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Les leçons tactiques de France-Serbie

Par Markus Kaufmann
Les leçons tactiques de France-Serbie

À la suite d'une soirée portugaise rassurante défensivement mais décevante dans l'animation du jeu, Didier Deschamps a fait de nombreux changements hier soir. Confrontés à une sélection serbe jeune et joueuse, les Bleus ont trouvé une structure leur permettant de retrouver du mouvement et même de la folie en première période. Quelle est la répartition des rôles des Bleus ? Quelles conséquences ce match peut-il avoir ?

Le jumelage amical Lisbonne-Bordeaux aura finalement permis de livrer un enseignement capital qu’il faudra retenir jusqu’à l’Euro : dans le contexte d’une sélection qui ne joue qu’une fois par trimestre, ce sont bien les joueurs qui font le système, et non pas l’inverse. Ce n’est pas le 4-3-3 qui a animé l’entrejeu : c’est l’habileté de Valbuena et Griezmann. Ce n’est pas le 4-3-3 qui a donné de la structure à la possession française : c’est la maîtrise de Schneiderlin et Pogba. Enfin, ce n’est certainement pas le 4-3-3 qui a donné des ailes à Matuidi. Encore aujourd’hui, personne n’a réussi à percer le mystère de cette merveilleuse tendance à l’héroïsme.

Le mouvement, par la paire ibérique Valbuena-Griezmann

Habillés d’un schéma avec un avant-centre fixe et cinq joueurs pouvant faire vivre le ballon dans l’entrejeu, les Bleus ont retrouvé ce qui avait fait leur force lors d’une partie du Mondial 2014 : du mouvement entre les lignes, une supériorité technique dans la circulation et de la puissance dans les duels. L’équipe de Radovan Ćurčić, connu en Serbie pour ses défenses de géants, se rappellera longtemps de ce gaucher français à la conduite de balle étrange et aux tirs fabuleux. Si les Serbes ont montré de belles phases de possession, ils ne sont jamais parvenus à faire le lien avec leurs armes offensives (merci Varane), mis à part sur de longs ballons dans le dos de Sagna et sur la conduite de balle de Tošić dans les espaces de la seconde période.

Côté français, si tout part du mouvement, ce sont bien les ibériques Mathieu Valbuena et Antoine Griezmann – l’un est d’origine espagnole, l’autre a été formé de l’autre côté des Pyrénées – qui mènent la danse. Armée de ses deux armes offensives hyper mobiles, la possession des Bleus a retrouvé de l’assurance et a pu se permettre une circulation de balle joueuse, risquée, dangereuse. Lorsque Griezmann parvient à contrôler un ballon difficile dos au but et à immédiatement transformer ce contrôle en raid vers l’avant, ça aide. Aux côtés d’un Valbuena tout-terrain capable de maintenir toujours le ballon en vie (80 ballons touchés dans un rôle si offensif, ça fait beaucoup), le joueur de l’Atlético a démontré qu’il pouvait être le parfait attaquant-créateur que la France attendait. Deschamps peut sourire, ce profil rarissime fluidifie les liens entre élaboration et création : 64 ballons touchés, 5 tirs tentés, 4 dribbles réussis. Et ça vaut aussi bien pour les attaques placées que pour les attaques rapides. Mais pour que ce mouvement et cette circulation de balle se transforment en production de jeu, il leur faut une structure et une direction.

La structure Schneiderlin-Pogba

C’est d’abord dans l’aspect structurel de sa composition d’équipe que Deschamps a dû trouver satisfaction lundi soir : la paire Schneiderlin-Pogba a donné à la possession bleue le confort de pouvoir compter en permanence sur des beaux pieds courageux. Beaux pour leur utilisation du ballon, courageux pour leur faculté à toujours demander la balle et à prendre leurs responsabilités. Alors que Deschamps avait insisté sur l’option Cabaye devant la défense contre le Portugal, le remplacement de l’ex-Parisien à la mi-temps avait laissé entrevoir du changement. Comme prévu, c’est Morgan Schneiderlin qui a assumé le rôle capital de premier relanceur, soutien de la possession et bouclier défensif. Et le milieu de Manchester United a même réussi à dépasser le cadre de ses fonctions, chose rare en sélection (93 ballons touchés et 6 longs ballons précis sur 8). En l’associant à Pogba, Deschamps a formé une paire physique, technique et intelligente (six fautes à eux deux et zéro carton, pourvu que ça dure).

Si Matuidi fait aussi partie du milieu bleu, ses projections permanentes l’excluent de l’aspect structurel de la possession. Faut-il pour autant parler de sacrifice pour Pogba ? Le numéro 10 de la Juventus recule d’un cran et retrouve un rôle proche de celui du Mondial 2014. Placé en milieu droit « relayeur » , sa proximité au but est sacrifiée au profit du mojo de Matuidi. Au lieu de se positionner en phare créateur comme face au Portugal, là où il n’a pas trouvé suffisamment de relais autour de lui, Pogba redevient un milieu gestionnaire. Un rôle plus conservateur qui le voit perdre en percussion, mais gagner en vision. Placé à droite de Schneiderlin, mais replacé très souvent dans l’axe tant son aura lui fait gagner du terrain, Pogba doit plus raisonner que créer (et il crée malgré tout : 3 dribbles réussis, 4 fautes subies). Avec son volume de jeu (85 touches de balle), ses transversales intéressantes (5 sur 6) et sa vista (3 passes-clés), la France gagne fortement en assurance et en contrôle. Et tant pis pour nos fantasmes de raids et frappes lointaines à la Pogboom. Protégé par le placement de Schneiderlin et reposé par l’activité de Valbuena, Pogba finira bien par trouver l’espace pour se montrer buteur. Au milieu, il est déjà décisif.

La direction Matuidi et l’envie Benzema

Structuré, le mouvement a donc besoin d’un sens. Voire de plusieurs. Et c’est ici que Matuidi intervient, tout comme Giroud. Devant, c’est le joueur d’Arsenal qui donne une direction. Dans son style habituel d’amoureux éperdu des déviations, Giroud occupe les défenseurs centraux et donne un repère à son attaque. Comme en club, le numéro 9 concrétise peu, mais tente de compenser en proposant beaucoup. Heureusement, il n’était pas seul lundi soir. Sur le côté gauche, derrière, devant et partout, Matuidi s’est occupé de proposer un sens aux offensives bleues. Celui que l’on catalogue encore trop souvent comme un milieu défensif ou un relayeur est devenu un joueur de projection inclassable. Que ce soit au large sur l’aile gauche (3 centres tentés), dans la surface (premier but) ou aux abords de la zone dangereuse (second but), le natif de Toulouse se déplace comme un tireur à trois points en recherche de position de tir. Furtif, toujours avide d’espaces, Matuidi pèse rarement sur la possession, mais fait toujours pencher le jeu vers l’avant. Nul doute que Pogba aurait un rôle bien plus offensif si le Parisien n’était pas là. Mais qui pourrait avoir envie de se passer d’un tel Blaise Matuidi aujourd’hui ?

Ces deux rencontres amicales ont aussi fait avancer le débat de la pointe de cette animation. Deschamps a essayé deux profils aux armes et aux influences différentes : Benzema le créateur et Giroud le finisseur. Paradoxalement, il n’a probablement pas vu ce qu’il voulait. Contre le Portugal, Benzema s’est positionné en vrai numéro 9 de profondeur, mais n’a pas eu le soutien nécessaire pour finir ou créer. Contre la Serbie, Giroud a pu créer ce qu’il pouvait, c’est-à-dire dévier les ballons qu’on lui offrait, et il a eu l’occasion de finir, mais sans succès. Ainsi, il aurait été plus intéressant de voir Giroud en déménageur face au Portugal – pour savoir si les Bleus peuvent se procurer des occasions quand ils n’arrivent pas à les élaborer – et Benzema contre la Serbie dans un rôle de 9 avec la vista qui lui est propre. Giroud a montré ses limites, Benzema s’est fait limiter. Il sera donc intéressant de revoir le mois prochain cette animation Valbuena-Griezmann coiffée de Benzema, qui se dessine comme le trident offensif le plus probable – et le plus réussi – à l’Euro.

Défense et solutions alternatives

Si ces matchs amicaux à la compétitivité moyenne permettent aisément de juger les progrès faits sur l’utilisation de la possession, il est bien plus compliqué d’en apprendre plus sur le profil de la future charnière centrale nationale, surtout en présence d’un Varane qui fait tant de zèle. L’option Mangala n’a pas fait avancer le débat, et le bon match de Koscielny contre le Portugal reste la référence de la semaine. En revanche, l’utilisation des ailes s’est montrée intéressante. À droite, Sagna s’est montré aussi dangereux offensivement que défensivement. S’il est l’auteur du centre qui donne l’ouverture du score, il s’est fait constamment prendre dans son dos par les mouvements de Tadić. Une performance qui pourrait refroidir sa participation offensive lors des prochains rendez-vous, ou plus simplement redonner une chance à un Debuchy volontaire.

À gauche, Trémoulinas nous a rappelé ce que pouvaient donner deux pieds raffinés sur un côté : 3 passes clés, 4 centres réussis et un tas de séquences défensives et offensives gérées avec mesure. En seconde période, le remplacement de Matuidi par Kondogbia a permis d’étirer l’éventail des possibilités que permet le vivier actuel des milieux français. Dans un rôle plus épais que celui de Matuidi, fait de plus de possession (58 ballons touchés contre 45 pour Blaise, 2 passes clés) et de un-contre-un (2 dribbles réussis), Kondogbia s’est montré entreprenant, malgré l’aspect terne d’une seconde période amicale classique. D’ici l’Euro, le joueur de l’Inter s’imposera certainement comme le joker du milieu bleu.

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Par Markus Kaufmann

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