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Les leçons à tirer du sacre de l’Espagne

Par Léo Tourbe
4 minutes

Sacrée championne d’Europe ce dimanche à Berlin en venant à bout de l’Angleterre (2-1), l’Espagne a survolé la compétition. C’est déjà le moment de tirer les conclusions de la victoire de la Roja.

Les leçons à tirer du sacre de l’Espagne

⇒ Le plus beau peut gagner

Comme dans les films hollywoodiens, le plus beau des acteurs a cette fois eu le bon rôle. Cela faisait bien dix ans, depuis le sacre de l’Allemagne en 2014 au Brésil, que l’équipe qui déployait le jeu le plus chatoyant n’avait pas été sacrée. Ce dimanche, à Berlin, les Espagnols ont enfin brisé la malédiction et montré qu’on pouvait aller au bout d’une compétition sans développer un jeu restrictif, qui met la perméabilité de la défense comme élément central du projet. Bien sûr la charnière espagnole a été presque impeccable, mais ce n’est pas le tandem français Aymeric Laporte-Robin Le Normand que l’on retiendra. En tout cas, pas en premier. Le milieu, emmené par Rodri, Fabián Ruiz et Pedri puis Dani Olmo, au top de leur forme, a dominé son sujet, et permis à une attaque de feu, la meilleure de l’histoire de l’Euro (15 buts), de massacrer ses adversaires. La Roja n’a pas attendu, a pris le risque de se découvrir par moments et a même encaissé un but sur chacun de ses matchs à élimination directe. Pas grave, parce qu’elle a toujours su marquer. N’est-ce pas, les Bleus ?

⇒ Faire confiance à un formateur

Avant de succéder à Luis Enrique sur le banc ibérique après la Coupe du monde 2022, Luis de la Fuente n’avait pas vraiment un CV digne de certains de ses confrères sélectionneurs des plus grandes nations. Le divin chauve, qui n’aime pas qu’on le lui rappelle, est issu de la fédération, où il se balade de catégorie en catégorie depuis 2013. D’abord les U19, avec qui il a gagné l’Euro en 2015 en compagnie de Rodri et de Mikel Merino, puis les Espoirs, qu’il a aussi emmenés sur le toit de l’Europe en 2019, toujours avec Merino mais aussi avec Mikel Oyarzabal, Fabián Ruiz, Unai Simón et Dani Olmo. En 2021 aux Jeux olympiques de Tokyo, il a ramené la médaille d’argent, encore avec un paquet de joueurs qu’il a retrouvé chez les A, comme Marc Cucurella, ou Pedri. Il connaît donc certains de ses hommes depuis près de dix ans, ce qui lui facilite la tâche. Un bon sélectionneur n’a donc pas forcément besoin d’avoir un parcours glorieux pour réussir à mener son équipe très loin, et placer quelqu’un qui connaît ses joueurs sur le bout des doigts depuis leurs plus jeunes années est un pari qui peut s’avérer payant.

⇒ L’état de la fédération n’empêche pas forcément la victoire

Secouée depuis plus d’un an, la fédération espagnole n’a pas empêché son équipe féminine d’être sacrée championne du monde en 2023, et son équipe masculine d’être championne d’Europe cette année. L’instance dirigeante du fútbol a beau être un joyeux bordel, ses sélections n’ont pas semblé être affectées par la situation. Cela peut aussi vouloir dire que, auréolée par ces deux victoires majeures, la fédé ne compte pas se remettre en question tout de suite, et va continuer à plomber le pays. En France, on connaît bien la situation, le sacre de 2018 n’ayant pas poussé à un changement profond de la FFF. Et on est en train d’en payer le prix.

⇒ Ne pas hésiter à nationaliser des joueurs

Quand on voit comment la charnière Laporte-Le Normand a résorbé un trou béant en défense centrale, peut-être que certains pays majeurs pourraient imiter la Roja et nationaliser des joueurs importants à des postes en galère. Par exemple : il ne veut pas récupérer le numéro 9 de l’équipe de France, Jonathan David ?

⇒ Impossible de perdre face aux Anglais

Toujours pas de titre de champion d’Europe pour l’Angleterre, qui n’a plus gagné de tournoi majeur depuis la Coupe du monde 1966. Une éternité. Les Three Lions sont maudits et ne semblent pas capables de briser la malédiction avant un moment. Honte au pays qui laissera les Anglais enfin gagner quelque chose. En espérant que ça n’arrive jamais.

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