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Les leçons tactiques de PSG-Chelsea 2015-2016

Par Markus Kaufmann
Les leçons tactiques de PSG-Chelsea 2015-2016

Dopés par le retour de la tendresse coquine des pieds de Verratti, les Parisiens se sont imposés à la maison et aborderont la bataille de Stamford Bridge avec un léger avantage. En face, la solidarité défensive de Chelsea a laissé voir le visage d’une équipe consciente de ses limites, sans oublier de dévoiler ce sourire malicieux qui sait que tout est possible quand on est à la fois le pauvre 12e de Premier League et le riche champion d’Angleterre en titre.

S’il fallait ordonner ces huitièmes de finale, la place de ce PSG-Chelsea serait toute trouvée dans la dramaturgie footballistique des années 2010. Barça-Arsenal est l’histoire de deux philosophies similaires et d’un ballon qui a semble-t-il choisi son camp. Derrière le duel Spalletti-Zidane, ce Real Madrid-Roma pourrait furtivement prendre une place intéressante au cœur de la rivalité italo-espagnole. L’affiche Bayern-Juve est attirante par son poids historique, ses airs aristocratiques et sa richesse tactique. Et enfin, PSG-Chelsea s’impose à l’Europe comme une bataille tendue et équilibrée. Tendue parce que la confrontation s’est transformée en classique européen des années 2010. Équilibrée parce que chaque saison à ce stade de la compétition les deux équipes semblent aimer s’aligner sur le niveau de leur adversaire, peu importe sa forme du moment. Et enfin bataille parce que du sang a coulé, des têtes ont volé et après deux manches en parfaite égalité, la belle a sonné.

Premier quart d’heure modèle

En 2014, le PSG affrontait un Chelsea en pleine construction mourinhesque, fait de produits recyclés et d’antiquités, de fougue et d’orgueil. En 2015, Paris s’était préparé à affronter l’une des équipes les plus dangereuses du continent : les Blues de fin 2014, portés par la fluidité de la connexion Matić-Cesc-Costa. Faute de réseau, le combat avait fini au couteau, et le PSG de Saint Marco s’était montré bien plus habile. Sous le commandement calme mais autoritaire d’Hiddink, cette année, les Blues devaient avoir la surprise de leur côté. Mais les hommes de Blanc ont rapidement annulé ses effets. Côté parisien, Blanc récupère son milieu à trois et laisse Cavani sur le banc. Dans le couloir droit, l’application de Marquinhos remplace l’éloquence de Serge Aurier. En face, Hiddink réinvente sa défense sans Terry. Capitaine Ivanović est replacé dans l’axe avec Cahill, Azpi passe à droite, et le jeune Baba Rahman entre en scène à gauche. Guidée par Courtois, la défense blanche est protégée par Mikel et Cesc. Devant, Diego Costa est nourri par les courses de trois milieux polyvalents aux missions variées : Hazard, Willian et Pedro. Et c’est ici que l’effet de surprise aurait pu être intéressant. Avec la titularisation d’Hazard, Hiddink fait le choix des beaux pieds, et tant pis pour les espaces laissés par Fàbregas au milieu. Un choix audacieux qui permettra de fluidifier la relance et de conserver le ballon quelques précieuses secondes supplémentaires tout au long du match, mais qui ne suffira pas pour bouleverser l’équilibre instauré par les Parisiens. Car mardi soir à 20h45, c’est bien Paris qui commande.

La première mi-temps aura offert trois périodes riches et variées. Lors du premier quart d’heure, le PSG instaure une pression étouffante, relance avec vitesse et précision, enchaîne les frappes dangereuses et crée un cycle continu de création d’occasions. Alors que nos yeux excités sont encore en train de tâter le terrain à la recherche d’enseignements ponctuels, une accélération turbo, puis un coup de talon de Zlatan lancent les débats. Di María fait chuter Baba d’un coup d’œil, Verratti frappe des 30 mètres, Thiago Silva fait l’aigle royal en défense et le PSG déjoue aisément le pressing appliqué de Willian. Ce PSG-là ferait reculer – presque – n’importe qui. Peu importe si les Blues alternent le 4-4-2 et le 4-5-1 en phase défensive, peu importe si Willian se place intelligemment près de Motta, Paris est trop fluide et tranchant. Pris à la gorge notamment par les longues lames de Matuidi, impressionnant en première période, Ivanović et Hazard capitulent et se replient rapidement autour de Courtois. Mais ils résistent.

« C’était très dur de jouer l’attaque, il a fallu les arrêter »

La deuxième phase se situe approximativement entre la 15e et la 25e minute. Phénomène physique logique – il arrivait la même chose au Barça de Pep –, l’intensité retombe au bout du premier quart d’heure. Paris perd le ballon plus vite et augmente sa prise de risque, tandis que Chelsea trouve plus facilement des canaux de remontée de balle, surtout via Willian. Cesc lance une passe laser pour que Costa aille enfin tester la profondeur parisienne, et quelques instants plus tard, le guerrier balance un coup de casque sur le bout des doigts de Trapp. Après la résistance, voilà la contre-attaque. Dans cette phase bâtarde où les transitions règnent, le choix joueur d’Hiddink s’avère payant : si le milieu Cesc-Mikel-Hazard n’est pas le plus intimidant défensivement, il est assez technique pour offrir aux Blues des transitions vives. Mais malgré la qualité de certains éléments, la structure collective des Blues ne leur permet pas d’espérer mieux : les latéraux ne montent que ponctuellement, et Pedro semble terriblement manquer de partenaires de toque dans sa zone (et de partenaires tout court) : le Canari la rend toujours plus vite, mais l’attend toujours plus longtemps. Comme l’a dit Ivanović au coup de sifflet final, « c’était très dur de jouer l’attaque, il a fallu les arrêter » .

La troisième phase démarre aux alentours de la 25e minute, dure jusqu’à la mi-temps, et commence par un argument d’autorité parisien : une possession aussi longue que variée, sophistiquée par le toucher de Verratti et Di María et musclée par les montées de Maxwell. À l’image de la dernière prestation des Parisiens à Stamford Bridge, les hommes de Blanc n’ont jamais abandonné leur football mardi soir, revenant sans cesse à la patience des pieds de Verratti et Motta. À l’image des 45 dernières minutes, cette troisième phase met en évidence l’importante création d’occasions parisiennes sans pour autant effacer le danger permanent des Blues : quel serait le score sans l’omniprésence de Thiago Silva ? Le but d’Ibrahimović sur coup franc n’est que la récompense d’attaques répétées – la tête d’Ibra (33e), la frappe de Di María (36e), la faute sur Lucas – tandis que le but d’Obi Mikel est le fruit de plusieurs facteurs : l’insistance de l’expérience des joueurs d’Hiddink, qui semblent capables d’obtenir un coup franc dangereux sur commande, le talent combatif de Diego Costa et un sursaut d’orgueil personnifié par Mikel, héros coupable.

Les monstres Willian et Thiago Silva, le funambule Di María

La deuxième période respectera les équilibres de la fin de la première, avec deux différences fondamentales : Paris a besoin de marquer pour gagner, et Chelsea peut se contenter de défendre son match nul. Le camp de Hiddink reprend confiance, et c’est le moment où Hazard décide de lancer sa session de crochets et d’accélérations. Enfin. Mais ce n’est pas grand-chose à côté du spectacle Willian. Intelligent, physique et habile, le Brésilien donne des formes à la cause défensive anglaise et nourrit les contres londoniens avec justesse. En tout, il provoquera 5 fautes et créera 4 passes-clés. Mais lorsque Paris parvient à nouveau à pousser Chelsea loin du ballon, la domination territoriale fait son effet : sans ballon, Cesc et Hazard ne sont pas les meilleurs éléments pour défendre l’axe d’une défense regroupée, et il est étonnant que ni Matuidi ni Motta n’aient pas plus souvent trouvé de faille dans leur dos. À travers cette possession et la montée en puissance de Di María, véritable lien entre le contrôle et l’accélération (93 ballons touchés, 4 tirs, 2 cadrés), Paris montre de la maturité et alterne l’envie d’un contrôle total du jeu et le besoin génétique d’attaques rapides de ses joueurs. Thiago Silva ne tentera qu’un seul long ballon, et Trapp n’en jouera que 5 (contre les 28 de Courtois). Pour résumer, il y aura une frappe de Lucas, une autre d’Ibra et au moins une tonne de corners mal tirés par le Brésilien, qui a su toutefois se montrer utile : des accélérations tranchantes lorsque Paris ne sait plus quoi faire du ballon (à l’origine du premier but) et une faute tactique nécessaire sur Baba, malgré le peu de fluidité et de finition de son jeu par rapport à Pastore et Cavani.

Alors que la rencontre se résume de plus en plus aux duels Ivanović-Ibra et David Luiz-Costa (qui a rapidement abandonné le combat face à Thiago Silva), Blanc fait enfin des changements : à la 74e pour Cavani, à la 81e pour Pastore et Rabiot. Si l’Uruguayen se distingue par son appel admirable et son sang-froid retrouvé (l’absence de contrôle, c’est la clé), l’Argentin séduit à l’aide d’un coup de talon et de deux ouvertures inspirées. Autour de la structure du milieu à trois et d’une défense impérialement guidée par la tête de Thiago Silva et les pieds de Trapp, le PSG semble toujours dépendre de deux facteurs incertains : la créativité de ses individualités, qui prime encore sur sa créativité collective, et l’intensité de son pressing à la perte de balle. Un collectif orchestré par des individualités, et non l’inverse. Et si Di María et Pastore étaient alignés ensemble ? Cette imprévisibilité pourrait-elle devenir « plus » permanente ? L’an passé, cette double confrontation nous a appris que ce Classique n’est pas une vie en soi. Le perdant meurt, mais le vainqueur a encore un long chemin devant lui. À Stamford Bridge en 2015, le PSG avait lâché bien trop d’énergie pour espérer poursuivre sa route au tour suivant. L’enjeu est donc ici : écarter Chelsea de la course à la table ronde, et le faire avec suffisamment d’autorité pour s’en sortir sans dette fatale.

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Par Markus Kaufmann

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