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- 5e journée
Les Leçons Tactiques de la L1 : Lille
Cinq matchs, six points, sept buts. Si le début de saison a été marqué par le turnover dû à la double confrontation contre le FC Copenhague, le LOSC va bien devoir s’y habituer. Les hommes de Rudi Garcia sont sur le point d’attaquer deux semaines de folie : BATE Borisov et Lyon, puis Rennes et Valence au Mestalla. Quatre matchs décisifs que les Lillois auraient aimé aborder dans une autre situation comptable, mais surtout avec plus de certitudes dans le jeu.
Une possession de balle stérile, défensivement
Avec une moyenne de 58% de possession (2e derrière Lyon) et de 697 ballons joués par match (leader du championnat), Lille est l’équipe française qui s’appuie le plus sur la domination du ballon pour contrôler ses matchs. Le principe est simple : sans le ballon, l’adversaire ne peut pas marquer de but. Ainsi, le LOSC était en 2010-11 et 2011-12 la 2e et 3e défense de Ligue 1. Mais cette saison, Rudi Garcia fait face à un dilemme : malgré une possession de balle toujours aussi soignée, ses hommes souffrent. Pour entrer dans les détails, samedi à Troyes, le LOSC a subi 10 tirs malgré 62% de possession. À St-Étienne déjà, 65% de possession n’avait pas empêché les 9 tirs des Verts. Alors, le LOSC a perdu en intensité défensive ? Encaisser un but à la première minute dans un duel au sommet, sérieusement (Zlatan, PSG) ? Prendre un but à la dernière minute à l’extérieur sur une mésentente (Grax, Troyes) ?
D’après Garcia, à propos du match à Troyes, « dans l’état d’esprit, je n’ai rien à reprocher à mes joueurs. (…) Il faut maintenant être capable de se montrer plus constant et régulier sur l’ensemble de la partie. » Il ne faut pas oublier les absences de Debuchy et Basa : face à Nice, déplacement toujours compliqué, Garcia avait dû aligner un quatuor Sidibe-Béria-Rozenhal-Bonnart… Enfin, cette domination du ballon ne donne pas l’impression du rouleau compresseur que l’on avait connu l’année du titre. Car le problème n’est pas tant d’encaisser un but à la dernière seconde à Troyes, mais plutôt l’incapacité de se mettre à l’abri avec un deuxième but. En caricaturant, on peut dire que ce LOSC est une équipe qui contrôle sans créer de danger : il est terrible de voir que Lille, avec seulement 11 tirs par match en moyenne, tire moins au but que Toulouse ou Nice (et Paris, Marseille, Lorient, Lyon…).
Remplacer Hazard, mais aussi Gervinho, Cabaye, Sow…
Le jeu des Dogues s’appuie donc sur la répétition de manœuvres du trio composé de Mavuba et des deux latéraux, pour asseoir le contrôle du ballon et bouger le bloc adverse. Seulement, les départs successifs des cadres du titre de 2011 ont, semble-t-il, terriblement affaibli la capacité du LOSC à surprendre ses adversaires. D’abord, le milieu a perdu en spontanéité avec le départ de Cabaye. Moins de montées entre les lignes, moins de menace autour de la surface, moins de percussion. Ensuite, Lille peine à créer des déséquilibres en l’absence d’un dynamiteur comme Hazard dans le troisième quart du terrain. Dans ce registre, ni la vision de Martin ni les débordements de Kalou n’ont satisfait Garcia.
Si le début de saison de Payet est convaincant (2 buts et 2 passes décisives, Ndlr), le Réunionnais ne fait que commencer à donner le rendement de Gervinho en 2011. Remplacer deux superbes joueurs est toujours une mission difficile, et puis l’alternative Joe Cole n’est plus. Si un Ryan Mendes (très prometteur samedi) fait office de lueur d’espoir dans ce secteur pour un club si ambitieux, cela sent mauvais. Enfin, à la pointe du fidèle 4-3-3 de Garcia, les deux options Roux et De Melo connaissent des débuts compliqués : 0 but, 0 passe décisive. Et si le second est précieux dans la construction, Lille a besoin de ses buteurs, de la meilleure version d’un Moussa Sow. Les latéraux font pourtant leur boulot, avec 25 centres par match. Mais non, le LOSC peine à trouver de la profondeur et se perd dans des successions de passes latérales autour de Mavuba.
Adapter le 4-3-3 ?
Mais si une équipe pouvait accumuler un nombre de joueurs infini dans son effectif sans jamais vendre, cela se saurait. Certes, l’effectif du LOSC a évolué, mais les changements ont toujours été unanimement salués. Alors, on s’est trompé sur le mercato de cet été ? Les qualités de Kalou et Martin ne pourront jamais combler le départ de Hazard ? Et si, en fait, le 4-3-3 n’était pas adapté à l’effectif actuel ? Depuis des « lustres » , Garcia fait jouer un milieu à trois, composé cette saison de trois des quatre hommes suivants : Mavuba, Balmont, Pedretti et Martin (et Gueye). Devant eux se place le trio offensif, en trident : Payet toujours à gauche, Roux ou De Melo en pointe, et enfin Kalou ou parfois Roux à droite.
Dans ce schéma, si le milieu et Payet évoluent naturellement, le rôle de Kalou et l’incapacité des pointes à marquer posent problème. Placé le long de l’aile droite, Salomon s’use et semble incapable d’exploser une défense à 30 mètres des buts, comme Hazard le faisait. Plus proche de la surface, prêt à prendre la profondeur ou à recevoir des centres, il s’était montré dangereux face à Nancy. Alors, Garcia peut-il opter pour un 4-4-2 avec Martin à droite et Payet à gauche ? Ou un 4-3-1-2 avec Payet en 10 ? Et si Kalou devait jouer en pointe ? Conserver de la profondeur, amener plus de talent devant le but et libérer une place à droite pour obtenir plus d’explosivité autour de la surface. Pour une équipe dont on loue la stabilité, ces changements paraissent brusques, voire carrément inopportuns. Le retour de Debuchy pourrait être salvateur, car si Garcia doit encore digérer son mercato, le temps presse.
À visiter :
Le blog Faute Tactique sur SoFoot.com
Par Markus Kaufmann