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Les leçons tactiques de PSG-Barça

Par Markus Kaufmann
6 minutes
Les leçons tactiques de PSG-Barça

Il reste une poignée de secondes à jouer. Jallet centre vers la lune, Ibrahimovic fait le géant délicat : coup de physique pour prendre position, puis douce remise du bout du front. Un rebond. Et Matuidi déclenche. Erreur dans la matrice, le ballon est dévié, une fois, voire deux. Le Barça est au sol. Et le football rend justice à la belle prestation du PSG.

D’emblée, Ancelotti nous rappelle qu’il est avant tout un disciple de Sacchi et lance le 4-2-2-2 de Valence. Avec Beckham pour Verratti. On avait hâte de voir la technique, le vice, les petits tacles et les crochets de l’Italien, on a finalement l’expérience, le pied droit et la rigueur de Becks. Le Londonien vient donc se placer dans l’axe et se met à courir. Le PSG quadrille le terrain avec deux lignes de quatre joueurs, le tout orienté par la voix de Thiago Silva. Pastore « défend » sur Alves, Lucas s’occupe du côté droit et Matuidi suit le ballon. Bilan : Beckham a fait son match, mais Paris a marqué ses deux buts avec Verratti sur le terrain. Et quelle intelligence pour obtenir cette faute de Villa à l’origine du premier but parisien !

Un Barça timide

Et si le Barça avait eu peur ? Défensivement incertain en 2013, le système blaugrana ressemble à une nouvelle expérimentation. David Villa vient s’installer en position de 9, Dani Alves joue ailier droit, Sanchez ailier gauche, Messi est libre mais penche à droite, et Jordi Alba joue bien défenseur. Dans la mentalité, on note une certaine frilosité : seulement cinq joueurs participent à la construction du jeu (Messi, Iniesta, Xavi, Alves, Sanchez). Comme une équipe « normale » , en fait. Villa attend sagement devant, Alba ne monte pas sur l’aile gauche, Busquets reste en retrait, la ligne des centraux est plus basse que d’habitude et Xavi ne fait pas ses habituelles percées axiales qui font si mal.

Pour que Paris souffre vraiment, il aurait fallu impliquer plus d’hommes. Mais les premières minutes de Lucas et Lavezzi ont certainement conforté Tito dans ses choix. Consignes respectées : jamais un attaquant du PSG ne s’est présenté en un contre un avec Valdès. Mais à chaque passe en retrait à la défense, le PSG avait donc le temps de remonter sa dernière ligne et donc, de gagner du terrain.

La vitesse parisienne, la grandeur barcelonaise

Un crochet de Lavezzi, une accélération de Lucas, un duel aérien gagné par Ibra, ou encore cette séduisante déviation de la poitrine de Pastore… Non seulement le PSG respire, mais chaque ballon ressorti est une opportunité de faire chavirer le Parc. Lucas fait souffrir Jordi Alba, Piqué ne tient pas sur ses jambes, et même Busquets est en retard. Comme prévu, Paris met de la vitesse. Comme prévu, Tito anticipe et jamais Lucas ne se retrouve avec beaucoup de place devant lui. Du coup, Beckham installe une liaison téléphonique directe avec l’ex Pauliste et pousse Alba loin dans son camp. Dans l’axe, Ibra et Pocho bataillent pour garder la balle et faire monter le bloc. Mais il manque quelque chose : la grandeur. C’est-à-dire des détails : quelques centimètres sur le poteau de Lavezzi, puis sur tous ces crochets ratés d’Ibra. Cette grandeur qui fait que le Barça ne se contente pas d’actions de but conventionnelles.

Il suffit d’une sortie de corner mal négociée. Passe courbée d’un extérieur de velours tout brésilien. Le mouvement est fabuleux, la jambe levée d’Alves à la fin du geste ressemble étrangement au finish d’un swing de golf, ce moment où le joueur admire la trajectoire de sa balle. Non seulement Alves offre un cadeau à Messi, mais il lui ouvre même le paquet : Leo n’a même pas besoin de contrôler. Dure réalité du plus haut niveau : le PSG a oublié Messi. Ou plutôt, Messi a su se faire oublier. Quand les autres joueurs respirent lors du dégagement, l’Argentin est déjà passé à l’action suivante. Il n’y a pas que ses pieds qui vont vite.

« O MONSTRO » !

Il y a le dispositif tactique, mais il y a aussi la mentalité et la concentration qui doivent venir avec. Hier, elles venaient avec Thiago Silva. Le capitaine. L’homme du match. Le cerveau. Le central ayant le plus d’influence sur le jeu de son équipe aujourd’hui en Europe. Avec un petit but, la partition de Thiago Silva aurait pu entrer dans cette catégorie des performances individuelles qui mériteraient un 10/10 dans les notes des Dieux du football. Évidemment, le 2 est le central le plus propre de la planète. Mais si ce n’était que ça…

C’est lui lui qui dirige le quatuor défensif parisien selon la hauteur de la possession du Barça sur le terrain. Les prises de risque sont souvent grandes, et on sent quelques moments de flottement quand Silva remonte et que Mascherano lève la tête en voyant partir Villa, mais Silva tient fermement la barre. Si Jallet, Alex et Maxwell ont été bons, la confiance de leur chef y est pour beaucoup. Quand Messi et Iniesta jouent devant la surface, c’est lui qui sort pour livrer bataille au milieu de terrain. C’est lui qui s’élève pour propulser cette tête sur le poteau. C’est lui qui vient secouer Matuidi après le pénalty de Xavi. Et dire que le Brésilien jouait sous la menace d’une suspension en cas de carton jaune…

La question du rôle de Pastore

Ses déviations sont merveilleuses. Sauter une ligne, créer de la vitesse, inventer le mouvement, Javier l’a fait deux, trois fois. Plus que n’importe qui, donc. Mais en phase défensive face à Alves, Pastore n’était que chair et os. Un corps maigre, qui plus est. Javier court, revient, se met en opposition, fait l’effort. Une tristesse… On sait trop bien qu’hier soir, l’Argentin n’a pas eu l’impression de jouer au football. C’est le prix à payer pour être titulaire pour Ancelotti, mais on aimerait le voir au centre du jeu, plus haut, plus beau. Javier courage.

Paris a encore une chance

Sur la fin, le match perd sa raison. Le Barça se fait punir par l’un de ses anciens joueurs, qui ne devait pas disputer ce match, deux mètres hors-jeu. Deux mètres ! Cruel, le football. Fabregas devient décisif avec le Barça. Xavi tire un pénalty. Mascherano reste au sol pour de vrai. Et enfin, Blaise Matuidi. Dans les dix dernières minutes, Blaise oublie la raison et vient se retrouver systématiquement dans la surface adverse. Et tant pis s’il n’a pas de pied droit, si ses contrôles sont approximatifs, si le ballon n’arrive jamais. Sur un malentendu, on ne sait jamais… Cette fois-ci, on a su.

« Cauchemar à Paris ! » , titrait hier soir le site du quotidien Mundo Deportivo. Malgré la suspension de Matuidi (retour de Motta ?), le match retour s’annonce encore plus compliqué pour le Barça. Sans Mascherano ni Puyol, Tito devra miser sur Marc Bartra ou faire reculer Busquets. Il paraît qu’Alex Song a aussi un contrat avec ce club. Il paraît aussi que Messi sera absent trois semaines. Cela changerait tout. Les Parisiens ont montré qu’ils avaient les armes et la tête pour se qualifier. Celle de Thiago Silva, bien entendu.

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