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Les leçons tactiques de Juventus-Lazio

Par Markus Kaufmann
Les leçons tactiques de Juventus-Lazio

Toujours plus solide, la Juventus d'Allegri a franchi une nouvelle étape en venant à bout d'une Lazio qui représente pourtant ce qui se fait de mieux en Serie A cette saison. Peu créative et dynamique, mais encore plus ordonnée et patiente, la Vieille Dame semble s'éloigner toujours plus des idées d'Antonio Conte. Pour son bien, disent les résultats.

Alors que le retour à la ligne de quatre défenseurs aura longtemps représenté l’impact d’Allegri cette année à la Juve, c’est finalement avec le 3-5-2 que le Toscan semble avoir décidé de jouer ses finales. Maîtrise territoriale, protection de Pirlo, et enfin présence de Barzagli. En face, Pioli abandonne son 4-3-3 et lâche un 3-4-3 aux airs de 5-2-3. Un schéma plutôt exigeant pour ses deux milieux Parolo-Cataldi, orphelins du volume de jeu de Biglia, et dont les traits dépendent finalement seulement du placement de Lulić : en milieu intérieur gauche pour le 4-3-3, en latéral gauche pour le 3-4-3. Après trois minutes, un Stefano Pioli qui dit « jouer le match le plus important de sa carrière » appelle une combinaison particulière sur coup de pied arrêté. Candreva courbe le ballon, Radu le reprend. 1-0. En demi-finale, déjà, la Lazio avait marqué à la suite de l’entrée en jeu inspirée de Lulić et du changement de côté d’Anderson, demandé précisément par Pioli. Alors, après quatre minutes, on se demande si l’homme aux dix bancs de touche est vraiment en train de réaliser un chef-d’œuvre. La réponse est oui. Mais Allegri aussi avait quelques idées.

L’équilibre italien, encore et toujours

Sous Conte, la Juventus aurait certainement eu à choisir entre deux options de 3-5-2. Le schéma dominant où Pirlo venait se placer en quarterback dans le camp adverse et où les appels de Vidal se mélangeaient avec ceux de Vučinić et Matri. Et le système plus « patient » , où la Juve se repliait dans son camp et attaquait en contre. Celui-là était rarissime, mais avait permis entre autres de faire chuter la Roma de Rudi Garcia de manière spectaculaire au Stadium (3-0). Cette saison, lors des rendez-vous importants, il semble que la deuxième option soit devenue la norme. La Juve, en enchaînant les matchs importants, a fini par trouver son assise. Et mercredi soir, celle-ci répondait parfaitement aux caractéristiques du duel qui l’opposait à la Lazio, et qui imposait de résoudre l’équation suivante : ne pas donner d’espaces à la vitesse des attaques de Candreva et Felipe Anderson. Une équation qui rappelle le Monaco de Jardim et le Real Madrid d’Ancelotti, forcément. Alors, la Juve a reculé, souvent, mercredi soir. Dès qu’elle a perdu la balle, en fait. Et même quand elle la récupérait, elle ne remontait pas son bloc pour autant. Parce que le mouvement collectif n’est plus une priorité à ce niveau de la saison où seul le résultat compte.

Le choix du 3-5-2 était motivé non pas par la largeur qu’offre le positionnement de ses latéraux, mais bien par le nombre de centraux à disposition. Alors qu’un Lichtsteiner arrière droit aurait certainement perdu une partie de sa dignité face aux accélérations de Candreva et Felipe Anderson, la roche Barzagli a géré la situation avec sa force tranquille habituelle. Quel défenseur ! Trois centraux contre trois attaquants, donc. Du côté de Pioli, l’équation était d’attaquer vite sans céder à la tentation de reculer. Parce que les rares insertions de Pogba ont fait mal à la surface romaine. Parce que Pirlo a fait souffrir dès qu’il s’est rapproché du camp adverse. Ainsi, les Romains ont décidé de jouer avec le ballon le plus possible, tout en attaquant rapidement dès que c’était possible. Un mélange qui aura offert des manœuvres parfois précipitées, mais un match attrayant. L’absence de Biglia a pesé au milieu, forçant Parolo et Cataldi à protéger et construire à la fois – d’où un manque de lucidité dans l’avant-dernier geste – et si la Lazio a toujours insisté pour relancer au sol dans son camp, elle a aussi cédé àde nombreux longs ballons lorsqu’elle n’avançait plus dans l’axe. Résultat : peu d’erreurs cruciales, de la discipline, des zones toujours couvertes, deux formations compactes qui jouent leur jeu, sûres de leurs idées, bien placées et menées par des défenseurs en grande forme, de Barzagli à De Vrij. Llorente et Klose auront perdu la grande majorité de leurs duels, et les duos Tévez-Vidal et Candreva-Anderson se seront battus entre les lignes pour compenser.

Le rôle en retrait de Pirlo

Et ce n’est plus une façon de parler. Cette saison, l’influence de Pirlo sur le jeu de la Juve n’a rien à voir avec le chef-d’œuvre de la première saison de Conte. À l’époque, l’architecte avait réalisé 86 passes par match en Serie A, pour un total ahurissant – pour son poste – de 13 passes décisives. Cette saison, les chiffres sont tombés à 73 et 5. Mais c’est surtout par rapport aux autres Juventini que l’impact est moindre. Mercredi soir, un Pirlo discret a touché 10 ballons de moins qu’un Pogba timide en première période (30 contre 40). Alors, la Juve compense : la mobilité de Marchisio, la vision de Bonucci. Marchisio, en comparaison, est passé d’une moyenne de 52 à 62 passes par match. Et mercredi soir, la circulation de balle a bien souvent été orchestrée par Tévez, forcé de reculer très loin pour aérer le jeu turinois. Est-ce inquiétant ? Oui, dans le sens où le cercle est vicieux : plus la Juve recule, plus Pirlo s’éloigne du jeu. Et plus Pirlo s’éloigne, plus la Juve perd en surprise et créativité.

Dans une disposition où le barycentre de l’équipe est aussi bas, le meneur participe encore à la relance et à la distribution, mais il manœuvre bien moins dans le camp adverse. Si ça ne l’a pas empêché de servir Morata de très loin contre Monaco, ou de tirer des coups de pied arrêtés toujours aussi décisifs (encore hier), ça l’empêche à coup sûr de rester la menace constante qu’il était dans le jeu. Une menace que l’on a revue aux rares moments où la Juve a pu dominer le ballon dans le camp laziale (fin de première période et début de la prolongation) : Pirlo dirige, les latéraux volent et les milieux créent. Surtout, dans la configuration « assise » d’Allegri, alors que la Juve contrôle moins le ballon, l’exposition de Pirlo grandit. Et c’est ici que la cité turinoise est la plus inquiète. Alors que Pirlo n’a jamais été réputé pour son flair en défense, le milieu a souffert face aux mouvements de Kondogbia ou Felipe Anderson.

Moins de création, plus de contrôle

Depuis la saison 2011-12, la Juventus n’a cessé de perdre en contrôle du ballon et de marquer plus de buts. 61% de possession pour la première saison de Pirlo, et 68 buts. 55% pour la dernière de Conte, et 80 buts en Serie A. Alors que la première saison d’Allegri se termine, le bilan semble être le suivant : la possession n’est pas redevenue une priorité, et le nombre de buts marqués non plus. Seule la victoire compte, pour le bonheur de ses tifosi. Alors que le meilleur buteur de la première version de la Juve de Conte était Matri avec seulement 10 buts, Allegri se dirige vers des statistiques similaires malgré les 20 pions de Tévez. Si la Juve marque moins, il faut aussi dire qu’elle crée moins. Et ce n’est pas seulement dû à une volonté tactique.

Cette année, Allegri a dû faire avec la forme décadente de Pirlo, le retour de blessure de Vidal en hiver, puis celui de Pogba au printemps. La meilleure version de la Vieille Dame de Conte se reposait justement sur l’inspiration du premier et les mouvements du deuxième. Allegri a dépassé cette dépendance en privilégiant le contrôle. Les variations offensives de la Juve sont moindres, les insertions des milieux sont moins fréquentes, Pirlo et les latéraux jouent plus loin de la surface adverse, et finalement Tévez est devenu meilleur buteur et meilleur passeur. Mais face au Barça, le contrôle ne suffira pas : la Juve aura besoin de sa solidité, mais il faudra aussi qu’elle retrouve la virtuosité de ses mouvements. Une virtuosité qui dépend grandement de la forme de ses hommes-clés.

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Par Markus Kaufmann

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