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Les leçons tactiques de France-Bulgarie

Par Markus Kaufmann
Les leçons tactiques de France-Bulgarie

Dans le long film de l’histoire de Didier Deschamps et de l’équipe de France, la période 2016-2018 devrait ressembler à une accélération. Sortis de leur Euro avec la confiance de celui qui a presque tout gagné et l’envie de revanche de celui qui a fini par tout perdre, les Bleus de DD ont tout pour foncer vers la Russie tel un Kevin Gameiro lancé dans la profondeur d’une surface espagnole. Hier soir, ils sont sortis du piège bulgare malgré un cap initial mauvais et du désordre sur le pont.

Sommes-nous entrés dans le beau jardin parfumé des automatismes, enfin ? Un quart de finale au Brésil pour former le groupe, une finale en France pour lui transmettre des certitudes, et maintenant le jeu ? D’autres entraîneurs auraient préféré mettre ce dernier au début du projet, en son centre, dès la première seconde, dès la première touche de balle. Aujourd’hui, après quatre années de travaux aux allures parfois plus psychologiques que tactiques, le jeu français semble être devenu un invité inévitable. Toutefois, le bilan de ce France-Bulgarie est parfaitement partagé sur ce point : le nouveau contexte des individualités bleues semble pousser de toutes ses forces vers le développement de mécanismes sophistiqués, et le second but français naît d’une superbe séquence de relance au sol, mais il faut ajouter que la prestation collective de la première demi-heure amène à la prudence.

Contexte idéal ?

D’une part, les Bleus ont enfin joué du football de compétition cet été – sept matchs – et Deschamps en a tiré une structure stable. Le schéma aligné hier n’a pas bouleversé les plans de l’Euro : retour du 4-2-3-1 avec les entrées de Gameiro, Varane et Kurzawa. D’autre part, le contexte actuel des Bleus est grandement aidé par trois facteurs extérieurs. D’une, les retours : Varane et Fekir, voire un jour Benzema. De deux, les automatismes en club : Gameiro et Griezmann devant, Matuidi et Kurzawa à gauche, mais aussi peut-être Umtiti et Digne, ou encore Fekir et Lacazette. De trois, enfin, il faut noter que les titulaires français hier soir sont entraînés au quotidien par Simeone, Mourinho, Guardiola, Emery, Pochettino, Wenger, Bilić et Zidane. Le football français ne peut pas se plaindre et n’a plus qu’à profiter. Ou presque : cela n’a pas empêché nos Bleus d’aborder cette rencontre avec une structure bancale.

Déséquilibre bleu

Destiné à briller hier soir, Gameiro a avant tout illuminé Saint-Denis par son travail sans ballon. La première séquence du match met d’ailleurs en scène son pressing cholesque qui permettra à Sissoko de récupérer le ballon et de partir à l’abordage. On se croirait à l’Euro, ou sur une vaste pelouse de Premier League. Le slalom terminé, Sissoko obtient un corner et les Bleus semblent partis pour ne plus quitter le camp bulgare. Leur première perte de balle fera vite mentir cette première impression : contre-attaque bulgare, finalement trop imprécise, mais déjà trop dangereuse. Lors de la première demi-heure (au total l’opposition aura duré 38 minutes) les Bleus ont reculé – et parfois tremblé – à chaque phase offensive bulgare. Dans le cas de figure le plus courant, la paire Pogba-Matuidi abandonne sa zone de couverture, et Sagna et Kurzawa se retrouvent à gérer des situations compliquées qui ne devraient pas exister. Le penalty viendra de là.

Dans d’autres situations, ce sont les montées des latéraux, non compensées par la couverture de la paire Pogba-Matuidi, qui aboutissent à un déséquilibre défensif. Si le bloc offensif bleu parvient à presser avec cohésion et intensité durant toute la première période, le reste n’est pas coordonné. Ce onze était-il naturellement trop déséquilibré ? On peut aussi se demander si tous les mouvements du dernier mercato ont vraiment fait voyager les Bleus dans le bon sens. Dans la lignée de ses performances en Premier League, Paul Pogba a vu ses qualités individuelles sombrer dans le désordre collectif. À l’Euro, le joueur de la Juve s’était retrouvé à jouer un rôle d’ouvrier avec des pieds d’artiste. Hier soir, le quatuor offensif imaginé par Deschamps avait besoin de son application tactique et de sa discipline défensive. Il s’est malheureusement souvent retrouvé entre deux lignes, cherchant désespérément en Matuidi un bouclier fidèle – un Kante ? – que le Parisien n’aura malheureusement pas été. Mais quel était le plan ?

Le changement via les choix Gameiro et Kurzawa

Difficile de définir s’il y a vraiment eu une « réaction » bleue hier soir. Peut-être que les Français n’en ont même pas eu besoin, tant ils avaient abordé la rencontre avec de l’action. Toujours est-il qu’à la suite du 0-1, c’est Dimitri Payet qui ramasse les pinceaux et se lance dans son art. Principal moteur du jeu de DD, le Londonien concentre la majorité des créations. Après un peu plus de vingt minutes, une récupération musclée de Sissoko aboutit sur un bon centre de Sagna. Gameiro est trop en forme pour manquer une telle opportunité. Cinq ans d’absence du onze titulaire, mais quel impact ! Comme toujours sous Deschamps, c’est le choix d’un certain profil de joueur qui modifie la nature du plan de jeu bleu, et non l’inverse.

Ainsi, le retour de Kevin Gameiro à la pointe du schéma de Didier Deschamps pourrait avoir de nombreuses conséquences sur le plan de jeu futur. C’est vrai pour l’utilisation de la profondeur, d’une part. C’est aussi un réel gain de mobilité, comme l’ont démontré les belles séquences talonnées avec à la fois Sidibé à droite et Payet dans la surface. Enfin, c’est aussi peut-être l’ouverture d’une ère de pressing plus intense des avant-postes bleus. Avec un trio de joueurs entraînés par Simeone et Pochettino, Deschamps a de quoi proposer de l’agressivité à la récupération. À condition que le reste du bloc suive. Enfin, l’autre changement dont les conséquences devraient bouleverser l’animation bleue est l’installation de Kurzawa à gauche. Véritable pôle de création de jeu, relais fiable de la possession et dynamiteur d’espaces sur les trente derniers mètres, le Parisien est une arme latérale – et majeure – dont les Français rêvent depuis des lustres. Les Bleus sont bien lancés dans cette course contre le barrage. En espérant que ce nouveau but ne fasse pas oublier l’importance du jeu.

Le retour du grand méchant Bayern ?

Par Markus Kaufmann

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