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Les leçons tactiques de France-Allemagne

Par Markus Kaufmann
Les leçons tactiques de France-Allemagne

Depuis plus de vingt-cinq ans et Rudi Voller, la Mannschaft n'avait pas battu les Bleus (cinq défaites, un nul). Hier au Stade de France, l'Allemagne d'Özil est venue à bout de la France de Ribéry dans une rencontre qui aurait pu tourner à l'avantage des hommes de Deschamps. De bon augure pour le mois de mars ?

Longue et tumultueuse, l’histoire franco-allemande est faite de victoires difficiles et de revanches amères. Après le 1-2 de Brême en février 2012, voilà le 1-2 de Paris en février 2013. Et donc ? D’abord, le mental de la Mannschaft a encore quelques ressources. Depuis des années, l’Allemagne pense avoir la trouvé la solution, mais finit toujours par perdre en finale. Hier, elle a su vaincre malgré les blessures (Schweinsteiger, Reus, Götze, Klose, Schmelzer) et une tête de Valbuena. Côté français, d’une part, Deschamps a osé. Ni vu ni connu, DD a aligné seulement deux milieux centraux, Matuidi et Cabaye. D’autre part, cela a suffi pour conserver un bon équilibre. Après avoir battu l’Allemagne, le Brésil et l’Angleterre l’an dernier, on aura le recul nécessaire pour se dire que ce résultat compte peu. À l’Euro, c’est finalement l’Allemagne qui est allée en demi-finale…

Gündogan, Khedira et Özil : la qualité allemande

Deux frappes lointaines pour la Mannschaft en trois minutes. L’intensité est au rendez-vous, et les consignes de Deschamps semblent claires : aller presser très haut, et obliger les Blancs à abandonner le ballon. Mais le milieu allemand est impressionnant. Ilkay Gündogan est né en 1990. Pour une cinquième sélection, il avait la lourde tâche de remplacer Schweinsteiger. Et avait été annoncé incertain pour le match. Résultat : le milieu de Dortmund a dominé. Brillamment. Sans voir l’embuscade, Matuidi et Cabaye se ruent au pressing jusqu’à la ligne médiane. La distance entre la ligne défensive française et son milieu est énorme. Résultat : une ou deux passes, et le milieu français saute à plusieurs reprises. Il faut une sortie élastique de Lloris pour éviter une noyade précipitée des Bleus, qui ne gardent pas le ballon.

Côté allemand, on sort les plumes, les compas et les équerres, et on dessine de jolis schémas. Côté droit surtout, les triangles sont rapidement mis en place : Lahm-Özil-Müller, puis Lahm-Gündogan-Özil. Cela va vite, c’est limpide. Et étudié. Les offensives sont ainsi un savant mélange de conservation (Özil, Gündogan, Lahm) et de courses verticales (Khedira, Müller, Gündogan, encore lui). Podolski attend l’ouverture à gauche, et Gómez se tient prêt à appuyer sur la gâchette. Mais derrière, cela tremble. N’est pas l’Espagne qui veut. Höwedes est limité offensivement, et il y avait hier un monde d’écart entre la sérénité de Sakho et les hésitations de Mats Hummels. Enfin, Lahm découvre l’adversaire Ribéry…

Le duo Ribéry-Valbuena et Sissoko

En plein morceau, la Mannschaft est soudainement interrompue. On joue la 26e minute et Ribéry met le Stade de France debout. Voyant le volant bleu libre durant une bonne vingtaine de minutes, le Munichois prend l’initiative et pousse sur l’accélérateur. Lahm ne l’oubliera jamais. Franck joue son jeu naturellement, instinctivement et superbement : à gauche, dans l’axe, à droite, coups d’épaule, accélérations, petit pont, grand pont, fautes tactiques, crochets, retours défensifs et possibles passes décisives. Sans concrétiser, toutefois. Chose que fait Valbuena, qui confirme à nouveau sa facilité à simplifier les choses pour les Bleus. Mobile, vif et engagé (quoique très timide lors de la première demi-heure), le Marseillais fluidifie la circulation des Bleus comme personne. Une-deux, appels immédiats, déplacements : la recette est connue.

Face à l’Espagne, son entrée et celle de Sissoko à droite avaient renversé le match. Mais face à l’Allemagne, la solution ne peut pas toujours venir d’Angleterre. Quatre-vingt minutes inégales pour le Magpie, qui a su donner de la profondeur (dans l’axe et à droite) et de la verticalité, sans toutefois réussir à nous faire comprendre son rôle exact : pas vraiment ailier, pas vraiment relayeur. Plutôt joker, donc ? À leurs côtés, l’infatigable Matuidi continue sur sa lancée et apporte toujours plus de verticalité, tandis que le discret Cabaye se contente de bonifier certains ballons dans le jeu long. Derrière, Lloris et Sakho-Koscielny donnent une agréable sensation de solidité, malgré la « décontraction défensive » d’Évra à gauche.

Didier Deschamps ajuste, et Mesut Özil régale

Menés par Ribéry et Valbuena, les Bleus changent d’approche défensive à partir de la 35e minute. Fini le pressing embryonnaire, et retour à la combinaison classique « défense basse, milieu assis profondément, contre-attaques » . L’Allemagne est male à l’aise, la France devient dangereuse. Valbuena marque. De la tête. La France est en train de prendre le contrôle quand Capoue commet l’irréparable. Rien à faire, rien à redire. Malheureusement, le manque de confiance logique du Toulousain handicape par la suite le milieu bleu. Heureusement, Mario Gómez sort. On se rend compte alors de l’importance cruciale de la présence d’un avant-centre pour une animation offensive : sans repère, sans 9 pour orienter et diriger indirectement le jeu, les Allemands pédalent dans le vide.

Viennent alors dix minutes de temps fort Bleu : la Mannschaft s’engouffre dans le piège français, la France contre-attaque, s’apprête à faire mal, mais laisse passer l’occasion. Les Bleus ont su prendre le match à leur compte, mais il a manqué un but. Benzema est clairement hors du coup. Et Özil décide de signer un chef-d’œuvre de « passe de la mort » à la Guti. Comme l’affirmera plus tard Deschamps : « On s’est fait transpercer parce qu’Özil restait entre la défense et le milieu » . Avec Matuidi à la place d’un Capoue au mauvais endroit au mauvais moment, et un peu plus de Giroud, cela aurait pu mieux tourner.

Totò Schillaci, pour une nuit éternelle

Par Markus Kaufmann

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