, et enfin l’Argentin rusé Perotti en faux 9. En clair, la Roma s’assoit à domicile sur les ambitions sophistiquées de Rudi Garcia, et à l’image du capitano Florenzi, elle semble sûre de ses idées.

En face, le Real Madrid ne commence pas la rencontre avec la même conviction.

Devant Kroos, ni James ni Isco n’essayent d’instaurer un cadre créateur d’opportunités, tandis que Modrić est limité dans ce rôle de milieu intérieur droit

La distribution de Kroos n’est pas assez dynamique : l’Allemand doit bien trop courir horizontalement pour espérer verticaliser le jeu avec constance. Devant lui, ni James ni Isco n’essayent d’instaurer un cadre créateur d’opportunités, tandis que Modrić est limité dans ce rôle de milieu intérieur droit. Pourtant, Carvajal et Marcelo évoluent très hauts sur le terrain. Mais les pôles de création alternent leurs efforts au lieu de les souder : Kroos donne une chance à la paire Marcelo-Isco, puis le ballon revient et c’est au tour de Modrić-James d’accélérer. Dans ces conditions, Isco et Modrić semblent piloter deux bolides différents.

Devant, Cristiano provoque une faute à chaque fois qu’il parvient à recevoir le ballon dans l’axe, tandis que Benzema réalise une première période d’avant-centre timide (seulement 18 ballons touchés, 15 de moins que CR7). Le sentiment général donne raison au jugement d’Iván Helguera cette semaine dans El País : « Cette double confrontation dépend entièrement du Real Madrid. Le problème du Real à l’extérieur, c’est qu’ils sortent pour voir ce qui se passe. L’équipe réagit en fonction de ce que le match suggère, elle agit en fonction de ce qu’elle trouve sur son chemin. Elle ne sort pas comme au Bernabéu. Ils ne savent pas s’ils veulent garder le ballon, s’ils veulent attaquer, s’ils veulent défendre. »

Les idées de Spalletti fauchées par les sauvetages de Ramos-Varane

En face, la position de Perotti suit son évolution récente en Serie A. Derrière la vitesse d’El Shaarawy et Salah, l’Argentin aux pieds imprévisibles occupe le rôle offensif de trequartista et met en scène les contre-attaques, mais se charge aussi du sale boulot d’essayer de gêner les relances méticuleuses de Kroos. Finalement, plus le Real baisse en intensité, plus l’espoir de voir une chevauchée argentine de Salah. Mais les duels avec Ramos se multiplient et ils tournent souvent en faveur de l’Espagnol. Derrière, l’organisation défensive romaine suffit amplement pour mettre à défaut le manque de vitesse du jeu espagnol, mais sa maladresse dans le troisième quart met en confiance les Gris et retarde tout contre potentiel.

À la 46e, Varane réalise un sauvetage décisif sur l’Italien et c’est peut-être le tournant de la rencontre. Jusque-là, le plan de Spalletti est parfait

Au milieu, Pjanić semble avoir la consigne de rendre le jeu aux Espagnols : le meneur devient relayeur et cherche systématiquement la profondeur. À la 33e, alors que la Roma développe sa première longue possession de la rencontre – à la Garcia – elle finit par chercher une fois de plus Salah côté droit, ce qui semble être la seule alternative aux longs ballons pour El Shaarawy dans le dos de Carvajal. À la 46e, Varane réalise un sauvetage décisif sur l’Italien et c’est peut-être le tournant de la rencontre. Jusque-là, le plan de Spalletti est parfait.

Au milieu de cette première période, alors que Kroos distribue le jeu sans dynamisme et que la Roma gratte de plus en plus de possession et d’espaces, le fantôme du Real des années 2000 refait son apparition. Cette équipe d’individualités incapable de passer les huitièmes de C1 face à Liverpool, Arsenal, Lyon ou encore cette même Roma. Mais si le collectif n’est pas assez fluide et si les individualités ne sont pas branchées, Ramos et Varane jouent aux électriciens surdoués et Cristiano n’a pas besoin de courant pour faire apparaître la lumière. Sur une action qui aurait très bien pu appartenir de l’autre côté à Salah, et que Spalletti avait dû imaginer des dizaines de fois dans sa planification, Cristiano déborde, tire et marque. Il a suffi d’un changement de jeu chirurgical de Kroos et d’une bonne ouverture de Marcelo. Le reste appartient au champion Portugais. 0-1.

Réglages romains tardifs et confiance individuelle madrilène

Le résultat est cruel pour Spalletti et encourageant pour Zidane. A 0-1, le Real retrouve sa confiance de géant européen. Trois minutes après le but, Benzema et Cristiano réalisent un enchaînement publicitaire, James se montre enfin dans le jeu et la Roma se retrouve poussée dans les cordes. Le bloc-équipe s’allonge, les espaces s’agrandissent et le Real n’a plus besoin de hiérarchie offensive pour se créer des opportunités. C’est le moment où Spalletti décide sagement de modifier son organisation. Out El Shaarawy, in Džeko. Zidane répond en faisant entrer Kovačić pour Isco, qui n’aura pas réussi à peser sur la rencontre. Les quinze minutes qui suivent sont les plus ouvertes de la rencontre. Salah porte le danger toutes les trois minutes en accélérant sur le côté droit, bien aidé par Florenzi, qui offre complètement son couloir à Cristiano. En échange, le danger madrilène est donc permanent et Spalletti doit intervenir une fois de plus.

Out Vainqueur et le 4-3-3, in De Rossi et le 3-4-3.

Le résultat est cruel pour Spalletti, qui semblait avoir parfaitement lu la disposition du Real.

CR7 et James sont tout proches de doubler la mise de la tête, mais la Roma parvient finalement à faire remonter le bloc à l’aide de ses nouveaux milieux latéraux avancés : elle frôlera aussi le poteau de Navas. Mais à la 80e, la Roma subit le deuxième tournant du match : Florenzi est fauché dans la surface par Carvajal et l’arbitre refuse d’intervenir. De l’autre côté, Jesé part fixer Lucas Digne et trompe Szczęsny d’un tir croisé parfait. Un Florenzi tout-terrain jouera aux numéros 10 puis Totti nous fera l’honneur de son élégance, mais la Roma a laissé passer sa chance. Si le résultat est cruel pour Spalletti, qui semblait avoir parfaitement lu la disposition du Real, cette épreuve européenne démontre que Zizou a rempli sa première mission : remettre ses joueurs majeurs dans les meilleures conditions. Cristiano marque toujours et se montre de plus en plus dans le jeu, tandis que Ramos est parvenu à éteindre la mèche Salah avec autorité.

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