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Les leçons tactiques de PSG-Real Madrid

Par Maxime Brigand
Les leçons tactiques de PSG-Real Madrid

Arrivé mercredi soir au Parc avec l’objectif publiquement annoncé de voir son PSG « courageux et actif », Thomas Tuchel en est reparti avec une copie brillante sous le bras. Ce premier match européen de la saison face à un Real faiblard permet de tirer de précieux enseignements tactiques et doit servir de base centrale à l’an II du technicien allemand. Voilà pourquoi.

Commençons par une note, glissée au milieu de la vie d’entraîneur de Thomas Tuchel, un matin de septembre 2016. À la plume, le journaliste espagnol Diego Torres, responsable d’une chronique dans El País. Titre : « Thomas Tuchel, le dernier grand innovateur. » Contenu : « Aucune autre équipe n’exhibe des déploiements aussi dynamiques ni un rythme de permutation aussi élevé. Tuchel prétend que ces déménagements se prolongent dans le temps et l’espace.(…)Son plan est de planifier l’action en générant des lignes de passes qui perturbent l’équipe adverse pour pénétrer les derniers mètres avec plus de clarté. Tuchel joue à recréer le chaos et le retour à l’ordre en quelques fractions de seconde. Son intention n’est pas de gagner, mais d’élever un monument. » Un monument qui est alors à l’époque jaune et noir, qui parle allemand et évolue sous la forme d’un 4-2-3-1 puissant, créatif, flexible. Un monument qui en jette, mais un monument fragile, capable de s’écrouler d’un coup par un manque de contrôle qui laisse automatiquement une place importante aux risques. Deux jours après la chronique de Torres, l’édifice de Tuchel va de nouveau le prouver au cours de la première rencontre opposant le technicien allemand au Real de Zidane. On y parle déjà de Ligue des champions, déjà de phase de poules et le « comment » écrase déjà le « pourquoi » dans l’esprit d’un homme qui traîne une drôle d’assurance et repartira de ce premier date avec un nul heureux (2-2).

Trois ans plus tard, Tuchel et Zidane se retrouvaient mercredi soir, au Parc des Princes. Autre cadre, autre combat, autres armes. Mais même Thomas Tuchel. Le même Tuchel qui affirme dès qu’il le peut se sentir incapable « d’appartenir à un club où le résultat passe avant tout le reste » et qui veut voir son équipe mettre le bordel. « J’aime quand ça bouge, glissait-il il y a quelques années au journaliste anglais Ben Lyttleton dans le cadre de l’écriture de Edge : What Business Can Learn from Football. J’aime prendre des risques. Ma philosophie est esthétique, et l’esthétique appliquée au football, c’est le contrôle du ballon, du rythme, de l’attaque à chaque minute. » Partout, tout le temps, point. Mardi, au cours de l’apéro médiatique de ce PSG-Real, coup d’envoi de la deuxième saison européenne du Tuchel parisien, il était alors venu en remettre une couche : « Pour ce match, je pense que la première solution, car c’est aussi dans notre caractère, sera d’être actif. Je ne veux pas jouer de façon trop passive, car cela veut dire que le Real aura beaucoup le ballon. Je veux voir mes joueurs jouer de façon courageuse, qu’ils soient agressifs, rapides, actifs. Ce sera le défi. » Surprise : c’est ainsi que le PSG a débarqué sur la pelouse, malgré l’absence de son cerbère offensif (Cavani, Mbappé, Neymar) et les doutes nés lors des premières semaines de Ligue 1 passées sans réellement briller et maîtriser l’intégralité de ses affaires. Résultat ? Tuchel a tout eu : le contrôle, le rythme, le ballon, l’agressivité.

L’armoire géante

Tout, tout de suite. Dans un Parc qui l’attend au tournant, le PSG est maître du temps et semble se transformer en armoire géante où les tiroirs s’ouvrent et se referment de manière parfaitement coordonnée. Aux commandes du coffre, Idrissa Gueye, la « machine » (Tuchel), vient claquer d’entrée dans les chevilles d’un Kroos étouffé alors qu’Ángel Di María n’hésite pas à dézoner pour embrouiller un secteur défensif madrilène sans réel repère collectif. Titulaire pour la première fois de sa vie au Real, Éder Militão souffre dans son couple avec Ferland Mendy et laisse Pablo Sarabia pourrir les demi-espaces. À l’opposé, Karim Benzema comprend rapidement où il vient de tomber et demande à son bloc de grimper d’un cran. Impossible : le pressing parisien, et notamment Gueye, empêche Toni Kroos de péter les lignes – incapacité à créer de la supériorité numérique – et force l’Allemand à reculer à plusieurs reprises. La relance du Real est éteinte et, lorsqu’un rideau est franchi, de nouvelles trappes se forment. Pour la première fois de la saison, le PSG est dans un contrôle total, Marquinhos, posé entre Verratti et Gueye, permettant de couvrir les montées de Meunier et Bernat, et le Real se montrant incapable de casser la relance parisienne (au cours de la rencontre, Thiago Silva a trouvé Idrissa Gueye 14 fois, Kimpembe a touché Verratti 26 fois).

Partant, le contrôle souhaité par Tuchel étant présent, voilà le fameux jeu du « recréer le chaos et le retour à l’ordre en quelques fractions de seconde » , possible grâce à la réflexion collective permanente d’un onze parisien parfaitement équilibré. Le PSG n’a pas seulement la possession (53%), il a aussi les idées. La relation Bernat-Di María (2 passes clés chacun) en est la preuve et, à la 12e minute, le couvercle madrilène saute à la première tentative locale. Avec patience – un mouvement construit sur 70 secondes et en 26 passes –, des décalages intérieurs et des dédoublements malins, couplés à un jeu de corps parfait d’Icardi, à la déviation pour Bernat devant un Varane en retard une première fois, avant de l’être une seconde devant un Ángel Di María en queue de circuit. En face, Eden Hazard, à l’origine de l’ouverture du score du PSG, est beaucoup cherché (28 fois en première période), mais enchaîne les mauvais choix alors qu’Idrissa Gueye l’empêche d’effectuer ses « retours intérieurs » . Au quart d’heure de jeu, le Belge croque même une balle cadeau d’égalisation après une relance précipitée plein axe de Kimpembe. Le Real a les idées brouillées et n’arrivera pas à réussir la moindre passe (sur 3 tentatives seulement) dans la surface du PSG en première période. À l’inverse, les Parisiens en ont réussi 13 sur la même période (18 au total) et ont surtout maintenu un taux de passes réussies de 80% dans le dernier tiers du Real. Le premier contributeur ? Gueye, là encore.

Map des ballons touchés par Idrissa Gueye face au Real.

Créer une atmosphère

« Le type de joueur qu’il manquait » au PSG l’an passé, celui pour qui Thiago Silva a peiné à trouver les mots après la rencontre : « Pfff…. Idrissa, c’est incroyable. Je ne sais pas combien de ballons il a récupérés aujourd’hui, et ce n’était pas des ballons faciles. Marco et Marquinhos ont aussi été très bons. Mais Gana… » Il a simplement été partout : 90 ballons touchés, 100% de dribbles réussis, 93% de passes réussies (dont 100% dans la surface adverse et 35% réalisées dans le dernier tiers adverse), 2 tacles, 2 interceptions, 2 fautes gagnées… Simple, le Sénégalais a étiré et compacté le Real à la fois, comme s’il s’agissait d’un accordéon bon marché.

Lorsque Meunier grimpe, Gueye est utilisé pour le couvrir et tenir les lancements d’Hazard.

Mieux, c’est lui que Meunier trouve sur une touche au moment du deuxième but de Di María et c’est lui qui déclenche un une-deux avec Marquinhos avant de décaler l’Argentin. Mais comment expliquer qu’assommé, le Real ne s’est pas révolté ? Il l’a fait, mais seulement via des tentatives lointaines d’un Gareth Bale volontaire, comme James Rodríguez, mais souvent déconnecté d’un bloc qui n’a jamais vraiment existé mercredi soir au Parc. « Ce soir, il n’y a rien à dire, est venu souffler Zidane après la rencontre. On n’a pas été performants et, à ce niveau de la compétition, si le niveau et le rythme ne sont pas élevés… Le PSG nous a mis sous pression. Et la deuxième période n’a pas été meilleure… »

Avant tout, car dès le retour des vestiaires, le PSG n’a pas changé et a maintenu son intensité : une première cette saison et depuis de longs mois. Ainsi, le Real n’a jamais vu le moindre espoir naître et est rentré à Madrid sans cadrer la moindre frappe – une première depuis près de 30 ans. Cela s’explique par l’incapacité des hommes de Zidane à gérer le chaos organisé construit par Tuchel et à gêner un milieu parisien qui a bouclé sa rentrée européenne avec 274 ballons touchés à trois têtes (aucun milieu du PSG n’est tombé en dessous des 90% de passes réussies également). Le troisième but, inscrit par Meunier, qui a quasiment récupéré le ballon à l’entrée de la surface parisienne au départ de l’action avant d’aller conclure avec Bernat, est la cerise de l’histoire, mais aussi le point final d’un match vu par Thomas Tuchel comme une première pierre. Pour une raison simple : depuis son arrivée au PSG, l’Allemand souhaite voir ses joueurs aborder un match de Ligue 1 à Metz comme si c’était le Real en face. Il s’en était expliqué dès le premier jour : « On doit créer une atmosphère comme celle-ci, car c’est comme ça que tu prends soin des petites choses, des détails et c’est ce qui fait qu’un club comme le PSG réussit à gagner des trophées. Tu dois bâtir cette structure. » Cela se justifie aussi par le fait que Tuchel voit la Ligue des champions comme une « compétition de générations » et non « seulement tactique » . Cette génération a déjà gagné un tel match en poules (face au Bayern en 2017, à Liverpool en 2018), mais a aussi appris à prendre un boomerang terrible dans la foulée. Gagner, c’est bien. Élever un monument, c’est mieux. Place au silence et à la poursuite du chantier.

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